EcoNews le 16 mai 2016
Après l’autosuffisance en produits maraîchers, principalement la pomme
de terre et la tomate, c’est la question de la qualité et l’impact sur
la santé publique de la production agricole locale qui est pointée du
doigt.
Dans un nouveau dossier publié dans la dernière édition du Monde
Diplomatique, de nombreux chercheurs et spécialistes en la matière
tirent la sonnette d’alarme sur l’utilisation abusive de produits
chimiques dans les pratiques agricoles dans le Sud du pays. Mieux
encore, selon des témoignages recueillis dans les régions du sud, les
populations locales sembleraient bouder les tomates, les poivrons et
autres courgettes fraîches étant conscients de leur danger sur leur
santé, du fait de l’utilisation excessive de pesticides, engrais et
autres acaricides.
« Des tomates que plusieurs de nos interlocuteurs Biskris ne
mangeraient pour rien au monde, car les rendements obtenus dans la
plasticulture saharienne ne pourraient être aussi élevés sans un recours
massif aux pesticides, qui rendent ces tomates dangereuses pour le
consommateur », est-il souligné dans la publication de référence
internationale.
Il est utile de souligner que l’agriculture saharienne, en pleine
expansion ces dix dernières années, ne doit son essor spectaculaire qu’à
une utilisation renforcée de produits chimiques, comme les acaricides,
les fongicides, les désherbants, les bactéricides ou insecticides ainsi
que des engrais azotés, phosphatés et autres.
Interrogé sur ce point, Arezki Mekliche, enseignant chercheur à l’ENSA
(Ecole supérieure d’agriculture) d’El Harrach, affirme que «
l’utilisation intensive d’intrants, (engrais chimiques et pesticides)
existe aussi en Europe, [mais] elle obéit à des règles strictes, et est
en principe très contrôlée. Mais, en Algérie, ce contrôle est plus
lâche. On achète des produits génériques fabriqués en Chine ou en
Turquie, beaucoup moins chers que les produits européens, mais aussi
beaucoup moins surveillés. Surtout, les périodes minimales à respecter
entre l’utilisation du produit et la récolte ne sont pas prises en
compte, ce qui est très dangereux pour le consommateur. Ces tomates ne
pourraient d’ailleurs pas être commercialisées en Europe, car elles ne
correspondraient pas aux normes sanitaires. »
En revanche, sur le plan de la productivité, la récolte de tomate en
Algérie a atteint en 2014 un record de 10 millions de quintaux, alors
qu’en France cette production a été de 6 millions de quintaux, selon la
FAO.
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