Grâce à l’informatique, le champ des possibles est immense, y compris en agriculture. Dans un futur pas si lointain, les perspectives s’ouvrent encore avec les systèmes cognitifs capables d’apprendre et d’interagir avec les humains.
Elle représente la nouvelle ère de
l’informatique. Elle va changer notre vie, y compris en agriculture.
L’informatique cognitive, ou intelligence artificielle, est en route.
Aujourd’hui, on peut mesurer de nombreuses informations grâce aux
capteurs présents un peu partout. Les ordinateurs actuels sont de
grosses calculatrices qui peuvent calculer très rapidement des quantités
importantes de données, mais ils ne sont pas vraiment en mesure de
penser et d’interagir avec les humains. Les systèmes cognitifs vont plus
loin, sont capables de collecter et traiter beaucoup d’informations
entendues, vues, senties, et d’offrir une réponse au problème.
Des réseaux de neurones
«
Basée sur des réseaux de neurones, l’intelligence artificielle devient
de plus en plus autonome. Ces systèmes apprennent par imitation puis par
renforcement. Aujourd’hui, des applications existent déjà : la
reconnaissance de l’écrit ou de la voix, l’identification biométrique
par la rétine… », a précisé Olivier Teytaud de l’Inria (organisme public
de recherche, dédié aux sciences et technologies du numérique), lors de
la 9e journée Innovations et technologies organisée par Adventiel, le
28 avril à Pacé (35). Sur la locomotion, les engins autonomes existent
déjà, les drones de livraison pourraient se développer… Pour les métiers
de manutention, on peut se poser la question de leur avenir. « Mais la
cognitique ne sait quand même pas tout faire. Par exemple, elle ne
permet pas encore de comprendre un livre, un film, de l’interpréter.
Elle ne sait pas faire face à l’inconnu. Avec peu d’essais, l’humain est
largement meilleur que la machine… »
Prévision météo ultra
locale
Reste
que ces nouveaux outils laissent entrevoir des pistes à moyen terme
pour le secteur agricole et ses filières. Ils pourraient permettre la
prévision météorologique à très petite échelle, qui prendrait en compte
des informations locales et s’améliorerait en continu en se basant sur
ces dernières. Autre application, « l’intelligence artificielle pourrait
optimiser l’irrigation. » « Elle pourrait nous permettre de mieux
connaître nos clients, de définir des “labels” attendus par les
consommateurs, d’accroître les interactions entre production et
consommation. En circuits courts, les tendances pourraient être mieux
anticipées par l’analyse de l’ambiance sociétale, la prise en compte des
vacances, de la météo, des commentaires sur les réseaux sociaux… »,
propose Jean-Yves Le Damany, éleveur et président d’Adventiel, jouant le
jeu de la prospective.
Les
possibilités offertes par l’informatique et l’intelligence artificielle
sont immenses. Il faut donc se poser la question de l’utilité et du
sens pour que ces évolutions trouvent leur place, à l’image de la
génomique qui a tenu ses promesses au niveau des bovins. De quoi
avons-nous besoin ? Quels sont les problèmes à résoudre dans les
filières agricoles ? Les nouvelles technologies doivent d’abord répondre
à ces questions…Jean-Yves Le Damany, éleveur et président d'Adventiel
Libérer de la paperasse
Autre
voie d’intérêt identifiée par le producteur : « Si on pouvait libérer
les agriculteurs de la “paperasse”, ce serait formidable ! » Cela ne
semble pas insurmontable dans un horizon à 5 ans. « Avec la
reconnaissance d’écriture, la saisie en langage naturel, les objets
connectés (traceurs ou outils de mesures…) arrivant dans un moteur
cognitique, la saisie pourrait être simplifiée et la collecte des
données élargie », précise Daniel Trocmé, responsable innovation et
marketing d’Adventiel.
La cognitique pourrait également venir
enrichir le « bon sens » de l’agriculteur, pour rendre sa surveillance
plus efficiente et renforcer le bien-être animal. « Elle peut analyser
les données de nombreux capteurs (images, température, fuites…), y
ajouter l’historique des performances de l’élevage, comparer avec un
réseau d’expériences extérieures à l’exploitation, pour élargir la
vision. » Jean-Yves Le Damany identifie une autre application sur la
question de la volatilité des marchés. « Nous avons besoin d’outils de
prospective pour mieux l’appréhender. »
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