Les chercheurs de l’Inra France montrent aujourd’hui que l’exposition chronique
 et indirecte à une dose très faible d’un pesticide néonicotinoïde, 
ainsi que l'infection par un parasite commun des abeilles, affecte très 
fortement la survie des reines en conditions naturelles et modifie leur 
physiologie. L’interaction entre l’imidaclopride et Nosema cerana est 
encore plus néfaste sur les reines que chaque stress pris séparément. 
Ces résultats sont publiés le 31 août 2016 dans Scientific Reports.
Dans la nature, les colonies d'abeilles domestiques (Apis mellifera) 
sont constamment exposées à des facteurs de pression multiples, entre 
autres insecticides et agents pathogènes, dont l'action conjointe est 
suspectée être en partie à la base du déclin des colonies. 
Face à la mortalité accrue des abeilles ouvrières, la fertilité de la reine est essentielle pour le renouvellement de la population et la survie de la colonie. Or, les apiculteurs constatent des mortalités anormales de reines depuis plusieurs années, au point que certains d’entre eux doivent changer systématiquement une partie importante de leur cheptel de reines afin d’éviter la perte de leurs colonies, alors qu’une reine peut normalement vivre de 4 à 5 ans.
Les 
insecticides de la famille des néonicotinoïdes sont au centre de la 
controverse à cause de leur toxicité élevée pour des organismes 
non-cible comme les pollinisateurs. Jusqu'à présent la majorité des 
recherches ont ciblé les effets nocifs des pesticides et autres facteurs
 sur les ouvrières. Les chercheurs de l’Inra ont étudié le comportement 
de reines, exposées à un pesticide néonicotinoïde de façon indirecte 
et/ou à l’agent pathogène Nosema cerana.
Ils
 ont ainsi élevé 4 groupes de 10 reines, et ont reconduit l’expérience 
pendant 2 années. En laboratoire, un groupe a été nourri par des 
ouvrières elles-mêmes exposées à un pesticide néonicotinoïde 
(imidaclopride), un deuxième a été exposé au parasite Nosema cerana, le 
troisième aux deux stress, le quatrième étant le groupe témoin. Ensuite,
 les jeunes reines ont été installées, comme le font les apiculteurs, 
dans de petites ruches placées dans des champs (voir photo), pour 
qu’elles puissent sortir s’accoupler et revenir pondre leurs œufs.
L’interaction entre le pesticide et l'agent pathogène est encore plus néfaste sur les reines que chaque stress pris séparément
Les
 résultats montrent que l'exposition chronique et indirecte à une dose 
très faible d’un pesticide néonicotinoïde, l'imidaclopride (0,7 ppp, 
dose à laquelle les abeilles peuvent être confrontées dans la nature), 
ainsi que l'infection par un parasite commun des abeilles, Nosema 
cerana, affecte très fortement la survie des reines en conditions 
naturelles et modifie leur physiologie. L’interaction entre le pesticide
 et l'agent pathogène est encore plus néfaste sur les reines que chaque 
stress pris séparément. En effet, sur les 2 expérimentations menées, 
entre 90% et 100% des reines ont disparu dans un délai de 45 à 90 jours. 
Les
 chercheurs de l’Inra ont observé une réponse de protection contre 
l’action de l'imidaclopride, et notamment contre le stress oxydant du à 
l'interaction parasite - pesticide, à travers l'augmentation de 
l'activité d’enzymes spécifiques dans la tête et l'intestin des reines. 
Cependant, ces mécanismes de protection ne seraient pas suffisants pour 
éviter la mortalité prématurée des reines.  
Ces
 résultats pourraient expliquer la perte de la capacité de résilience de
 la colonie, lorsque la disparition de la reine entraîne l’arrêt de la 
ponte et donc la production de nouvelles ouvrières. 
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