Publié le 10-11-2014 Par Sciences et Avenir avec AFP
La Xylella fastidiosa a déjà
fait des ravages en Italie. Elle menace désormais la Corse où on évoque
des mesures de confinement pour empêcher la circulation des végétaux.
La Corse est en alerte. L'île veut protéger ses oliviers contre une bactérie tueuse venue d'Italie, la
Xylella fastidiosa. Elle a déjà fait des ravages dans les Pouilles et menace tout le verger méditerranéen !
La
Xylella fastidiosa provoque le dépérissements des
oliviers, mais aussi de quelque deux cents espèces végétales, comme le
lierre et le laurier rose, en se transmettant par l’intermédiaire
d’insectes piqueurs-suceurs, tels que la cicadelle.
MÉTHODE. La présence de la bactérie dans l’arbre ne
se manifeste qu'au bout de plusieurs mois, selon la Direction régionale
de l'agriculture et de la forêt. Elle attaque d’abord à la cime du
feuillage, puis descend progressivement vers le tronc pour infecter
l’arbre en entier, mais aussi les arbres voisins.
Dans les Pouilles italiennes "la situation n'est plus sous contrôle"
L'alerte a été lancée à la fin de l'été 2014 par des oléiculteurs
soutenus par la coalition nationaliste Femu a Corsica (Faisons la Corse)
et informés des ravages de la bactérie dans les Pouilles.
Quelque 30.000 hectares d'oliveraies ont déjà été détruits dans cette région méridionale de la péninsule.
Selon Saveriu Luciani, élu de Femu à l'Assemblée de Corse, qui a
participé, fin octobre, à un symposium sur la bactérie à Galliopoli
(Pouilles),
"50 millions d'oliviers risquent de mourir en Italie et le fléau menace toute l'Europe méridionale".
À la différence de l'infestation du cynips, venue de
Chine,
qui ravage la châtaigneraie insulaire, les pouvoirs publics se sont
rapidement mobilisés pour mettre en œuvre des mesures de prévention en
contrôlant notamment l'importation de végétaux.
Avec le concours des chambres régionales d’
agriculture, la surveillance a été renforcée, en particulier dans les pépinières.
CONFINEMENT. Des arrêtés des préfets de Corse-du-Sud
et de Haute-Corse ont prévu des mesures complémentaires de contrôle sur
les végétaux introduits par voie maritime et aéroportuaire et sur les
lieux de ventes fixes et itinérants. Est notamment visée la vente sur le
domaine public, notamment à l'encontre de nombreux marchands non
déclarés venus de Sardaigne et d'
Italie continentale et installés le long des routes corses.
Une première suspicion avait été écartée après analyses, en mars
2014 dans l'île où les services de l’État et les professionnels restent
vigilants face à tout dépérissement suspect de végétaux.
"A ce jour, aucune anomalie n'a été constatée lors des contrôles
portuaires et les analyses réalisées sur des prélèvements effectués au
sein des établissements visités se sont révélées négatives", a indiqué la préfecture de Corse, précisant avoir renforcé ces mesures la mi-septembre.
Bruxelles appelé à la rescousse
Responsable des filières végétales auprès de l’ l'Office de
développement agricole et rural de la Corse (ODARC), Daniel
Sainte-Beuve, présent au symposium de Gallipoli, estime que
"la situation dans les Pouilles n’est plus sous contrôle". "Les autres régions italiennes sont menacées, ajoute-t-il, et, à terme, très probablement, l'ensemble du bassin méditerranéen."
Ce spécialiste a expliqué
au site Corse Net Info que
"les mesures pour tenter d’éradiquer l’épidémie sont sans doute trop tardives et insuffisantes".
"Il
semble illusoire, selon M. Sainte-Beuve, d’espérer venir à bout de la
Xylella sur le territoire où elle s'est installée (...) d’autant que le
premier transporteur de la maladie est l’homme, par le biais des moyens
de communication et des échanges commerciaux".
Estimant que la Corse est
"très exposée", il ajoute que
"ce n’est qu'une question de délai et la seule solution serait de geler la circulation des végétaux" en imposant une sorte de
"blocus".
Pour M. Luciani,
"les arrêtés préfectoraux sont insuffisants" en raison notamment du trop grand nombre de points d'entrée en
Corse. Et l'élu nationaliste de préconiser
"une volonté politique affirmée des élus corses envers Paris et Bruxelles".
La
Commission européenne
a déjà décidé cette année de renforcer la surveillance et de mettre en
œuvre au plan européen, les restrictions de mouvement des végétaux.
Elle a instauré un statut de "zone protégée" dans certaines régions
dans lesquelles le contrôle repose sur des passeports phytosanitaires
délivrés aux pépiniéristes producteurs par les autorités compétentes,
des contrôles réguliers sur le terrain et la surveillance du territoire.
Source: http://www.sciencesetavenir.fr/