La treizième conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique s’est tenue à Cancún au Mexique du 2 au 17 décembre 2016. Elle n’a pas su renouveler les discours sur la protection de la biodiversité.
Pour l’oreille du néophyte, les COP ont l’air de se répéter à l’envi
depuis le retentissement politico-médiatique de l’accord de Paris de fin
2015. Suite à la COP 22 de Marrakech en novembre, la treizième
conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique
a pris place à Cancún le mois suivant. C’était la COP 13 biodiversité.
Plus de 6.000 congressistes, notamment scientifiques, politiques, et
industriels, ont fait le déplacement, en provenance des 196 pays
signataires. Mais force est de constater que la manifestation n’a pas
fait grand bruit ! Néanmoins, cette convention, qui se réunit tous les
deux ans, a été qualifiée par Pierre-Edouard Guillain, directeur de la
Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB), de « petite sœur de la COP 21 ».
La comparaison, peut-être trop optimiste, ne permet pas de cacher que
seules des pistes connues et convenues ont été mises en avant sous le
soleil mexicain.
COP13 : Une étape sur la route d’Aichi
La COP 13 a fait l’objet d’un rappel des engagements pris par chaque pays ayant décidé d’atteindre les vingt objectifs d’Aichi
à l’horizon 2020. Pris en 2010, ces derniers définissent les lignes
directrices de la stratégie de sauvegarde de la biodiversité. À Cancún,
il a été dit que les engagements liés à la sauvegarde des espaces
habitables et la mise en place d’espaces de protection terrestres et
maritimes étaient toujours d’actualité. D’aucuns ont néanmoins ajouté
lors de la conférence mexicaine qu’il faudrait augmenter les subventions
allouées aux actions favorisant la protection de la biodiversité et
doubler les aires protégées à la fois sur terre et dans les océans. Le
WWF avait par ailleurs rappelé en amont de la COP que le doublement des
aires protégées aurait dû être déjà réalisé en 2015.
En réalité, ces idées-là, n’apportent rien de plus que ce qui a été édicté par le protocole de Nagoya,
adopté en octobre 2010. Comme l’a rappelé son secrétaire exécutif
Braulio Ferrera de Souza Dias, l’objectif de la COP 13 était de
favoriser l’intégration des enjeux de la biodiversité dans les
différents « secteurs de production ». Cela afin de limiter les
répercussions négatives des activités humaines telles que la pêche, la
sylviculture, le tourisme ou encore l’agriculture sur l’écosystème.
Les intérêts économiques au cœur des enjeux
Sandrine Bélier, nouvelle directrice de l’association Humanité et
biodiversité, l’a souligné : l’enjeu capital est de prendre en compte
les droits des personnes qui vivent dans les zones riches en
biodiversité. Ces « peuples autochtones » sont au cœur des réflexions attenantes à l’idée de financiarisation de la nature.
Dans un monde où les ressources naturelles sont perçues comme des
mannes par les différents acteurs économiques mondiaux, les défenseurs
de la biodiversité s’agitent pour dire qu’il faut que cette logique
cesse. Apporter de la considération à la nature seulement pour ce
qu’elle peut apporter aux activités industrielles ne pourra que
provoquer sa perte. « Il est urgent que chacun ait bien conscience
que prendre en compte la biodiversité ne fera peut-être pas gagner de
bénéfice, ni dans l’agriculture, ni dans la pêche, ni dans la
foresterie, mais si rien n’est fait tout de suite, la nature n’apportera
plus de bénéfice du tout » prévient Sandrine Bélier.
« Les objectifs risquent de ne pas être atteints »
« Au départ, la question de la biodiversité se résumait à un
affrontement entre les pays du nord, qui voulaient la protéger et les
pays du sud qui voulaient en tirer des bénéfices, complète Didier Babin, chercheur au Cirad, un organisme français de recherche agronomique. Aujourd’hui, ce n’est plus cela ».
Désormais, il semblerait que l’urgence ne soit pas forcément de faire
plus, mais de faire mieux. Des voix s’élèvent pour dire qu’il faudrait
aider financièrement les pays les plus défavorisés mais possédant une
grande biodiversité pour les encourager à la sauvegarder.
Pour ce qui est de l’agriculture, il faudrait, selon les acteurs de la COP 13, trouver le bon équilibre entre utilisation d’organismes génétiquement modifiés
et respect de de la faune et de la flore. Une urgence d’autant plus
grande que les exemples d’incivilités humaines sur la nature sont
légion. Par exemple, il se pourrait que deux-tiers des vertébrés aient
disparu d’ici 2020. Les insectes pollinisateurs comme les abeilles sont
aussi sur la sellette, tant dans les pays développés que dans les pays
en développement. De plus, le secrétariat d’organisation de la COP
a tenu à alerter les populations en disant que « les deux-tiers des objectifs d’Aichi risquent de ne pas être atteints ».
Le prochain rendez-vous de la COP biodiversité qui se tiendra en Égypte
en 2018 sera certainement le moment de faire un bilan plus précis de
l’avancée des engagements de chacun.
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