Une partie de l’équipe du projet « Riz Eternel » sur le terrain (terrasses de Yuanyang, Yunnan, Chine). © Cirad, H. Adreit
Des chercheurs de l’Inra et du Cirad, en collaboration avec une équipe chinoise, montrent comment les systèmes immunitaires très différents de deux variétés de riz co-cultivés depuis des siècles réussissent à déjouer durablement les agents pathogènes. Des expérimentations similaires vont désormais être menées sur le blé.
« Publiés dans eLIFE, ces travaux soulignent l’importance de la
diversité fonctionnelle des plantes pour restreindre les épidémies à
l’échelle du paysage », précise un communiqué de presse du 26 décembre
de l’Inra et du Cirad.
Immunité basale et gènes de résistance
Le
champignon Magnaporthe oryzae (responsable de la pyriculariose) fait
des ravages dans les rizières du monde entier, détruisant chaque année
de quoi nourrir plus de 60 millions de personnes. Face à ces attaques,
les plantes mettent en place plusieurs stratégies. Une première ligne de
défense est basée sur l’immunité basale, via un certain nombre de
réponses antimicrobiennes. Pour déjouer cette immunité, les agents
pathogènes déploient un arsenal de protéines (les effecteurs). Les
plantes ont développé une autre stratégie de défense : des gènes de
résistance capables de détecter ces effecteurs et de bloquer plus
efficacement l’invasion microbienne. Mais les agents pathogènes sont
capables d’adapter leurs armes et de rendre rapidement inefficace les
gènes de résistance.
Le riz préservé des épidémies au Yuanyang
Dans
le sud-ouest de la Chine, les rizières de Yuanyang inscrites au
patrimoine mondial de l’Unesco s’étendent sur plus de 10 000 hectares.
Or, dans cette région où les agriculteurs n’utilisent pas de fongicide,
le riz est étonnamment préservé des épidémies. Pourquoi et comment ? Les
chercheurs de l’unité Biologie et génétique des interactions
plante-parasite (Inra, Cirad, Montpellier Supagro) et de l’Université
d’agriculture du Yunnan en Chine ont tenté de résoudre cette énigme.
Si
la présence de Magnaporthe oryzae y est avérée, ces rizières ne sont
que très peu affectées par le champignon. Or, deux types de variétés de
riz sont co-cultivés : du riz ordinaire (Indica) et du riz gluant
utilisé pendant les fêtes (Japonica). Les scientifiques ont montré que les variétés Japonica présentent une forte immunité basale et peu de gènes de résistance tandis qu’à l’inverse, les variétés Indica possèdent une faible immunité basale et beaucoup de gènes de résistance.
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