La conversion de la lumière du soleil en énergie chimique, un
processus nommé photosynthèse, est l’un des plus importants processus
biologiques sur Terre. La photosynthèse oxygénique entraîne la
libération d’oxygène et la fixation de dioxyde de carbone (CO2), elle est réalisée par les végétaux terrestres, les algues et certaines bactéries appelées cyanobactéries du fait de leur coloration bleue.
Jusqu’à présent, on ignorait l’origine du processus de photosynthèse,
apparu il y a 3,8 milliards d’années avec les premières cyanobactéries.
Dans une récente publication scientifique,
nous montrons qu’au cours de l’évolution, des organismes appartenant à
deux domaines du vivant (une bactérie et une archéobactérie) ont
contribué à la mise en place du système biologique sur lequel repose la
fixation du CO2.
Or, ces organismes ne sont pas eux-mêmes photosynthétiques.
Ce résultat, publié dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America
(PNAS), est l’aboutissement de travaux initiés il y a plus de quarante
ans. Il a pu être établi au sein d’une équipe internationale associant
l’Université de Lorraine et l’Inra France, les universités de Freiburg
(Allemagne) et de Berkeley (États-Unis).
La photosynthèse, clé de voûte des équilibres biologiques
Le CO2 fixé par les organismes doués de photosynthèse est
utilisé pour la synthèse de sucres. La photosynthèse est ainsi à
l’origine de l’essentiel de l’énergie et de la matière organique sur
Terre. Elle joue aussi un rôle clé dans le maintien constant du taux
d’oxygène et dans la réduction de la teneur en CO2, un important gaz à effet de serre, dans l’atmosphère terrestre.
L’efficacité de fixation du CO2 par les plantes
conditionne notamment les rendements des cultures agricoles. Mieux
connaître le fonctionnement et la régulation de la photosynthèse
pourrait permettre de mieux contrôler la productivité végétale.
Les enzymes, au cœur de la fixation du CO2
Dans les cellules des plantes, la fixation du CO2 fait intervenir une série enzymes constituant un cycle métabolique. Les enzymes sont des protéines
qui catalysent les réactions chimiques. Les enzymes permettent à des
réactions de se produire à des vitesses qui peuvent être des millions de
fois plus rapides qu’en leur absence. Comme toute protéine, la séquence
peptidique constitutive d’une enzyme est directement liée à la séquence
nucléotidique de l’ADN des gènes qui codent cette dernière. En d’autres
termes, chaque enzyme est codée par un gène.
Les chercheurs étudient deux de ces enzymes depuis plus de quarante ans : la fructose-1,6-bisphosphatase (ou FBPase) et la sédoheptulose-bisphosphatase (ou SBPase). Grâce à des analyses biochimiques et génétiques réalisées sur un organisme végétal, la mousse Physcomitrella patens,
nous avons mis en évidence leur structure moléculaire et leur mode
d’action. C’est ainsi que nous avons retracé l’évolution du système
photosynthétique.
Croisement génétique entre deux domaines du vivant
Bien que les deux enzymes isolées à partir de la mousse soient assez
similaires dans leur mode d’action et dans leur structure hormis
quelques détails toutefois très importants pour leur régulation, elles
sont issues d’organismes appartenant à deux domaines du vivant
différents. L’analyse de l’origine des deux gènes codant pour ces
enzymes indique que l’une provient de bactéries non photosynthétiques,
et l’autre, d’organismes ancestraux appelés Archées.
Ainsi les systèmes photosynthétiques reposent sur un assemblage de
gènes acquis à partir d’organismes plus primitifs qui ne sont pas
eux-mêmes photosynthétiques. Ces gènes se sont adaptés au fonctionnement
très particulier des organismes pratiquant la photosynthèse oxygénique.
Les précurseurs des végétaux sont apparus il y a 3,8 milliards
d’années à la faveur d’échanges génétiques inattendus. Ce nouvel
éclairage sur les origines de la photosynthèse pourrait ouvrir des
pistes pour l’amélioration du rendement des cultures agricoles.
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