Nourrir les élevages de bétail et de poissons exige de
gigantesques terres agricoles et une part croissante de la pêche
commerciale. Les larves de mouches pourraient devenir une solution plus
écologique et économique.
Un texte de Rachel Brillant de l'émission La semaine verte
La population de la planète qui se nourrit de bétail et de poisson
est grandissante. En 2050, les produits du bétail d'élevage devraient
avoir doublé, par rapport à 2000. Déjà, 70 % des terres agricoles dans
le monde sont consacrées au bétail.
Par ailleurs, la moitié des poissons consommés dans le monde sont
élevés en pisciculture. Ils sont nourris en bonne partie de farines de
céréales et animales. Mais aussi d'huile et de farines de poissons
sauvages. Les poissons d'élevage consomment 10 % de toute la pêche
commerciale. Pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation
et l'agriculture (FAO), il y a donc urgence. Il faut trouver rapidement
une nourriture pour les poissons et les animaux d'élevage plus durable.
Moulée aux larves de mouches
Au Québec, l'Université Laval teste de nouvelles nourritures. Des
truites sont alimentées avec de la moulée de larves de mouches. Les
farines d'insectes et les farines de poissons ont des profils presque
identiques. L'Université Laval reçoit la farine d'insectes de deux
expériences d'élevages distincts.
Un premier test a lieu au Collège Montmorency, à Laval. Les mouches pondeuses sont de l'espèce Musca domestica,
la mouche domestique. La mouche elle-même ne convient pas à la
fabrication de moulée. C'est plutôt la larve qui a de la valeur. Elle
est élevée sur un fumier de vaches laitières. Les larves sont de
véritables tubes digestifs qui accumulent des ressources nutritives :
gras et protéines.
Par contre, comme la larve est le reflet de ce qu'elle ingurgite, la
farine de larves de mouches ne renferme pas d'oméga-3 ni d'oméga-6,
recherchés chez les poissons. Tout comme dans le saumon d'élevage, il
faudra prévoir un apport d'huile de poisson ou de graines de lin. Ou
encore, fournir aux larves des déchets de fruits de mer ou de poisson à
manger.
Recycler les restes de table
L'autre élevage-test est mené par le Centre de développement
bioalimentaire et le ministère de l'Agriculture du Québec. Ici, on
utilise la mouche soldat noire, Hermetia illucens. Elle présente elle aussi un taux très élevé de conversion des matières organiques putrescibles en protéines.
Les larves des soldats noires sont nourries de résidus d'épicerie.
Des fruits et légumes invendables qui au lieu d'être compostés ou jetés
ont une deuxième chance de servir de nourriture. En plus, on améliore le
profil nutritionnel des fruits et légumes. C'est ce qu'on appelle du
« surcyclage ». Par exemple, une pomme riche en glucides sera
transformée par les larves d'insectes en une farine riche en protéines,
lipides et glucides.
Les mouches et leurs larves raffolent de la matière organique
putrescible. Les larves sont d'une grande efficacité. Elles mangent tout
sauf les fibres et la cellulose.
Voyez des larves au travail, en 15 h, elles dévorent une banane et des morceaux de pomme :
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