Le Monde.fr
| 10.03.2016
Pour que ces substances soient mises sur le marché, elles ne doivent pas être létales pour les abeilles à doses résiduelles. Mais les néonicotinoïdes ont des effets sublétaux qui ne sont pas sans conséquence. « Les doses sublétales ont des effets sur le comportement des abeilles et notamment entraînent des troubles d’orientation, d’apprentissage et de mémorisation, explique Mickaël Henry, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique. Des études ont été faites montrant qu’il y a un lien entre l’effet sublétal et un risque de surmortalité. Par exemple, une abeille relâchée en plein champs ne retrouve plus le chemin de sa ruche. »
« Le problème est que seule une petite partie de ces néonicotinoïdes est absorbée par la plante et le reste va dans le sol, donc on en retrouve des traces même dans les plantes non traitées », explique Nicolas Laarman. « Les pollinisateurs sont d’excellents symboles des problèmes de l’agriculture aujourd’hui. Je suis persuadé que les idées changent sur l’agriculture. Cela se passe déjà auprès du public, puis ce sera le tour des politiques. Les alternatives au système actuel sont l’avenir, j’en suis convaincu. Il y a de gros lobbies et de gros intérêts en jeu, mais cela vaut le coup de se battre », affirme le directeur général de Pollinis.
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Plus d’un million de signatures récoltées dans une quinzaine de pays européens. C’est avec sa pétition pour interdire les néonicotinoïdes, les pesticides tueurs d’abeilles, que l’association Pollinis s’est installée au Parlement européen à Strasbourg, du 7 au 10 mars. Le but : sensibiliser les eurodéputés aux risques de l’utilisation de ces pesticides, notamment pour les abeilles. Nicolas Laarman, directeur général de Pollinis, s’en explique :
L’association milite pour accélérer la transition vers une agriculture durable, respectueuse de l’environnement et des pollinisateurs. « Nous voulons une interdiction pure et simple des néonicotinoïdes mais surtout que ce soit un levier pour changer le système agricole qui est aujourd’hui à bout de souffle », ajoute-t-il. Cette action est soutenue par l’eurodéputée suédoise Jytte Guteland, du parti européen S&D. « Nous sommes ici pour travailler l’opinion publique, mais nous faisons face à un mur d’intérêts et de lobbys », poursuit Nicolas Laarman.Des substances actives retrouvées dans le pollen
Les néonicotinoïdes sont une famille de pesticides systémiques. Le traitement est généralement appliqué directement sur la semence des plantes. Ces dernières sécrètent alors le produit toxique pendant toute leur croissance par la sève, mais des substances actives sont également retrouvées à l’état résiduel dans le nectar et le pollen, dont se nourrissent les abeilles.Pour que ces substances soient mises sur le marché, elles ne doivent pas être létales pour les abeilles à doses résiduelles. Mais les néonicotinoïdes ont des effets sublétaux qui ne sont pas sans conséquence. « Les doses sublétales ont des effets sur le comportement des abeilles et notamment entraînent des troubles d’orientation, d’apprentissage et de mémorisation, explique Mickaël Henry, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique. Des études ont été faites montrant qu’il y a un lien entre l’effet sublétal et un risque de surmortalité. Par exemple, une abeille relâchée en plein champs ne retrouve plus le chemin de sa ruche. »
« Les pollinisateurs, symbole des problèmes de l’agriculture »
Une suspension provisoire et partielle est entrée en vigueur dans l’Union européenne en décembre 2013. Elle a restreint l’usage de trois molécules de néonicotinoïdes sur sept : le thiamethoxame, la clothianidine et l’imidaclopride. Cette interdiction concerne leur utilisation systémique sur le maïs, le tournesol et le colza. Mais les néonicotinoïdes peuvent toujours être utilisés sur les céréales d’hiver et les plantes réputées non mellifères.« Le problème est que seule une petite partie de ces néonicotinoïdes est absorbée par la plante et le reste va dans le sol, donc on en retrouve des traces même dans les plantes non traitées », explique Nicolas Laarman. « Les pollinisateurs sont d’excellents symboles des problèmes de l’agriculture aujourd’hui. Je suis persuadé que les idées changent sur l’agriculture. Cela se passe déjà auprès du public, puis ce sera le tour des politiques. Les alternatives au système actuel sont l’avenir, j’en suis convaincu. Il y a de gros lobbies et de gros intérêts en jeu, mais cela vaut le coup de se battre », affirme le directeur général de Pollinis.
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