mercredi 22 juillet 2015

Lutte contre le carpocapse : la guerre des odeurs est déclarée

Publié le 16/07/2015 Par Sebastián Escalón pour Inra

Des chercheurs ont découvert dans l’antenne du papillon le récepteur de l’ester de poire, odeur qui guide le carpocapse vers les fruits sur lesquels il pond ses œufs. Ceci permettra de mettre au point des nouvelles méthodes de lutte contre ce papillon nuisible qui soient respectueuses de l’environnement.




 Quoi de plus désagréable que de croquer une pomme et de se rendre compte après-coup qu’un ver y logeait ? Le carpocapse, petit papillon qui dépose ses œufs sur les fruits à pépins (pommes et poires), pose un véritable problème pour les producteurs de fruits. Nombre d’entre eux voient chaque année une partie de leur récolte transformée en gruyère par les vers. Comment faire face à ce nuisible lorsque l’on est sous label bio ou que l’on cherche à diminuer son usage d’insecticides ? Une équipe franco-italo-suédoise et qui inclut l’Inra cherche de nouvelles solutions respectueuses de l’environnement en étudiant l’odorat du papillon. En effet, en jouant sur les odeurs, on pourrait les désorienter et les empêcher de trouver les fruits défendus.

La guerre des odeurs

Il existe déjà des méthodes de lutte contre le carpocapse basées sur des odeurs ou des phéromones. Ces méthodes sont en œuvre chez de nombreux producteurs. Elles ont néanmoins une très grande marge d’amélioration. « Les méthodes utilisées sont assez chères à mettre en œuvre et les molécules ne sont pas optimisées. Pour améliorer ces méthodes, nous devons connaître les récepteurs qui détectent les odeurs », indique Emmanuelle Jacquin-Joly, du laboratoire d’Écologie sensorielle (Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (Inra / Université Paris VI).
Le carpocapse sent les odeurs grâce aux 60 à 70 types de récepteurs olfactifs placés sur ces antennes. Pour identifier les récepteurs les plus intéressants pour perturber l’orientation des papillons, les scientifiques ont tout d’abord cherché dans l’ADN du papillon tous les gènes des récepteurs olfactifs. Ils en ont choisi quelques-uns qu’ils ont implantés dans l’ADN de drosophile, la mouche à vinaigre, afin de mieux les étudier. Ensuite, en exposant ces mouches à des odeurs de fruit et des phéromones, ils ont pu déterminer les molécules spécifiquement captées par ces récepteurs. 



C’est ainsi qu’ils sont parvenus à identifier le récepteur olfactif de l’ester de poire. Malgré son nom, cette molécule est tout aussi bien relâchée par les pommes. Les femelles carpocapse se laissent guider par l’ester de poire pour retrouver les fruits qui abriteront leur descendance. Cette découverte constitue donc un levier important pour mieux modifier le comportement du carpocapse.
« Grâce à l’identification de ce récepteur, l’on pourra mettre au point des molécules de synthèse non toxiques agissant de façon plus puissante que l’ester de poire sur l’odorat des papillons » explique Emmanuelle Jacquin-Joly. Ainsi, les agriculteurs pourront attirer les femelles du carpocapse hors de leur verger ou les attirer vers des pièges à glu.
Mais ce n’est pas tout. « Grâce à la structure du récepteur, on pourra de même identifier des molécules antagonistes capables de le bloquer ». Diffusés dans un champ, ces composés empêcheraient ainsi le carpocapse de sentir l’ester de poire, et donc de retrouver les fruits.
Avantage de ces systèmes de protection des vergers : ils sont parfaitement ciblés sur un seul insecte. En effet, les récepteurs olfactifs sont différents pour chaque espèce. Ainsi, ces molécules pourront perturber le comportement du carpocapse sans affecter le moins du monde les insectes bénéfiques. Les abeilles en seront reconnaissantes !



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