©beurk.com
Deux chercheurs de l’Inra de France ont récemment publié dans Sustainable agriculture review,
une étude portant sur l’ensemble des coûts associés à l’usage de
pesticides. Au-delà de bénéfices reconnus, comme de hauts rendements ou
une protection sanitaire élevée, cet usage comporte aussi de nombreux
coûts, bien supérieurs à la seule valeur économique des produits
utilisés. Selon les auteurs, l’évaluation de l’ensemble de ces coûts
« externes » et cachés est donc nécessaire, pour estimer leurs bénéfices
nets.
En s’appuyant sur 61 articles scientifiques, quatre grands types de coûts ont été identifiés :
- réglementaires : coûts de contrôle des produits, de suivi de la qualité de l’eau, etc. ;
- en matière de santé publique : coûts d’exposition directe et indirecte, ponctuelle ou de long terme ;
- les effets sur l’environnement : dommages aux animaux, plantes et micro-organismes, résistances des ravageurs aux pesticides ;
- les dépenses dites
« défensives » : effectuées pour se protéger des effets néfastes des
pesticides ; elles vont de l’achat de gants de protection, à celui d’eau
minérale ou de produits issus de l’agriculture biologique.
Derrière ces quatre
catégories, se cache une très grande hétérogénéité des travaux réalisés,
autant par le champ étudié que par la zone géographique concernée, les
méthodes employées, la date de réalisation etc. Autant d’éléments qui
rendent très difficile l’agrégation des valeurs recensées pour, in fine,
réaliser une évaluation coûts-bénéfices de l’usage des pesticides.
Cette difficulté est inhérente aux travaux de méta-évaluation
économique, qui plus est lorsqu’il s’agit de coûts « cachés », non
directement exprimés dans un prix de marché par exemple. Les auteurs ont
néanmoins proposé une telle évaluation pour les États-Unis.
Toutefois, la rigueur
et l’exhaustivité nécessaires à un tel travail présentent l'intérêt de
mettre en lumière l’ensemble des effets de l’usage des pesticides, dont
certains sont très peu étudiés. Il en est ainsi, par exemple, de l’effet
sur la santé de l’exposition chronique de long terme à de faibles doses
de pesticides, qui, selon les auteurs, nécessiterait des travaux à
brève échéance.
Clément Villien, Centre d'études et de prospective
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire