Dépollution, recyclage, pesticide naturel :
les champignons possèdent des vertus extraordinaires qui pourraient
contribuer à préserver l’environnement. Partons à la découverte de ce
règne à part, méconnu, et des solutions qui existent.
Les champignons comme solution à la pollution, aux pesticides ou au recyclage
Paul Stamets est un expert en matière de champignons : il les a étudiés toute sa vie et résume ses découvertes dans une conférence TED (Technology, Entertainment and Design), vue plus de 3,6 millions de fois : « six manières de changer le monde avec des champignons ». Paul Stamets rappelle que les champignons font partie des organismes les plus anciens
sur Terre, qu’ils sont capables de vivre des milliers d’années et
qu’ils ont résisté à des catastrophes majeures, comme les impacts
d’astéroïdes. Ils contribuent à créer la vie des sols en produisant l’humus.
Les champignons dépolluent les sols
Paul Stamets présente une expérience réalisée avec des tas de terre saturés de diesel et autres déchets pétroliers. Le mycélium, « racine » des
champignons, absorbe le pétrole et détruit ses composés chimiques. Le
tas traité avec du mycélium est dépollué six semaines plus tard,
détruisant les hydrocarbures et recréant un écosystème à partir des
champignons.
ette technique s’appelle la bioremédiation,
qui consiste à utiliser des micro-organismes pour dépolluer. On
a combattu la marée noire de l’Exxon Valdez en Alaska ou celle du
Prestige en Espagne en utilisant la bioremédiation. Les champignons peuvent également parvenir à détruire l’amiante.
Les champignons pour recycler le plastique
De la même manière, des chercheurs ont découvert un champignon amazonien capable de recycler le plastique. En effet, ce champignon casse les chaînes de polyuréthane qui constituent le plastique et le rend donc biodégradable.
Même
s’il faudra une vingtaine d’années avant d’utiliser cette découverte et
d’en faire un usage industriel, cette découverte pourrait bouleverser
la chaîne du recyclage et nous permettre de nous débarrasser du
plastique qui envahit les sols et les eaux.
Les champignons, carburant du futur
On le sait, les biocarburants
ne sont pas la panacée pour remplacer l’essence : ils sont
particulièrement gourmands en ressources et en terres agricoles. Ce
désagrément pourrait être évité grâce à un champignon : le Trichoderma reesei qui a la particularité de transformer la cellulose
contenue dans les débris végétaux en sucres, à partir desquels on fait
le biocarburant. L’utilisation de champignons pourrait donc grandement
faciliter la production de biocarburants à partir de déchets agricoles ou végétaux.
Un champignon tueur d’insectes, pesticide naturel
Paul Stamets a également découvert des champignons tueurs d’insectes,
à cause – ou grâce – aux fourmis charpentières qui rongeaient le bois
de sa maison. À l’aide d’une manipulation de leurs spores,
les champignons attirent les fourmis qui se précipitent pour les manger,
avant d’éclore dans les insectes : le problème de l’invasion se trouve
réglé en quelques semaines.
Le scientifique a déposé un brevet qui serait efficace contre 200.000 espèces. Une bonne manière de lutter contre les invasions d’insectes dans les champs par exemple pour éviter l’utilisation de pesticides.
Les champignons pour lutter contre les maladies
Les champignons sont déjà souvent utilisés pour lutter contre certaines maladies : la pénicilline par exemple est un champignon utilisé depuis presque cent ans comme antibiotique.
Le champignon Agaricon,
une espèce très ancienne que l’on ne retrouve que dans certaines forêts
d’Amérique du Nord, a été étudié par les équipes de Paul Stamets et par
le programme américain Bioshields. Il est prouvé qu’il peut lutter
efficacement contre la variole ; le champignon Agaricon est également
extraordinairement efficace contre le virus de la grippe classique et
ses dérivées, H1N1 ou H5N1. On peut donc imaginer le potentiel de
l’étude d’autres champignons dans la lutte contre les maladies ou les
virus qui attaquent l’Homme.
Paul Stamets conclut sa conférence ainsi : « voici une espèce avec laquelle nous pouvons collaborer. Je pense qu’utiliser le mycélium peut aider à sauver le monde. » Alors tous à vos champignons !
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