Nourrir le sol avec un maximum de matière végétale : voilà le 
principe qu’est venu développer Konrad Schreiber, ancien agriculteur et 
expert agronome de l’IAD, en ouverture de la rencontre. 
L’intensification de l’agriculture, armée des engrais chimiques, a 
négligé l’importance de la préservation des sols.
En exportant 
toute la production végétale et animale, elle a fait diminuer 
progressivement le taux de matière organique des sols, condition de leur
 fertilité. Or, il est possible de le restaurer tout en maintenant la 
capacité productive des sols, assure Konrad Schreiber.
« le sol, c’est comme un tube digestif »
Lui,
 comme bien d’autres acteurs agricoles testant des voies alternatives, 
s’inspire du fonctionnement des écosystèmes et d’anciennes pratiques. « Pourquoi la forêt pousse-t-elle toute seule ? » demande-t-il,
 avant de signaler la remarquable productivité de certaines pratiques 
agricoles ancestrales sud-américaines associant maïs, pois et courge. 
Qu’en retient-il ? La restitution au sol d’une importante quantité de 
matière 
végétale.
végétale.
Le sol, c’est comme un tube digestif qui, lorsqu’il « mange du carbone », restitue de l’azote, explique Konrad Schreiber. Son travail sur « les sols vivants »,
 fondé sur l’expérimentation de pratiques et l’analyse de la biologique 
des organismes vivant dans le sol, conclut à la nécessité d’apporter une
 grande quantité de matière organique au sol afin d’améliorer son état 
et sa productivité. « L’un des pivots de la conservation des sols, c’est le rendement végétal »,
 résume l’agronome, qui pointe de ce point de vue les limites de 
l’agriculture biologique dont les rendements sont généralement moindres.
 La litière est ensuite dégradée par les insectes, les champignons et 
les micro-organismes. Parmi ces derniers, les fixateurs libres 
transforment, dans le même temps et en fonction de la quantité de 
carbone apportée au sol, l’azote de l’air en azote assimilable par les 
plantes, selon le principe d’une sorte de « pompe à azote ».
En 
agriculture conventionnelle, l’introduction d’azote chimique a freiné 
cette capacité biologique, étant donné que les fixateurs prennent 
l’azote le plus accessible.
Pour
 lancer ce processus qui à la fois séquestre du carbone et produit de 
l’azote assimilable, il convient, observe Konrad Schreiber, d’apporter 
de grandes quantités de matière végétale au sol, dans l’idéal issues de 
la même parcelle plutôt qu’importées de l’extérieur sous forme de 
déchets verts. Les modèles agricoles allant dans ce sens restent en 
grande partie à inventer, « il nous faudra trente ans ! »
 imagine l’agronome ancien éleveur. Ils se fonderaient notamment sur la 
culture de grandes plantes à croissance rapide, dont une proportion 
significative des tiges et/ou des feuilles serait restituée au sol. Le 
maïs en est un exemple déjà intéressant, à condition de ne pas 
l’exporter dans sa totalité comme dans le cas du maïs ensilage.


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