L'Algérie pourrait assurer sa sécurité 
alimentaire en blés dur et tendre à condition d'augmenter le budget de 
la recherche liée à la sélection des semences et de renforcer, 
également, les dispositifs d'irrigation, affirme à l'APS le directeur de
 l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (Inraa), M. 
Fouad Chehat.
"Si nous obtenons le budget adéquat, nous serions en mesure de 
développer une variété de blé dur très performante dans les trois années
 à venir. Il faut aussi deux autres années pour produire la nouvelle 
variété à grande échelle, et au bout de cette période globale de cinq 
ans, l'Algérie pourrait même passer à l'exportation", souligne-t-il.
 Concernant le blé tendre, il estime qu'il faudrait dix (10) ans pour 
trouver la variété la plus résistante et la plus adaptée à l'Algérie.  
Un délai auquel il faudra ajouter cinq (5) ans pour généraliser la 
production du blé tendre issu de la recherche.
 "La recherche sur le blé tendre nécessite plus de temps car cette 
variété n'existait pas en Algérie avant la période coloniale. Elle est 
moins résistante que le blé dur et a besoin de beaucoup d'eau. Il nous 
faudra donc développer une variété plus résistante et adaptée au climat 
algérien", explique cet expert.
 En outre, il observe que le changement des habitudes alimentaires chez les Algériens privilégie de plus en plus le blé tendre.
 "Les Algériens consomment de plus en plus de produits dérivés de blé 
tendre telle que la farine qui était inconnue chez nos aïeuls. C'est 
précisément la raison pour laquelle des travaux de recherche doivent 
être menés sur le blé tendre. Cette tendance nous permet, parallèlement,
 de penser, à terme, à exporter le blé dur qui est moins consommé 
qu'avant", soutient-il.
 L'Algérie produit 600.000 tonnes de blé tendre alors que ses besoins sont de l'ordre de 3,5 millions de tonnes.
 En misant sur la recherche, l'Algérie pourra assurer sa sécurité alimentaire, avance-t-il.
 Pour le blé dur, l'écart entre les besoins et la production locale est 
plus important mais pourrait être rapidement réduit: "Nous produisons 
autour d'un (1) million de tonnes de blé dur/an au moment où nos besoins
 sont de 15 à 16 millions de tonnes. Mais il est très facile de 
développer la production en dotant les producteurs privés en moyens".
 Questionné sur les travaux de recherche sur le blé menés actuellement 
par l'institut qu'il dirige , M. Chehat estime que les choses pourraient
 aller beaucoup plus vite si les moyens nécessaires étaient mis 
suffisamment à la disposition des chercheurs non seulement de l'Inraa 
mais aussi de ceux de l'Institut technique des grandes cultures (Itgc), 
et ce, notamment dans le domaine de la recherche appliquée.
 En effet, ces deux instituts sont en première ligne pour tout ce qui touche à la recherche liée au blé en Algérie.
 De surcroît, il est également impératif de développer les dispositifs 
d'irrigation: "Permettre aux agriculteurs d'avoir un accès à l'eau tout 
au long de l'année est également une priorité absolue".
=Les espaces de stockage des semences, un autre problème à régler=
 Pour avoir des récoltes de meilleure qualité, la question du stockage de semences de blé se pose également.
 Certes, le pays dispose de grands silos de stockage permettant 
d'emmagasiner de grandes quantités de semences avant de procéder à leur 
distribution aux agriculteurs.
 Cependant, il est enregistré une quasi-absence de petits silos destinés
 chacun à une variété précise: Résultat: Toutes les semences sont 
mélangées.
 Cette situation fait que l'agriculteur ne peut identifier avec 
précision la variété qui convient le mieux à son terrain et à sa région.
 "Mettre en place de petits espaces de stockage dédiés, chacun, à une 
semence en particulier serait très bénéfique, car les agriculteurs 
pourront faire des choix plus judicieux. Ce qui se répercutera, bien 
évidemment, sur la qualité de leur production", préconise-t-il.
 Il considère aussi que la mise en place de ces espaces de stockages ne 
doit pas incomber uniquement aux pouvoirs publics mais également aux 
agriculteurs eux-mêmes qui doivent investir dans ce créneau à l'instar 
d'un grand nombre de pays.
Par Ahmed GASMIA



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