Le mystérieux langage des arbres.
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Un livre récemment paru au Royaume-Uni, The Hidden Life of Trees, affirme
que les arbres se parlent. Mais est-ce vraiment le cas ? On pourrait
commencer par répondre en disant que les plantes échangent en effet des
informations entre elles et avec d’autres organismes, comme les
insectes.
Prenons, par exemple, les odeurs qui montent de l’herbe fraîchement
coupée ou de la sauge broyée. Certains des éléments chimiques qui
composent ces odeurs avertiront les autres plantes d’une attaque ou appelleront les insectes à les défendre. Ces effluves peuvent ainsi être considérées comme autant de cris d’alerte ou d’appels à l’aide.
Lorsque les plantes sont affaiblies par une infection ou dévorées, elles
libèrent toute une série de molécules dans l’air et autour d’elles. Après avoir
reçu ces éléments chimiques, les plantes à proximité de la même espèce, ou même
d’une espèce différente, deviennent moins vulnérables, en produisant par
exemple des toxines ou d’autres substances qui les rendent difficiles à
digérer. Ces changements ne se produisent en général pas de manière instantanée,
mais les gênes concernés réagissent bien plus vite
quand ils sont sollicités.
Il y existe aussi des preuves selon lesquelles les éléments chimiques libérés par les plantes en un lieu précis diffèrent légèrement de ceux relâchés ailleurs par la même espèce. Il semble dès lors que si les plantes parlent, elles ont même des langues et même des accents régionaux !
Il y existe aussi des preuves selon lesquelles les éléments chimiques libérés par les plantes en un lieu précis diffèrent légèrement de ceux relâchés ailleurs par la même espèce. Il semble dès lors que si les plantes parlent, elles ont même des langues et même des accents régionaux !
Plantes parlantes ?
Mais s’agit-il pour autant d’une authentique communication ? Il est
vraiment difficile de déterminer si une plante qui libère des éléments
chimiques le fait de manière intentionnelle pour transmettre des informations à
une autre plante. Je réagis moi-même aux éléments chimiques dégagés par des
oignons en train de frire… ce qui ne signifie pas pour autant que les oignons
sont en train de me parler. A-t-on affaire à de véritables messages ou est-ce
plutôt une manière opportuniste d’utiliser les informations chimiques
disponibles dans l’environnement ?
Il semble que ces signaux étaient, au départ, non un moyen d’envoyer de
l’information aux autres arbres mais d’adresser, rapidement et efficacement,
des messages à d’autres parties de la même plante. Des
ravageurs ou des infections se déplacent le plus souvent d’une branche à
l’autre. Mais un avertissement qui dirait à ces branches de se préparer à une
attaque imminente devrait parcourir tout l’arbre d’un bout à l’autre. Une
distance qui peut s’étendre sur des dizaines de mètres lorsque l’arbre est
grand.
À l’opposé, un signal voyageant dans l’air peut atteindre directement les
branches les plus exposées à l’attaque. En conséquence de quoi, ces signaux
volatiles peuvent être comme « attrapés au vol » par des plantes se
trouvant à proximité. Donc, quand des arbres répondent en intensifiant leur
système de défense, s’agit-il de communication ou du simple fait d’écouter aux
portes ?
Il s’agit certainement d’un peu des deux. Peut-être que ce système de
messagerie interne est devenu capable d’aider d’autres plantes, assez proches
pour percevoir ces signaux, étant souvent liées à l’arbre émetteur dans ce qui
ressemble à un cas classique d’évolution de sélection parentale. Toutefois, libérer de tels
composés chimiques dans l’environnement est fait sans discernement et les
autres plantes et organismes peuvent en tirer profit. Parfois, de tels signaux
peuvent même attirer les ravageurs ou les parasites. L’odeur de sauge broyée ne
protège pas la plante des hommes… bien au contraire.
Rendez-vous sous terre
Les échanges d’informations entre les plantes ne se font pas tous par voie
aérienne. La grande majorité des plantes vivent en effet de manière symbiotique
avec les champignons du sol. Et si nous avons tendance à penser que les champignons
que l’on observe en forêt sont ceux qui sont présents en surface, ceux-ci
n’émergent qu’après la reproduction. Les vrais champignons composent,
eux, un ensemble de cellules allongées qui se répandent à travers tout le tapis
forestier.
Les arbres fournissent aux champignons
du sucre et ces derniers aident les arbres à recueillir l’eau et les
éléments nutritifs du sol. De nombreuses plantes peuvent être ainsi
liées sous terre via le réseau de champignons. Parfois, lorsqu’une
plante a subi un dommage, les autres qui lui sont connectées par ce
réseau de champignons se protègent de futures attaques alors même que
d’autres, à même distance mais non connectées, ne le font pas. Ce réseau
est un autre support pour acheminer l’information. Un authentique Wood Wide Web !
Mais qui contrôle cette communication ? Les messages sont relayés par
les champignons et peut-être que ce sont ces derniers qui en tirent le
plus grand bénéfice, en collectant et en passant des informations
vitales à leur hôte ; ils peuvent ainsi veiller sur leur capital… Les
champignons aident les plantes à communiquer, soit, mais peut-être le
font-ils dans leur propre intérêt, en privilégiant certains plutôt que
d’autres, qu’ils soient ou non reliés à l’arbre qui émet le message. En
ce sens, les champignons sont un peu comme un média social, qui écoute et se sert des messages de ses utilisateurs.
Et nous revoici revenus à la question de savoir si ces exemples
concernent bien la « communication » au sens où nous l’entendons. Tout
ce qui peut amener les gens à s’intéresser à la flore est bienvenu, mais
attribuer aux arbres des qualités humaines, c’est certainement un peu
rapide. Pour ma part, ce qui m’a attiré vers la botanique concernait la
manière dont les arbres et les autres plantes s’adaptent de manière
fluide à leur environnement. Peut-être que la diffusion de ces éléments
chimiques n’est qu’un aspect supplémentaire de cette merveilleuse
faculté d’adaptation…
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