Les experts des races ovines ont averti, jeudi à Alger, du risque
d'extinction de la race Hamra en Algérie en appelant à l'urgence de
dispositifs de valorisation de ses potentialités génétiques et de sa
production.
"La race de mouton Hamra est quasiment en voie d'extinction en Algérie.
Il en reste un cheptel très réduit à l'ouest du pays, et c'est une
situation qui est dommageable à plusieurs titres", a avisé le directeur
général de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie
(INRAA), Fouad Chehat.
Cet expert s'exprimait lors d'un atelier sur le projet de préservation de la race ovine Hamra, appelée aussi Béni Guil.
La race Hamra vit essentiellement dans les hautes plaines de l’ouest du
pays tels El Bayadh, Tlemcen et Naâma, et est élevé également dans le
haut Atlas marocain chez les tribus des Beni-Ighil.
Financé par la FAO, ce projet consiste en la mise en place d’une
stratégie de conservation de la race Hamra par le biais d'échange
d’expériences entre l'Institut technique algérien des élevages (ITELV)
et l’Association ovine et caprine du Maroc (ANOC), et de la formation
d'agronomes et de vétérinaires.
Pour M. Chehat, cette stratégie de préservation doit impliquer en
premier lieu les associations d'éleveurs car il n’y a pas de
conservation durable sans des agriculteurs et des éleveurs engagés".
Néanmoins, cette implication a besoin d'être encouragée par les
pouvoirs publics en soutenant les éleveurs spécialisés dans la race
Hamra dont le prix est concurrencé par celui des autres races notamment
celle d'Ouled Djellal.
Cet avis est partagé par le vice-président de la Fédération nationale
des éleveurs ovins, Brahim Amrani: "c'est l'Etat qui doit mettre la main
à la poche pour encourager ces éleveurs à s'engager dans cet élevage et
à compenser le manque à gagner, en attendant le temps d'arriver à
placer le produit sur le marché local et du sud".
Selon lui, actuellement 99% des éleveurs se détournent de la Hamra au
profit d'Ouled Djellal du fait que ce dernier est plus rentable
économiquement.
De son coté, le représentant de la FAO en Algérie, Nabil Assaf, a
évoqué le rôle de l'offre et de la demande pour promouvoir cette race,
en signalant que la race Hamra est mieux valorisée au Maroc.
Si la Hamra est menacée de disparition en Algérie c'est parce qu'elle
manque d'intérêt, a-t-il soutenu, en expliquant que cette race a des
potentialités en mesures de fournir des solutions pour la
diversification de la production animale en Algérie.
En Algérie, la Hamra représente 1% seulement du cheptel global estimé à
26 millions de têtes, soit 260.000 têtes, selon le directeur général de
l'ITELV, Ahmed Boudjenah.
Mais sur le plan génétique, sur ces 260.000 têtes, seulement 600 sont
totalement de race pure et qui se trouvent exclusivement à l'ITELV en
guise de réservoir génétique.
Cette race a été caractérisée et enregistrée au niveau de l'Institut
national de la normalisation, après que l'ITELV ait défini un standard
propre à cette espèce ovine.
Pour susciter l'intérêt des éleveurs pour cette race, cet institut a
formé des spécialistes pour la conception d'un cahier des charges afin
de connaître les caractéristiques de sa viande et de la valoriser par
rapport à celle des autres races, le but étant d'arriver à mettre en
place un label de la viande de la Hamra.
Néanmoins, la race risque de connaître des problèmes de consanguinité
du fait d'un cheptel réduit favorisant des croisements au sein d'une
même "famille", ont souligné les experts qui ont estimé que ce problème
peut être évité en impliquant les universités et le recours à
l'importation du "sang neuf" auprès du Maroc.
Le projet de la préservation de la race ovine Hamra par l'échange
d'expériences entre pays est parmi les 8 projets sur les 56 proposés
dans le cadre de la stratégie de financement de la mise en oeuvre du
plan d'action mondial pour la préservation des ressources zoogénétiques
financé et encadré par la FAO.
Outre l'élaboration d'une stratégie nationale et d'un plan d'action
pour la préservation et l’amélioration de la race Hamra, le projet vise
aussi la sensibilisation des éleveurs pour la préservation de la race et
leur initiation aux principes de la sélection chez les ovins, et de
connaître la situation de la race dans son berceau.
Il s'agit aussi de maîtriser la technique d’insémination artificielle
par endoscopie par les vétérinaires algériens et de l'introduire au
niveau du centre de préservation de la race Hamra en Algérie.
Le mouton Hamra s'adapte aux variations extrêmes de températures et est
également connu pour son comportement alimentaire sélectif, sachant que
la moyenne de son poids est de 71 kgs chez le mâle et de 40 kgs chez la
femelle.
Trois types de variétés sont relevés selon la répartition géographique:
A la région El Bayadh-Mechria, la Hamra est de couleur acajou, à El
Aricha-Sebdou de couleur acajou foncé presque noir (le type le plus
performant et le plus recherché par les éleveurs) ainsi qu'à
Malakou-Chott Chergui de couleur acajou clair.
Par ailleurs, la race hamra se caractérise par une aptitude à la traite
avec une production moyenne journalière de 0,6 à 0,9 litre de lait.
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