La production d’eaux florales : un procédé
traditionnel en quête de qualité
Les
 eaux florales ou hydrolats, sont des matières premières aromatiques 
issues de la distillation de fleurs ou de plantes et contenant 
généralement moins de 1g/L de composés volatils leur conférant leurs 
propriétés organoleptiques. Les deux hydrolats les plus répandus à 
travers le monde sont l’eau de fleur d’oranger (Citrus aurantium L. ssp. amara L.) et l’eau de roses (Rosa damascena Miller et Rosa centifolia L.), dont les productions annuelles mondiales sont respectivement estimées à 1500 tonnes et 1000 tonnes par an (chiffres 2012, ne tenant pas compte des productions familiales locales).
Utilisées
 principalement en alimentation et en cosmétique, ces eaux florales sont
 parfois sujettes à des problèmes d’instabilité microbienne, sources de 
non-conformité pour leurs usages en industrie et donc synonymes de 
manque à gagner pour leur producteur. Les cause de ces altérations sont 
aujourd’hui relativement peu étudiées et largement méconnues.
Un microbiote dominé par quatre populations
bactériennes
Dans
 le cadre d’une collaboration avec la société Albert Vieille, 22 
échantillons d’eau de fleur d’oranger et de rose, provenant de 
différents producteurs du pourtour méditerranéen ont été analysés. La 
microflore dominante de ces produits est composée de bactéries à 
Gram-négatif, appartenant essentiellement à quatre branches 
phylogénétiques distinctes : Pseudomonas sp., Burkloderia cepacia, Rhodospirillaceae et Acetobacteraceae.
 Peu exigeantes, ces bactéries étaient capables de métaboliser 
directement certains composés de la fraction volatile ou encore 
d’utiliser pour leur croissance, les rares nutriments solubilisés dans 
les hydrolats
Les hydrolats se sont révélés très sensibles à la 
contamination microbienne, pouvant atteindre des niveaux élevés 
(jusqu’à  6 à 7 log10 CFU/ml), sans pour autant présenter 
systématiquement des signes d’altération (trouble, odeur, couleur).
  
Des pistes pour améliorer la stabilité des eaux
florales
L’origine
 des contaminations a pu être déterminée avec certitude comme provenant 
d’une contamination exogène lors des opérations de transvasement, 
d’échantillonnage ou de stockage qui se déroulent à l’air libre dans des
 contenants propres mais non stériles. La distillation (production de 
vapeur d’eau à 100°C pendant une période d’environ 4h) assure une 
certaine stérilité aux eaux florales, en sortie d’essencier. A défaut de
 mettre en place un conditionnement aseptique trop onéreux pour ce type 
de produit à faible valeur ajoutée, le conditionnement direct en sortie 
d’essencier, dans des contenants stériles, hermétiques, est une voie 
d’amélioration possible.
De même, différents stabilisants 
chimiques ont été testés, ce qui a permis l’objectivation de leur 
validation. Ces tests ont également permis d’ajuster les dosages aux 
quantités nécessaires pour assurer une fonction stabilisatrice. Restent à
 identifier des actifs antimicrobiens qui respecteraient la naturalité 
du produit et  plusieurs pistes méritent d’être examinées.
Des connaissances à l’origine de changements de
pratiques
Les
 apports méthodologiques réalisés dans le cadre de cette collaboration 
entre la société Albert Vieille et l’Inra sont multiples et laissent 
entrevoir de nouvelles opportunités de développement commercial pour la 
société. Un protocole d’évaluation de la stabilité des eaux florales 
dans différentes conditions de température, pH et durée de stockage, a 
été spécifiquement développé. Il pourra être facilement ajusté à 
différentes matrices.
Enfin, c’est l’ensemble du système qualité 
de l’usine qui a été revu et les plans de contrôle qui ont été 
entièrement réajustés pour suivre la stabilité des produits en sortie de
 production et au cours du stockage.


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