jeudi 14 avril 2016

FAO: une alerte aux criquets pèlerins au nord-ouest de l’Afrique



La présence d'infestations du Criquet pèlerin récemment découvertes au Yémen, où un conflit entrave sérieusement les opérations de lutte, représente une menace potentielle pour les cultures dans la région, a mis en garde aujourd'hui la FAO. La FAO a exhorté les pays voisins, l'Arabie Saoudite, Oman et l'Iran à mobiliser des équipes de prospection et de lutte et à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les insectes ravageurs d'atteindre les aires de reproduction situées sur leurs territoires respectifs.
Une vigilance particulière s'impose également au Maroc et en Algérie, particulièrement dans les zones au sud des monts Atlas qui pourraient devenir de possibles lieux de reproduction pour le Criquet pèlerin qui s'est déjà regroupé dans certaines parties du Sahara occidental, du Maroc et de la Mauritanie, a ajouté la FAO.

Les cyclones contribuent à déclencher la présence de criquets

Des groupes de larves (criquets dépourvus d'ailes) et des ailés, ainsi que des bandes larvaires et au moins un essaim se sont formés sur la côte méridionale du Yémen en mars, où de fortes pluies, associées aux cyclones tropicaux Chapala et Megh, sont tombées en novembre 2015.
«L'ampleur de l'actuelle zone de reproduction du Criquet pèlerin au Yémen n'est pas encore bien connue car les équipes de prospection ne sont pas en mesure d'accéder à la plupart des zones. Toutefois, avec le dessèchement de la végétation le long de la côte, de plus en plus de groupes, de bandes et de petits essaims vont probablement se former» a déclaré Keith Cressman, Fonctionnaire principal en charge des prévisions acridiennes, FAO. Il a indiqué qu'il existe un risque modéré pour que ces criquets pèlerins se déplacent à l'intérieur du sud du Yémen et qu'ils atteignent peut-être les zones de reproduction printanière à l'intérieur du centre de l'Arabie Saoudite et au nord d'Oman.   

Il existe une possibilité que ce mouvement se poursuive vers les Émirats Arabes Unis où quelques petits essaims pourraient apparaitre et passer par le pays avant d'arriver dans des zones où il a plu récemment comme dans le sud-est de l'Iran.

La FAO aide les équipes techniques du Ministère de l'agriculture et de l'irrigation au Yémen dans la réalisation d'opérations de prospection et de lutte sur le terrain dans les zones côtières infestées, dans le cadre de l'appui continu de l'agence aux efforts du pays dans la lutte antiacridienne.

La FAO a également averti qu'au nord-ouest de l'Afrique, de petits groupes et peut être quelques petits essaims, pourraient trouver des zones propices à la reproduction au Maroc (Vallée du Draa), en Mauritanie (près de Zouerate) et en Algérie. De plus, la reproduction du Criquet pèlerin à petite échelle pourrait avoir lieu dans le sud-ouest de la Libye, mais les effectifs acridiens devraient rester faibles.

L'Organisation a insisté sur l'importance d'une surveillance étroite dans toutes ces zones au cours des prochains mois afin d'empêcher les insectes de former de grands essaims aux effets ravageurs.

La situation relative au Criquet pèlerin dans les autres pays est restée calme en mars sans aucun développement significatif ou attendu.

Une force de la nature

Les larves du Criquet pèlerin peuvent former de larges bandes au sol. Ces dernières peuvent finalement se transformer en essaims de criquets adultes qui, au nombre de dizaines de millions d'individus, peuvent voler jusqu'à 150 km par jour avec le vent.

Les criquets femelles peuvent pondre jusqu'à 300 œufs au cours de leur vie tandis qu'un insecte adulte est capable de consommer une quantité de nourriture égale à son propre poids chaque jour - soit environ deux grammes par jour. Un tout petit essaim mange la même quantité de nourriture en un jour qu'environ 35 000 personnes et les effets dévastateurs que les criquets peuvent avoir sur les cultures représentent une menace importante pour la sécurité alimentaire, particulièrement dans les zones déjà vulnérables.

La surveillance des criquets, les mesures d'alerte précoce et de lutte préventive ont vraisemblablement joué un rôle important dans le déclin de la fréquence et de la durée des invasions acridiennes depuis les années 1960 ; pourtant, aujourd'hui, le changement climatique entraine de plus en plus d'évènements météorologiques extrêmes et imprévisibles et pose de nouveaux défis sur la manière de surveiller et de répondre à l'activité acridienne.
La FAO gère un service d'information sur le Criquet pèlerin qui reçoit des données des pays affectés par le Criquet pèlerin. Ces informations sont régulièrement analysées avec les données relatives à la météo et à l'habitat du ravageur et des images satellites afin d'évaluer la situation acridienne en cours, fournir des prévisions jusqu'à six semaines à l'avance et si nécessaire délivrer des avertissements et alertes. La FAO entreprend également des missions d'évaluation sur le terrain et coordonne des opérations de prospection et de lutte ainsi qu'une assistance lors des situations d'urgence acridienne. Ses trois commissions régionales de lutte contre le Criquet pèlerin organisent des formations régulières et renforcent les capacités nationales pour les prospections, la lutte et la planification.
 
 

 

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