Rédigé par Emmanuelle Bertrand le 7 mar 20
70 %
de l’eau douce dans le monde sert à l’agriculture, la transformation
des aliments, le transport et la chaîne du froid. Ces activités sont
responsables de 17 et 35 % des émissions de GES. 85 % des océans sont
victimes de surpêche. Une solution commence à se dessiner : l’aquaponie.
L’aquaponie ou la combinaison d’aquaculture et hydroponie
Si
à l’oreille, l’aquaponie pourrait nous faire penser à l’une des
nouvelles pratiques sportives en piscine, il n’en est rien en réalité.
En effet, l’aquaponie, mot né de la contraction d’ « aquaculture » et d’
« hydroponie » définit une pratique agricole en circuit fermé permettant de produire conjointement des poissons et des légumes.
Autrement dit, c’est la combinaison d’un aquarium et d’une serre :
les poissons croissent dans des réservoirs tandis que les plantes sont
cultivées hors-sol, c’est-à-dire sans terre, leurs racines pendant dans
des bacs d’eau.
Les déjections des poissons, riches en nutriments,
sont acheminées vers des récipients d’eau où trempent les racines des
légumes. En même temps que les plantes se développent, elles filtrent
filtrent l’eau qui, ainsi nettoyée, est à nouveau renvoyée vers les
réservoirs à poissons, créant ainsi un cercle vertueux.
Économies d’eau, pas de pesticides ni antibiotiques
Ce système astucieux permet aujourd’hui de réaliser de très importantes économies d’eau : jusqu’à 90 % par rapport à l’aquaculture et l’hydroponie pris séparément, mais également d’éviter les recours à des intrants chimiques et permettre ainsi une production plus naturelle, et même dans la plupart des cas, sans pesticides ni antibiotiques.
L’aquaponie, bien qu’elle en ait en général toutes les caractéristiques, ne peut toutefois bénéficier du label AB (Agriculture Biologique) car la production est réalisée hors-sol.
Certains voient dans l’aquaponie une des solutions pour répondre à la demande alimentaire d’une population mondiale qui augmente fortement
(9 milliards d’habitants en 2050) alors même que la surface agricole
disponible tend à se réduire en raison, de façon logique, de cette même
pression démographique mais également de l’appauvrissement des sols et
du réchauffement climatique.
Un système vieux comme le monde
Si
les avantages liés au mariage de l’aquaculture et de l’hydroponie ont
permis à l’aquaponie d’émerger depuis les années 70 au Canada, aux
États-Unis, en Australie, ou en Nouvelle-Zélande et de susciter un début
d’intérêt en Europe, c’est en réalité une pratique ancienne dont on retrouve la trace en Chine, chez les Aztèques, et même chez les Égyptiens de l’Antiquité.
En Chine, mais aussi en Thaïlande, la « rizipisciculture » – c’est-à-dire l’élevage de poissons dans les rizières – peut être considérée comme une forme ancestrale d’aquaponie.
Les
Aztèques, également, créaient des canaux à poissons et îles
artificielles flottantes où ils cultivaient du maïs, des courges… Ils
collectaient au fond des canaux les déchets des poissons et les
utilisaient comme engrais.
Les pharaons d’Égypte quant à eux, faisaient également construire des jardins aquatiques intégrant des élevages de poissons.
Plus
récemment, des fermes aquaponiques en ville se sont développées aux
USA avec BrightFarms et au Canada avec Lufa Farms et commencent à être
sérieusement étudiées en Allemagne mais également en France.
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