jeudi 10 mars 2016

Un pesticide responsable d’une perte de mémoire chez les abeilles


 
Un nouveau pesticide menace la survie des abeilles du monde entier. D’après de récents résultats, il serait responsable d’une perte de mémoire significative et inquiétante.

Sans leur mémoire olfactive, les abeilles ne seraient plus capables de permettre le processus de pollinisation. © Crédit Zhou Xiujian / XINHUA


MENACE. Une étude néo-zélandaise de l’université d’Otago rapporte les dégâts observés du chlorpyrifos, un pesticide organophosphoré (déjà interdit dans certains pays comme le Danemark, la Finlande ou encore le Yémen), sur les colonies d’abeilles - plus particulièrement Apis mellifera, l'espèce étudiée ici. Pourvu d’une toxicité avérée chez certains oiseaux et mammifères selon le mode d’intoxication, ce pesticide très volatil est utilisé comme insecticide pour la protection de cultures agricoles aux quatre coins de la planète. Et d’après les résultats avancés par la française Dr Elodie Urlacher et Kim Hageman, la responsable du département de Chimie de l’Université d’Otago, une très faible dose de ce chlorpyrifos - jusqu’alors considérée comme "inoffensive" - suffirait à altérer la mémoire olfactive si développée des abeilles, un atout absolument nécessaire à la survie et au développement de leurs colonies.

Par conséquent, sans cette mémoire et cet apprentissage, il leur est impossible de cibler les fleurs dont elles extraient préférentiellement le nectar, ce qui endommage donc le processus de pollinisation de ces plantes, auquel les abeilles participent activement. Durant leurs observations, les deux chercheuses se sont notamment aperçues que la plupart des abeilles, testées pour une certaine dose du pesticide ingéré, réagissaient de la même manière à trois odeurs bien distinctes, un comportement très différent de celui des abeilles non-testées. "La dose [pour les dommages observés, ndlr] est de 50 picogrammes de chlorpyrifos ingérés par abeille, soit mille fois inférieur à la dose de chlorpyrifos pur considéré comme létal", énonce le Dr. Urlacher. Enfin, elle ajoute : "Avec nos découvertes, il est désormais clair que les pesticides à effets létaux sur les abeilles ne sont plus les seuls à prendre en compte, mais aussi ceux à dégâts sub-létaux."

  
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