Dans un monde dans lequel, en dépit de
 la croissance de la population, l’utilisation de terres à des fins 
agricoles a connu son pic au tournant du siècle [1],
 la question de la productivité agricole semble devenir la principale 
variable d’ajustement sur laquelle il reste possible de jouer [2].
  Plusieurs avancées technologiques ont déjà permis d’accroître cette 
productivité : l’amélioration des machines, l’élaboration d’outils de 
précision incorporant des systèmes de triangulation, l’appariement de 
nouveaux traits génétiques avec des herbicides spécifiques ou encore 
l’automatisation de la récolte. Pourtant, la lutte contre les mauvaises 
herbes repose encore sur un recours inefficace au travail manuel et une 
utilisation abusive d’herbicides. Le contrôle des adventices devient de 
fait un enjeu économique croissant, en raison notamment de la 
multiplication des cas de résistance aux herbicides à spectre large [3]. C’est dans cette optique que s’est créée fin 2011 à Sunnyvale, en plein cœur de la Silicon Valley, Blue River Technology [4]
 qui développe des systèmes de vision artificielle permettant de 
détecter et d’identifier individuellement les plantes, et ainsi 
d’ajuster en temps réel et de façon spécifique les quantités 
d’herbicides pulvérisées.
Blue River a d’abord testé son idée sur l’éclaircissement des 
laitues, qui représente un cas d’école. La faiblesse de leur germination
 associée au coût élevé de la terre encourage la saturation des 
plantations, laquelle impacte pourtant en retour sur la qualité de la 
production. Les germinations étant en effet indépendantes, le ‘spray and pray’ [5]
 classique est inefficace. De plus, les interventions mécaniques sont 
mal tolérées et le recours à des travailleurs accroît les risques sur 
leur santé. Les machines de Blue River s’appuient sur un système de 
double [6]
 caméra RGB GigE qui utilise des paramètres classiques de radiométrie 
(couleur et gradient) et de géométrie (taille et forme) pour identifier 
les plantes avec une précision de 98% et moins de 5% de faux positifs.
Blue River développe par ailleurs un système de désherbage 
généraliste, applicable à d’autres types de récoltes (par exemple le 
soja). Pour cela, les dernières générations de machines s’appuient sur 
un système d’apprentissage profond par réseaux de neurones 
convolutionnels. Il s’agit plus précisément de la méthode Single Shot Multibox Detectors (SSD), une proposition récente [7], plus simple de mise en œuvre et plus rapide que les Region-based Convolutionnal Neural Networks
 (R-CNN), une approche qui permet de détecter les occurrences d’une 
certaine catégorie d’objets dans une image, indispensable par exemple 
dans les applications temps-réel pour les véhicules autonomes (détecter 
et segmenter avec un certain niveau de confiance les piétons et les 
autres véhicules). La phase d’apprentissage supervisé du système de Blue
 River a été réalisée en utilisant le framework Caffe [8], et le taux de détection constaté en opération est de l’ordre de 90% pour le moment (l’objectif est d’atteindre 99%).
Le dernier domaine d’innovation de Blue River concerne la mise au 
point de drones destinés à phénotyper les cibles sur lesquels leurs 
machines travaillent. Ils utilisent des orthomosaïques colorées 
composées de 1 300 images d’une résolution centimétrique, capturées par 
des drones volant à 15 mètres de hauteur. Le coefficient de 
détermination obtenu (comparativement aux mesures faites sur le terrain)
 dépasse les 99%, ce qui permet d’individualiserles traitements sur les 
plants cibles.
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