Publié le 24 juillet 2015
Mauvaise nouvelle. Selon le site d’information « Corse net info », un cas positif de Xylella fastidiosa a été relevé ce mercredi en Corse-du-Sud sur des plants de polygale à feuille de myrte ("polygala myrtifolia"), dans une zone commerciale de la commune de Propriano. Un prélèvement, réalisé le 20 juillet par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON), transmis au laboratoire de référence de l'ANSES, s'est révélé positif.
Les agriculteurs, notamment les oléiculteurs, de l’Île de Beauté redoutaient de voir arriver la bactérie "serial killer" d’oliviers sur leurs terres : hélas, c’est chose faite. Ce n'est pas faute d'avoir été dûment avertis par l'eurodéputé écologiste José Bové et son père, Joseph-Marie. Ce dernier, chercheur girondin et ancien directeur de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra France) à Bordeaux, est spécialiste de la Xyllela depuis 20 ans.
Qui est Xylella fastidiosa ?
Trompeur, le joli nom de "Xylella fastidiosa" désigne une redoutable bactérie tueuse qui a déjà détruit des milliers d’oliviers multiséculaires en Italie. Présente aussi en Amérique du Nord, où elle a dévasté les vignobles du sud des Etats-Unis dans les années 1990, en Amérique centrale et du Sud, au Japon, en Turquie et au Kosovo, elle fait dépérir les végétaux auxquels elle s'attaque. Elle se propage par de minuscules insectes volant, les cicadelles et les cercopes des prés, qui la transmettent aux végétaux en l’injectant lorsqu’ils se nourrissent de leurs feuilles. Le gros problème, c’est qu’aucun remède n'a jusque là été trouvé pour la contrer. Plus de 309 espèces végétales sont concernées dont les pêchers, les cerisiers, les amandiers, les romarins et les lauriers, et elle constitue aussi une menace pour les vignes et agrumiers européens qui pourraient devenir des plantes d'accueil.
Mondialisation
Selon l'Institut agronomique méditerranéen (IAM) basé à Bari, la Xyllela est arrivée en Italie via des plants de caféiers ornementaux en provenance du Costa Rica. Le dépérissement de milliers d’oliviers a commencé en 2010, autour de Gallipoli, dans les Pouilles, l'une des premières régions productrices d'huile d'olive au monde, également riche en vignes et en fruits, puis s’est étendu plus au nord, près de Lecce en 2013. En mars dernier, selon les expertises menées jusque là, "au moins 10% des quelque 11 millions d'oliviers de la province de Lecce" étaient touchés par la maladie qui avait dépassé Brindisi.
Corse et Languedoc-Roussillon
En France, Xyllela inquiète particulièrement deux grandes régions, la Corse, proche des côtes italiennes, qui a relancé dans les années 80 sa production d'olives tombée en désuétude (photo ci-contre), et le Languedoc-Roussillon, grande région arboricole du sud. Le pays a entamé, au printemps 2014, une campagne de surveillance et de prévention qu’il a renforcée au début du mois d'avril dernier pour se protéger, en interdisant unilatéralement l'importation de végétaux en provenance des zones infestées. Une mesure qui ciblait de fait directement les productions agricoles des Pouilles. Trop tardive ? La maladie a mis le pied dans l’Hexagone le 15 avril, où un plant de caféier infecté était identifié chez un revendeur de Rungis, près de Paris.
L’Europe et la bactérie tueuse
En mars 2015, les élus européens de la commission agriculture relayaient l'inquiétude notamment affichée par la France, l'Espagne et le Portugal, qui réclamaient un tel durcissement des règles de prévention. "Il faut aller beaucoup plus vite pour empêcher la circulation des végétaux" vecteurs, plaidait alors l'écologiste français José Bové, au Parlement européen, en affirmant que la bactérie avait déjà été découverte dans "des oliviers d'ornement vendus dans des grandes surfaces en Corse". Selon lui, la lutte contre la peste végétale était "une urgence absolue pour l'Europe.
