La production française de blé dur biologique utilisé pour la fabrication des pâtes est limitée par le manque de variétés adaptées alors que la demande ne cesse de croitre. Pour lever les freins de cette production exigeante, des agriculteurs, collecteurs, transformateurs, consommateurs et chercheurs de l’Inra se sont réunis autour d’un programme de sélection participative. Ensemble, ils sont parvenus à obtenir les premières variétés de blé dur biologique répondant aux attentes des industriels semouliers et adaptées aux besoins de la filière artisanale en circuit court.
La sélection participative est une
démarche visant à favoriser la collaboration entre agriculteurs,
chercheurs et acteurs des filières pour développer des variétés mieux
adaptées à la diversité de leurs attentes, à celle des terroirs et des
conditions d’utilisation. Ainsi, en 2001, des agriculteurs ont fait
appel à l’Inra pour accéder aux ressources génétiques et engager un
programme d’évaluation et de sélection variétale de blé dur biologique.
En effet, les variétés sélectionnées pour une agriculture
conventionnelle permettant l’apport d’engrais chimiques, atteignent
difficilement, en conditions d’agriculture biologique, un taux de
protéines suffisant pour être transformées en semoule puis en pâtes. Un
premier diagnostic participatif a permis d’élaborer collectivement
différents cahiers des charges, adaptés à chacune des filières et
favorisant leur durabilité. Les chercheurs de l’Inra ont mis à
disposition des agriculteurs une gamme de ressources génétiques et les
ont accompagnés dans les étapes de sélection et d’évaluation sur leur
ferme en fonction de leurs besoins et contraintes.
Agronomes,
écophysiologistes, généticiens, sociologues… l’interdisciplinarité des
chercheurs impliqués dans les interactions aux côtés des professionnels a
permis de recueillir et de prendre en compte une large diversité de
critères de sélection. Régulièrement des visites de terrain aux stades
clés de la culture ont été l’occasion d’échanges où l’expertise et les
compétences ont fait évoluer le projet. Avant et après la récolte, les
caractéristiques retenues ont été pour certaines communes, pour
d’autres, différentes selon les attentes et projets des acteurs. Ainsi,
dans la filière artisanale, au-delà du taux de protéines, la typicité
des goûts recherchée en circuit court a émergé comme un critère
important : un critère qui a aussi intéressé la filière
semi-industrielle.
Ce collectif a réussi en une dizaine d’années à obtenir des résultats tangibles :
- Obtention participative des premières variétés françaises adaptées aux conditions de l’agriculture biologique, à paille haute, concurrentielles par rapport aux adventices, peu sensibles aux maladies et avec un bon taux de protéines.
- Structuration de 2 filières de valorisation : artisanale/vente directe et circuits courts, semi-industrielle/filières de proximité et circuits longs.
- Création d’une association Sud blé dur AB intégrant les producteurs de blé dur du Sud de la France, collecteurs, transformateurs. Mise en place de partenariats équitables et contractualisation transparente : prix de vente juste et équitable pour chaque acteur.
- Production de références techniques sur les systèmes de grandes cultures durables
- Création d’un réseau d’évaluation national des variétés en AB pour l’inscription de variétés au catalogue national.
- Dynamiques territoriales : approvisionnement local de cantines scolaires de Toulouse et du milieu rural en pâtes issues des variétés sélectionnées par les agriculteurs, agrotourisme, ateliers cuisine et repas scolaires autour du blé dur dans l’Aude…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire