10/02/2015
| par Frédéric Hénin
|
Terre-net Média
Faute de techniques de conduite de troupeaux appropriées, la plupart des
éleveurs algériens ne rentabilisent pas l'achat des broutards français
importés reconnus pour leur excellente qualité bouchère. Selon une étude
de l'Institut de l'élevage "Les filières bovines en Algérie - le
développement local ne tarit pas le besoin des importations", l'essor
des exportations françaises reposera sur la professionnalisation de
l'engraissement avec des élevages algériens performants.
n
Algérie, le taux d’autosuffisance en viande bovine est de 55 % contre
seulement 45 % pour le lait dont le développement de la production est
une priorité pour les années à venir. La viande bovine et les animaux
vivants ne représentent que 4 % des importations de produits agricoles
et agroalimentaires opérées par l’Algérie. Mais elles sont appelées à
croître fortement en raison de l’appétit croissant des consommateurs et
de la pression démographique.
A ce jour, les
importations
sont des carcasses originaires d’Inde (85 %) et du Brésil (15 %) ou des
animaux vivants de France et d’Espagne essentiellement (environ 50.000
têtes au total).
Le
prix des animaux importés n’est pas le seul élément déterminant pour expliquer l’origine des animaux et des viandes importées.
Des performances bouchères incontestables...
Les
carcasses originaires d’Inde sont très bon marché. Mais les Algériens,
soucieux des conditions d’abattage (halal, sexe des animaux), et
conscients du manque d’équipements pour garantir une chaîne du froid
sans rupture, préfèrent des animaux vivants destinés à être abattus près
des lieux de
consommation,
comme le sont les bovins élevés localement. Par ailleurs, les Algériens
portent une grande importance à la valorisation du cinquième quartier.
Dans ces conditions,
les importations d’animaux vivants
prêts à être abattus ou de broutards pour l’engraissement perdureront
et sont même appelées à se développer. Avec 40.000 têtes de bétail
commercialisées, la France est à ce jour le premier exportateur
d’animaux. Les qualités bouchères des jeunes bovins sont très
appréciées. Mais, chers à l’achat, ils peinent à être valorisés dans la
plupart des
élevages algériens où les techniques de
production sont peu performantes. Et le prix de la viande n’est pas
particulièrement plus élevé que celle des autres races locales.
Les
animaux espagnols, moins onéreux et plus facilement importables et
vaccinables contre l’Ibr, sont plus adaptés aux conditions d’élevage
mais les gains de croissance sont plus faibles.
...Mais insuffisamment valorisables
A l’avenir, l’essor des
exportations de jeunes bovins français
reposerait en fait sur le développement, en Algérie, d’une filière
d’engraissement performante en mesure de valoriser des broutards achetés
par les éleveurs 2.000 € l’unité. Les droits de douane et la Tva
renchérissent les prix. Le cours de dollar ne devrait plus en revanche
être pénalisant dans les prochains mois.
La production de
viande bovine a crû de 60 % entre 1990 et 2013 mais pas suffisamment
pour répondre à l’appétit des Algériens. Pourtant le gouvernement verse
des aides, jusqu’à 500 € par animal gardé jusqu’à 18/24 mois.
Mais
l’Algérie donne la priorité à la production de lait. Celle-ci reposera
d’abord sur une augmentation des rendements et non sur un accroissement
des effectifs de vaches. Aussi, la production de viande bovine restera
en Algérie un sous-produit de la collecte de lait avec des animaux qui
n’auront pas de caractéristiques bouchères particulières ; mais
toutefois suffisantes, faute de conduite technique adaptée pour les
engraisser.
Le croisement industriel est peu fréquent et les
femelles en âge de produire du lait ne peuvent être abattues, ce qui
réduit d’autant le nombre d’animaux disponibles.
Chute de la rente pétrolière
L’élevage
de bovins viande est concentré dans le nord du pays dans des
exploitations extensives, qui pratiquent majoritairement la
transhumance.
Les éleveurs fournissent des jeunes bovins pour
être engraissés dans des exploitations mixtes lait + viande de plus
grande dimension où seront produits des animaux de 300 kg de carcasse.
Les bêtes de plus de 400 kg de carcasse sont issues d’ateliers d’
engraissement spécialisés comparables à ceux qui existent en France.
Jusqu’à
récemment, la rente pétrolière permettait à l’Algérie de se procurer
sur le marché international les produits que le pays n’était pas en
mesure de produire localement. Mais la chute des prix des produits
pétroliers pourrait rendre insupportable le coût de ces importations (de
8 milliards d’euros, 19 % des achats du pays). Et pourtant, ce sont
essentiellement des matières premières : des céréales (2,5 Mds d’€) et
des produits laitiers (1,1 Md d’€).
N.B : D'après "Les filières bovines en
Algérie - le développement local ne tarit pas le besoin des
importations" de l'Idele - Institut de l'élevage.