A gauche : plant d'Arabidopsis thaliana, permettant de mesurer
l'activité de l'immunité. A droite : culture in vitro du champignon
Fusarium graminearum en présence (2) et absence (3,6,7) d'un extrait de
microalgue agissant comme bio-pesticide © ImmunRise
Le mildiou, l'oïdium, la pourriture grise, la tavelure du pommier... Pour préserver les plantes de ces pathogènes, hormis les bio, les agriculteurs français font encore appel massivement aux pesticides de synthèse.
Douze
traitements sur la vigne, vingt-deux traitements sur les pommiers,
jusqu'à trente-six sur les pommes de terre ! Pour la santé des hommes,
de la terre et du vivant en général, cette stratégie est intenable. Après le tout chimique, on est entré dans lebio-contrôle.
Un mot pour dire qu'il s'agit désormais - afin de réduire de moitié le
recours aux pesticides comme l'exige les autorités publiques - de
trouver comment protéger les plantes autrement.
L'institut national de recherches agronomiques explore déjà différentes pistes: la
résistance génétique, le recours aux microbes antagonistes d'un
pathogène, aux insectes prédateurs (la coccinelle qui mange les pucerons
par exemple) ou encore les pièges à odeurs (attirer papillons et
chenilles par des phéromones.)
Mais une autre voie prometteuse s'annonce, faisant appel à la nature. C'est la solution des algues.
Une
voie issue des travaux de Lionel Navarro de l'institut de biologie de
l'Ecole normale supérieure. Ce chercheur s’intéresse aux mécanismes de
résistances aux bactéries pathogènes. Et plus précisément à une
micro-algue particulière parce que sa présence dans quasiment tous les
océans de la planète laissait supposer qu'elle avait des super pouvoirs !
Si vous colonisez un aussi grand territoire, c'est que pour vous
défendre des agressions, vous avez un système de défense plutôt
costaud...
Lionel Navarro a en effet montré les pouvoirs d'une
micro algue au nom encore secret, et protégée par un brevet. Si on met
en présence une plante et des virus, des bactéries, ou des champignons,
celle-ci enclenche un mécanisme ancestral appelé "extinction des gènes" :
une mise sous silence de certains gènes qui ne s'expriment plus,
conférant à la plante une immunité.
Si lors de l'attaque
la plante bénéficie du soutien des micro-algues, deux effets sont
possibles : soit l'algue booste les défenses immunitaires de la plante,
soit elle tue le pathogène qui s'est introduit dans le végétal.
Les
tests en laboratoire sont très convaincants sur la vigne, les légumes
et les arbres fruitiers où ils accusent 80 % d'efficacité et encore plus
sur le mildiou où on atteint les 100% Pour la vigne, c'est même un
effet 3 en 1 car trois maladies sont vaincues en même temps. Reste à
présent à faire la démonstration au champ.
Une fois cette étape
passée, et quand les principes actifs seront complètement identifiés, il
sera possible de cultiver l'algue en bassin comme les ostréiculteurs,
puis d'en faire une solution à pulvériser.
Pour valoriser cette recherche, une jeune entreprise innovante, ImmunRise,
a été créée. Dans le bordelais, les vignerons, pressés de diminuer les
traitements semblent très attentifs à cette innovation. Il sera, selon
toute vraisemblance, plus difficile de l'appliquer à de grandes cultures
de type blé ou maïs.
Pour l'INRA, l'Institut national de la
recherche agronomique, la transition de l'agriculture d'aujourd'hui à
celle, durable et écologique de demain, passera par un cocktail de
solutions, dont les micro algues.
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