Avec la hausse de température liée aux changements climatiques, la
chenille processionnaire, nuisible pour l'homme, les animaux et la
sylviculture, ne cesse de gagner du terrain en France. Pour enrailler
l'invasion de ces insectes rampants, les techniques sans pesticides se
multiplient. Aux armes !
Comme on peut le voir dans le reportage-vidéo ci-dessus,
les moyens pour lutter contre ces chenilles processionnaires sont
divers : piège à papillon, lutte microbiologique, lutte mécanique,
piègeage des chenilles ou encore lutte biologique avec la pose de
nichoirs à mésanges, un prédateur redoutable.
Les forêts n'en ont pas fini de souffrir des changements climatiques. En plus des conséquences des sécheresses et autres canicules,
des études menées par l'institut national de la recherche agronomique
(Inra) des hivers doux comme cette année ont été bénéfiques au
développement de l'insecte qui est devenu un bio indicateur du
réchauffement climatique : "Il faut que pendant la journée la température à l'intérieur du nid soit au moins de neuf degrés et que la température la nuit suivante à l'extérieur soit d'au moins zéro degré, sinon la processionnaire ne peut pas aller s'alimenter et au bout d'un moment ça va affecter sa survie", précise Jérôme Rousselet, chargé de recherche à l'Inra Orléans et de rajouter : "par rapport à l'aire qu'elle
occupait à la fin des années 80, on a pu observer dans le sud du bassin
parisien une augmentation de la moyenne des températures minimales d'octobre à mars d'un degré et cela a suffi à rendre des territoires favorables à son développement".
…mais pas seulement
Etonnamment, c'est dans les "openfields" que les chenilles
processionnaires ont progressé le plus vite. Les openfields sont des
champs ouverts, sans haie ni clôture, avec très peu d'arbres, comme la
Beauce. "En fait, ce sont les arbres ornementaux
plantés dans les jardins des particuliers, le long des routes, dans les
espaces verts et le maillage, villes, villages et hameaux qui vont
constituer un réseau suffisamment dense d'arbres pour que la processionnaire puisse se propager", indique Jérôme Rousselet.
Comme il y a peu d'arbres et que les papillons ont la capacité de voler
5 à 6 km, la progression sur le territoire est plus rapide que dans une
forêt où la chenille peut satisfaire tous ses besoins dans un périmètre
beaucoup plus restreint. Enfin, le transport de terre est aussi un
facteur de propagation, les chrysalides étant enterrées.
Eradication quasi impossible ?
Avec une pose de 20 nichoirs à mésanges par hectare sur une parcelle
expérimentale de la forêt domaniale du Mont Ventoux (84), l'Inra a pu
observer "une régulation sur du long terme, une régulation durable - plus efficace que l'ancien traitement microbiologique effectué par hélicoptère - et qui permet de maintenir [la colonisation] à un niveau qui peut être tolérable. Si on veut un risque zéro, il faut combiner avec d'autres méthodes, par exemple le piège à chenille ou le piège à papillon", explique Jean-Claude Martin, ingénieur de recherche à l'Inra.
En somme, une éradication risque de coûter très cher. La commune de Frontignan (34) s'est équipée de 25 pièges à chenilles."Il y a un coût de 1.500 euros, donc ce n'est pas négligeable sur le budget de la ville et un piège à chenille ne marche que pour un seul pin donc c'est quand même un traitement ponctuel sur un lieu bien précis et qu'il serait très difficile d'étendre à tous les pins de la ville", témoigne
Claude Léon, adjointe à l'urbanisme. Dans ces conditions, on imagine
mal ce type de lutte à l'échelle d'une forêt… Au final, l'éradication de
la chenille processionnaire semble compliquée.
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