Repéré par Lucie de la Héronnière Boire & manger Economie 11.05.2016
D'après des chercheurs de
l'université John Hopkins, l’agriculture urbaine ne peut certainement pas
nourrir tous les citadins. Par contre, elle peut créer et renforcer des
communautés urbaines.
Plantations
sur les toits, jardins dans les écoles ou cultures sur des terrains
collectifs… Les fermes citadines peuvent-elles nourrir les populations
urbaines? Quels sont les avantages et les limites de l’agriculture urbaine? C’est la question posée par un rapport publié par le Centre pour un avenir vivable de l’université John Hopkins.
Comme l’explique le site Civil Eats,
les chercheurs ont examiné 167 études sur l’agriculture urbaine (avec
des perspectives variées, socioculturelles, économiques,
environnementales, sanitaires...), menées dans des pays développés.
La bonne nouvelle, c’est que l’agriculture urbaine est liée à un
meilleur accès aux aliments frais (à faible coût), une potentielle
réduction des gaz à effet de serre, des possibilités de formation, et
surtout une implication de la communauté. «Les avantages les plus
significatifs de l’agriculture urbaine sont ses capacités à augmenter le
capital social, le bien-être de la communauté et l’engagement civique
autour du système alimentaire», souligne le rapport.
Les chercheurs expliquent que les jardins deviennent surtout des lieux de vie de quartier, et que «certains
voisins de fermes urbaines discutent de l'amélioration de la communauté
avec plus d’enthousiasme que de la production de produits frais
locaux».
Petites superficies
Certains manquements sont analysés, comme l'utilisation moins
efficace des ressources ou des risques sanitaires dus aux polluants
atmosphériques. Le rapport constate aussi que les superficies restent
–logiquement– faibles, et que la consommation de produits cultivés en
ville n’a donc pas d’effet significatif sur la sécurité alimentaire.
Et ce n’est d’ailleurs pas le but premier des participants... En
pratique, les produits issus des fermes urbaines servent plutôt à
compléter l'alimentation des gens. Les chercheurs mettent par exemple en
avant une étude signalant que si on transformait tous les terrains
vacants à New York en fermes urbaines, on pourrait nourrir entre 103.000
et 160.000 habitants, soit une toute petite proportion des 8,4 millions
d’habitants.
Tyson Gersh, co-fondateur de la Michigan Urban Farming Initiative, à
Détroit, a observé les côtés positifs, tout en admettant que
sa production est une goutte d’eau dans les besoin de la ville. Il
explique à Civil Eats son constat sur le terrain:
«Les vrais avantages de l’agriculture urbaine sont l’engagement des communautés et la revitalisation des quartiers. Nous pouvons avoir un grand impact sur un petit nombre de personnes, mais l’agriculture urbaine ne va pas mettre fin à la faim. Ce n’est pas du tout intuitif.»
Les chercheurs admettent que le rapport est basé sur des données
encore incomplètes, car c'est un champ de recherche nouveau. Beaucoup
d'aspects devront être approfondis. En attendant, pour MinnPost, Raychel Santo, auteure principale du rapport, conclut:
«L’agriculture urbaine ne suffira pas à résoudre les nombreux dilemmes de notre système alimentaire, mais elle peut faire partie d’une constellation d’interventions nécessaires pour le transformer en un système socialement plus juste, écologiquement solide et économiquement viable.»
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