Les modèles de prévision annonçant des précipitations sans précédent au XXe siècle du fait du réchauffement climatique étaient partiellement défectueux, indique une étude, suscitant des interrogations quant aux méthodes utilisées pour les prévisions futures.
L’analyse
des précipitations ayant marqué l’hémisphère Nord sur ces 1 200 dernières
années montre des extrêmes (de sécheresse ou de pluies) plus fortes lors des siècles
froids, bien avant que le recours aux énergies fossiles génère des
concentrations inédites de gaz à effet de serre. Une découverte problématique,
selon une étude parue mercredi 6 avril dans Nature, car ce sont les
mêmes modèles mathématiques qui sont aujourd’hui utilisés pour les projections
sur l’avenir.
« Il se
pourrait qu’il soit plus difficile de se projeter dans l’avenir qu’on ne le
pense habituellement », a dit à l’AFP Fredrik Ljungqvist, de l’Université
de Stockholm : « La vérité peut être beaucoup, beaucoup plus
compliquée. » Selon le Giec, l’autorité scientifique de référence sur le
climat, les zones arides devraient le devenir plus encore et les régions
humides gagner encore en précipitations, avec le dérèglement du climat.
Des événements climatiques liés à une « certaine
variabilité interne »
Pour autant,
les températures très élevées du XXe siècle n’ont pas forcément donné des
intempéries extrêmes, pointe l’étude. Et l’analyse de ce siècle montre des
résultats bien différents de ce que promettaient les modèles, qui annonçaient
des zones poussées à leur extrême. Ce qui veut dire qu’« une grande partie
du changement n’est pas seulement lié à la température, mais à une certaine
variabilité interne, plus aléatoire », estime M. Ljungqvist :
« Il est donc très très difficile de prévoir (les précipitations extrêmes)
avec des modèles. » Ainsi, d’après cette étude, la sécheresse a été
particulièrement sévère au XIIe siècle, siècle chaud, mais aussi au XVe, siècle
froid.
Les
chercheurs ont pu reconstituer le climat et surtout les intempéries de ces
1 200 dernières années en réunissant une équipe d’historiens, climatologues,
géographes, mathématiciens, qui ont étudié, en Europe, dans le nord de l’Asie
et de l’Amérique, des données sur les courants, le niveau des lacs, les
sédiments marins et lacustres, ou encore les cernes des arbres. Cela va
certainement « alimenter l’ardent débat » sur le lien entre
réchauffement et précipitations extrêmes, pointe Matthew Kirby, du département
de géologie de la California State University, dans un commentaire publié par Nature.
Des recherches à faire sur les modèles de prévisions
« Ces
résultats invalident-ils les modèles actuels de prévision ? Certainement pas.
Mais ils mettent en lumière un défi de taille pour les modélisateurs, et une
opportunité de recherche importante, » ajoute-t-il. Des extrêmes de
sécheresse et de précipitations vont de toute façon « très
probablement » se produire au XXIe siècle, ajoute James Renwick, de
l’Université Victoria, à Wellington. Ces épisodes de sécheresse ou de pluies
extrêmes font partie des nombreux impacts que les scientifiques promettent si
un frein n’est pas mis au dérèglement climatique. Autres conséquences,
l’élévation du niveau des mers, des pénuries alimentaires, ou en eau, l’essor
de maladies.
En décembre,
195 pays ont signé à Paris un accord afin de limiter en deçà de +2 °C la
hausse des températures mondiales par rapport aux niveaux d’avant la Révolution
industrielle. À ce stade, le monde a déjà gagné près de 1°C, selon les scientifiques.
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