jeudi 4 août 2016

Des pratiques innovantes pour restaurer la fertilité des sols et séquestrer le carbone

Le Cirad a présenté des pratiques agricoles mises au point avec ses partenaires au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Celles-ci améliorent la fertilité des sols et leur capacité à stocker du carbone, tout en contribuant à la sécurité alimentaire des populations. Certaines revisitent des savoirs paysans ancestraux… 
 
Au Burkina Faso, les agriculteurs creusent des cuvettes sur les terres dégradées, en y ajoutant du fumier pour restaurer leur fertilité. Cette pratique traditionnelle, appelée « zaï », facilite l’infiltration de l’eau, apporte de la matière organique, et avec elle, des espèces de la flore locale. La vie biologique du sol est ainsi favorisée et celui-ci retrouve sa fertilité. Les scientifiques ont étudié et amélioré cette pratique en cherchant à réduire la pénibilité du travail de l’agriculteur. 
Ce type de pratiques traditionnelles, revisitées par la recherche agronomique, est l’un des nombreux exemples présentés par le Cirad et ses partenaires au ministre de l’agriculture français lors de sa visite en Afrique de l’Ouest fin juillet. 

C’est dans le cadre de dispositifs partenariaux (dP)* et de projets de recherche fédérateurs que les équipes franco-africaines travaillent ensemble sur les problématiques de gestion de la fertilité et des flux de carbone (recyclage des déchets, production de matière organique,…) dans différents systèmes de production agricole d’Afrique de l’Ouest, comme :
  • Le pastoralisme en zone sèche (Nord du Sénégal),
  • La polyculture-élevage (ou agro-pastoralisme) et agroforesterie en zone subhumide (Burkina Faso, Sénégal, Nord de la Côte d’Ivoire)
  • La cacaoculture en zone humide (Côte d’Ivoire),
  • Le maraîchage en zone péri-urbaine (Sénégal)
Au Sénégal , en zone péri-urbaine, le Cirad mène avec ses partenaires des expérimentations de recyclage des déchets organiques de la ville sur différents sols cultivés, en maraîchage notamment, pour remplacer les engrais minéraux. En Côte d’Ivoire , ce sont par exemple les fientes de poulet qui sont utilisées par les agriculteurs pour fertiliser les cacaoyers à grande échelle. Ces pratiques sont évaluées dans toutes leurs dimensions pour s’assurer de leur contribution à une fertilité durable des sols. La capacité de stockage de carbone des sols épandus, les émissions de gaz à effet de serre, la présence potentielle de contaminants, sont également mesurées dans le sol, l’eau et les plantes récoltées sur la station de l’Institut sénégalais de recherches agricoles à Sangalkam. 

Au centre et sud du Sénégal , en zone agro-pastorale (bassin arachidier), les recherches montrent par ailleurs qu’il est possible de réduire de moitié le bilan de gaz à effet de serre des élevages, en améliorant la ration alimentaire des animaux, en bâchant le fumier au stockage et en l’enfouissant à l’épandage. Par ailleurs, au nord du pays, en zone pastorale (ferlo), elles révèlent qu’en favorisant des pratiques agro-écologiques, les sols, les arbres et les animaux peuvent capter suffisamment de carbone pour compenser les émissions des animaux présents dans l’aire de desserte d’un forage. 

Au nord de la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso , dans les systèmes polyculture-élevage, les principales innovations, visant à accroître la séquestration du carbone dans les sols, consistent aussi à appliquer les principes de l’agro-écologie (couverture végétale, association de cultures, parcs agroforestiers…) et à pratiquer la fumure organique et à proposer des systèmes de gouvernance des ressources naturelles (charte foncière locale,…). 



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