Un consortium international, coordonné par l’Inra France et l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL)1 en
 Suisse, et impliquant notamment le CNRS, l’Université de Lorraine et 
Aix-Marseille Université, a décrypté le génome et le transcriptome de 
l’un des champignons symbiotiques le plus fréquemment associé aux arbres
 forestiers. Cette avancée permet de mieux comprendre l’évolution de la 
symbiose entre plantes et champignons mycorhiziens, et en particulier le
 rôle de ce champignon dans l’adaptation à la sécheresse des arbres. Les
 connaissances acquises sur ce génome devraient faciliter l’utilisation 
de la symbiose dans la gestion des forêts soumises à des épisodes de 
sécheresse de plus en plus fréquents. Le détail de ces résultats est 
publié dans l'édition avancée en ligne de Nature Communications du 7 
septembre 2016.
L’association symbiotique entre les racines des
 arbres forestiers et les champignons ectomycorhiziens est une règle 
quasi-générale (voir encadré) ; elle est indispensable à l’établissement
 et à la pérennité des forêts, de même qu’à leur productivité.
Le génome du principal champignon symbiotique forestier est décrypté !
Cenococcum geophilum
 est le champignon ectomycorhizien le plus fréquemment associé aux 
racines des arbres des forêts tempérées et boréales. Il est 
particulièrement abondant lors des sécheresses estivales et ses 
ectomycorhizes protègent les racines de la dessiccation.
Grâce à une collaboration étroite entre l’Inra et le WSL2,
 ainsi qu’au Joint Genome Institute (JGI) et à d’autres partenaires 
académiques, le génome et le transcriptome de ce champignon symbiotique 
sont désormais décryptés. Les gènes et leurs produits d’expression, des 
molécules à l’origine des protéines de l’organisme, ont été identifiés. 
Leur analyse, réalisée dans cette étude, apporte des informations 
nouvelles sur les mécanismes moléculaires nécessaires à la mise en place
 d’une symbiose mycorhizienne équilibrée profitant aux deux partenaires.
 En particulier, elle révèle que l’expression de plusieurs gènes codant 
des protéines membranaires formant des « pores » perméables aux 
molécules d'eau, les aquaporines, est fortement stimulée lors de 
l’interaction symbiotique. Cette induction est modulée lorsque la plante
 hôte est soumise à un stress hydrique. Ce mécanisme moléculaire 
original pourrait expliquer le rôle bénéfique de Cenococcum sur son hôte lors des périodes de forte sécheresse.
Comme ses cousins de la famille des Basidiomycètes, Cenococcum geophilum
 a perdu la plupart des enzymes permettant de dégrader la lignine et les
 polysaccharides, comme la cellulose, accumulés dans le sol et la paroi 
de la plante ; il dépend ainsi de sa plante-hôte pour subvenir à ses 
besoins en sucres et énergie. En contrepartie, il dispose d’un 
incroyable répertoire de gènes de communication et de signalisation 
utilisé afin de dialoguer avec ses différentes plantes hôtes.
Ces
 travaux s’inscrivent dans un programme ambitieux, mené en collaboration
 étroite avec le Joint Genome Institute (JGI), visant à caractériser le 
génome de plus de 1000 champignons afin de mieux comprendre le rôle de 
ces microbes dans les écosystèmes terrestres soumis à des contraintes 
climatiques de plus en plus fréquentes.
A quoi sert une symbiose mycorhizienne ?
Les
 filaments fongiques des champignons symbiotiques associés aux racines 
prospectent le sol dont ils exploitent les ressources minérales solubles
 et l’eau pour le compte de la plante. En échange de ces éléments 
nutritifs, l’arbre alimente son partenaire symbiotique en sucres 
simples, afin de pourvoir à ses besoins énergétiques. Dans la racine, un
 réseau de filaments fongiques colonise l’espace intercellulaire 
constituant un site d’échanges intenses entre les deux partenaires : 
sucres contre phosphore, azote et eau.
2 L’Inra et le WSL sont partenaires au sein du réseau NFZ.forestnet
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