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Mauvaise nouvelle. Selon le site d’information « Corse net info », un cas positif de Xylella fastidiosa a été relevé ce mercredi en Corse-du-Sud sur des plants de polygale à feuille de myrte ("polygala myrtifolia"), dans une zone commerciale de la commune de Propriano. Un prélèvement, réalisé le 20 juillet par la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (FREDON), transmis au laboratoire de référence de l'ANSES, s'est révélé positif.
Les agriculteurs, notamment les oléiculteurs, de l’Île de Beauté redoutaient de voir arriver la bactérie "serial killer" d’oliviers sur leurs terres : hélas, c’est chose faite. Ce n'est pas faute d'avoir été dûment avertis par l'eurodéputé écologiste José Bové et son père, Joseph-Marie. Ce dernier, chercheur girondin et ancien directeur de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra France) à Bordeaux, est spécialiste de la Xyllela depuis 20 ans.
Qui est Xylella fastidiosa ?
Trompeur, le joli nom de "Xylella fastidiosa" désigne une redoutable bactérie tueuse qui a déjà détruit des milliers d’oliviers multiséculaires en Italie. Présente aussi en Amérique du Nord, où elle a dévasté les vignobles du sud des Etats-Unis dans les années 1990, en Amérique centrale et du Sud, au Japon, en Turquie et au Kosovo, elle fait dépérir les végétaux auxquels elle s'attaque. Elle se propage par de minuscules insectes volant, les cicadelles et les cercopes des prés, qui la transmettent aux végétaux en l’injectant lorsqu’ils se nourrissent de leurs feuilles. Le gros problème, c’est qu’aucun remède n'a jusque là été trouvé pour la contrer. Plus de 309 espèces végétales sont concernées dont les pêchers, les cerisiers, les amandiers, les romarins et les lauriers, et elle constitue aussi une menace pour les vignes et agrumiers européens qui pourraient devenir des plantes d'accueil.
Mondialisation
Selon l'Institut agronomique méditerranéen (IAM) basé à Bari, la Xyllela est arrivée en Italie via des plants de caféiers ornementaux en provenance du Costa Rica. Le dépérissement de milliers d’oliviers a commencé en 2010, autour de Gallipoli, dans les Pouilles, l'une des premières régions productrices d'huile d'olive au monde, également riche en vignes et en fruits, puis s’est étendu plus au nord, près de Lecce en 2013. En mars dernier, selon les expertises menées jusque là, "au moins 10% des quelque 11 millions d'oliviers de la province de Lecce" étaient touchés par la maladie qui avait dépassé Brindisi.
Corse et Languedoc-Roussillon
En France, Xyllela inquiète particulièrement deux grandes régions, la Corse, proche des côtes italiennes, qui a relancé dans les années 80 sa production d'olives tombée en désuétude (photo ci-contre), et le Languedoc-Roussillon, grande région arboricole du sud. Le pays a entamé, au printemps 2014, une campagne de surveillance et de prévention qu’il a renforcée au début du mois d'avril dernier pour se protéger, en interdisant unilatéralement l'importation de végétaux en provenance des zones infestées. Une mesure qui ciblait de fait directement les productions agricoles des Pouilles. Trop tardive ? La maladie a mis le pied dans l’Hexagone le 15 avril, où un plant de caféier infecté était identifié chez un revendeur de Rungis, près de Paris.
L’Europe et la bactérie tueuse
En mars 2015, les élus européens de la commission agriculture relayaient l'inquiétude notamment affichée par la France, l'Espagne et le Portugal, qui réclamaient un tel durcissement des règles de prévention. "Il faut aller beaucoup plus vite pour empêcher la circulation des végétaux" vecteurs, plaidait alors l'écologiste français José Bové, au Parlement européen, en affirmant que la bactérie avait déjà été découverte dans "des oliviers d'ornement vendus dans des grandes surfaces en Corse". Selon lui, la lutte contre la peste végétale était "une urgence absolue pour l'Europe.