Agriculture | | Sophie Fabrégat
Sophie Fabrégat, journaliste
Rédactrice en chef adjointe
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Utiliser les richesses de la nature
Mais au fait, c'est quoi le biocontrôle ? "C'est utiliser des mécanismes de défense naturelle pour lutter contre les ennemis des cultures, explique Hervé Guyomard. Les solutions peuvent porter sur les macro-organismes [insectes, acariens…], les micro-organismes [virus, bactéries…], les médiateurs chimiques [phéromones d'insectes et kaïromones] et les substances naturelles". Les
exemples les plus connus sont le recours à des prédateurs naturels pour
lutter contre des ravageurs ou l'utilisation de la confusion sexuelle
pour perturber leur reproduction. Mais ce n'est que la partie émergée de
l'iceberg... Il existe aussi le piégeage à phéromones, la lutte
autocide (qui consiste à introduire des mâles ravageurs stériles pour
entrer en compétition avec les mâles fertiles), le répulsif de ponte,
les répulsifs, les stimulateurs de défense naturelle, les substances
naturelles (cuivre, potassium...) en remplacement de substances de
synthèse...
Toutes ces solutions
ne pourront pas se substituer totalement aux produits phytosanitaires.
La plupart de ces produits permettent avant tout une diminution des
apports en produits de synthèse, afin de minimiser les impacts
environnementaux tout en maintenant un niveau élevé de protection des
cultures.
"Parfois, l'efficacité des solutions est partielle et il faut les
combiner à d'autres leviers, comme un allongement des rotations… Cela
demande beaucoup d'expérimentations sur le terrain", explique Hervé Guyomard.
Accélérer l'émergence de solutions
"Dans le végétal, certaines solutions de biocontrôle sont anciennes, mais leur développement reste modéré, souligne Christian Lannou, chef du département Santé des plantes de l'Inra. Le défi est d'intégrer ces méthodes dans les systèmes de culture, cela demande un pilotage très fin". D'où l'intérêt d'accélérer les tests sur les produits et de mener des projets de recherche précompétitifs. "Le grand travail de cette année va être de promouvoir des plateformes d'essais rapides", souligne Hervé Guyomard.
Selon l'Inra France, entre 2013 et 2014, l'industrie française du
biocontrôle a affiché un taux de croissance de 11%. Alors que ces
solutions représentent 5% du marché de la protection des cultures
aujourd'hui, l'ambition est de porter cette part à 15% à l'horizon 2020.
"La science a fait beaucoup de progrès en analyse (phénotypage…),
cela permet d'accélérer les recherches sur les solutions de
biocontrôle", explique le directeur scientifique de l'Inra France.
Si celles-ci sont plutôt bien développées dans les cultures sous
serre notamment, ce n'est pas le cas dans d'autres cultures. Le
consortium va notamment se pencher sur la lutte contre les adventices en
grandes cultures (blé, maïs, colza…) : "C'est un domaine où il existe peu de solutions de biocontrôle. Nous allons regrouper les acteurs intéressés par ce sujet".
Le biocontrôle doit participer aux objectifs de réduction de l'usage de
produits phytosanitaires.
Sophie Fabrégat, journaliste
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