La modélisation permet d’analyser de manière systémique les conséquences
d’une modification de la conduite d’une culture - (ph:DR)
La modélisation est couramment
utilisée dans le domaine de l’agronomie pour aider les chercheurs et les
scientifiques à mieux comprendre les liens complexes entre les actions
humaines, le contexte pédoclimatique et les réponses de l’agro
écosystème. Mais aussi dans un objectif d’aide à la décision, les
modèles permettent d’analyser de manière systémique les conséquences
d’une modification de la conduite d’une culture et d’évaluer les risques
associés à de telles modifications.
Qu’est ce qu’un modèle ?
Les textes de références en agronomie
donnent des définitions générales au mot modèle, selon Penning de Vries
et al. (1989), un modèle est généralement défini comme une
représentation ou une simplification du fonctionnement réel d’un
système. Certaines définitions s’appuient sur les formalismes
mathématiques, en effet, selon la définition du National Research
Council (1990), un modèle est une tentative systématique de traduire la
compréhension conceptuelle d’un système réel (phénomène physique,
biologique…) en des termes mathématiques.
Par ailleurs, il est composé d’un
ensemble d’équations mathématiques, appelées formalismes, constituées de
variables d’état, qui caractérisent l’état du système à différents pas
de temps mais aussi de paramètres, qui définissent l’intensité des
relations entre les variables d’état de ce système.
D’autres auteurs fondent leurs
définitions sur les interactions entre le système sol-plante-atmosphère
et les pratiques agricoles définissant ainsi les modèles de cultures.
Selon Bonhomme et al. (1995), un modèle de culture est un ensemble de
relations qui décrivent de façon simplifiée le fonctionnement du système
sol-plante en interaction avec le climat et les opérations techniques.
C’est ainsi un outil privilégié pour simuler le comportement d’une
culture et définir son niveau de production.
Typologie des modèles de culture
On distingue généralement deux types de modèles de culture qui sont les suivants:
Les modèles mécanistes: Ils
décrivent et quantifient les mécanismes et les processus qui
interviennent au niveau de la plante et du sol. Cela se fait en se
basant sur la formalisation d’hypothèses concernant le fonctionnement
physiologique et physique du système étudié.
Les modèles empiriques: Ils
décrivent quant à eux l’évolution du système au travers de relations
simplifiées entre les différentes variables sans fournir d’explications
sur le fonctionnement biologique ou physique. Les équations décrivant
les relations sont le plus souvent obtenues à partir d’ajustements
statistiques entre les différentes variables d’état mesurées.
Les modèles de cultures se situent à
l’interface des deux catégories présentées (Hammer et al., 2002). Etant
constitués d’un ensemble d’équations mathématiques formalisant les
hypothèses sur le fonctionnement du système sol-plante et regroupées par
processus, ils peuvent être considérés comme mécanistes. Cependant, ils
peuvent intégrer des relations de type empirique entre les variables
caractérisant les différents processus.
Importance de la modélisation en agronomie
Apparue dans le champ de l’agronomie il y
a 25 ans avec les travaux de de Wit (1978) sur la photosynthèse et la
respiration, la modélisation y occupe aujourd’hui une place conséquente.
Profitant ainsi des possibilités ouvertes par le développement de
l’informatique, elle est devenue l’outil incontournable qui permet de
connaître, et de comprendre les mécanismes impliqués dans la production
des cultures et d’en inventer de nouvelles techniques. En effet, la
simulation à travers les modèles de cultures offre d’une part
l’opportunité d’extrapoler les connaissances acquises par un petit
nombre d’expérimentations à une plus large gamme de conditions.
D’autre part, elle permet de quantifier
simultanément les effets de différents facteurs sur les performances du
système étudié (Boote et al., 1996). Elle offre aussi la possibilité
d’explorer une gamme plus vaste de situations dans un intervalle de
temps restreint (Semenov et al., 2009). En outre, les modèles sont des
outils qui donnent l’accès à une diversité d’indicateurs difficilement
accessibles par expérimentation telles que les flux de solutés ou de
composés gazeux. Ils permettent aussi d’appréhender des évolutions à
très long terme de systèmes de culture.
Les qualités les plus recherchées dans un modèle de culture
Afin de fournir des réponses pertinentes
aux questions posées, le développement d’un modèle de culture doit
aboutir à l’obtention d’un modèle présentant certaines caractéristiques
parmi lesquelles on cite les suivantes:
Des variables d’entrées et de sorties accessibles et adaptées à la question traitée: La
première condition nécessaire consiste à l’accessibilité des variables
d’entrées à l’utilisateur. Leur accès peut être direct par la mesure ou
indirect grâce à des modules spécifiquement construits qui transforment
des variables disponibles en entrées du modèle. Mais aussi les variables
de sorties qui doivent être pertinentes pour l’utilisation prévue du
modèle.
Ainsi la facilité d’appropriation du
modèle par un utilisateur n’ayant pas participé à sa conception est
essentielle: Un acteur utilise d’autant mieux un modèle qu’il en
maitrise son contenu. Par ailleurs un modèle trop complexe qui nécessite
un temps d’apprentissage long a moins de chance d’être utilisé. Un
autre critère important est la capacité du modèle à prendre en compte
tous les effets de la technique que l’on cherche à raisonner y compris
les effets indirects. Sans cette condition, les solutions proposées ne
résistent pas à la mise en oeuvre pratique.
Sensibilité et robustesse: Pour
donner des réponses pertinentes aux questions posées, les modèles
utilisés doivent être sensibles aux techniques que l’on veut piloter et
aux conditions du milieu qui influent sur l’efficience de ces
techniques. En d’autres mots, la sensibilité fait référence à la
capacité du modèle à modifier la valeur prédite d’une variable d’état en
réponse à la variation d’une ou de plusieurs opérations techniques ou
conditions pédoclimatiques. Confalonieri et al.(2010) considèrent qu’un
modèle est robuste dans la mesure où ses performances utilisées dans de
nouvelles conditions sont similaires à celles utilisées dans les
conditions ayant servi à son développement.
Qualité prédictive et qualité décisionnelle: Pour
aider à prendre une bonne décision, des méthodes pour évaluer la
qualité décisionnelle des modèles se sont développées ces dernières
années. Elles devraient aider les utilisateurs futurs à porter un regard
critique sur l’intérêt des modèles disponibles. Ces méthodes aident par
exemple à juger la pertinence du modèle, à classer correctement une
gamme de scénarios techniques testés et à identifier celui qui donne les
meilleurs résultats. Quant à la qualité prédictive, elle fait référence
à la capacité du modèle à obtenir par simulation des valeurs proches
des valeurs obtenues par expérimentation.
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