jeudi 15 septembre 2016

Agriculture en Algérie : La filière avicole prend des ailes



Le ministère de l'Agriculture et les professionnels de la filière avicole ont convenu, de tracer une feuille de route pour 2016-2019, qui sera mise en œuvre à partir de l’année en cours. Une nouvelle initiative qui devrait relancer cette filière, selon un plan d’action et de mesures déclinées en échéances à court, moyen et long termes. « Ce plan d’action sera consolidé et partagé entre les différents intervenants publics/privés  au courant des mois prochains ». Selon les déclarations du conseiller et représentant du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, M. Omari Chérif.

 Il faut dire que le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole avait présenté un point de situation de la filière aviculture en Algérie, tout en avançant des propositions pour sa relance. Les membres du bureau du Conseil avicole, ont soulevé notamment les conditions de fonctionnement actuel de la filière, les principales contraintes des éleveurs et les moyens de stabiliser et de réguler les marchés des produits avicoles. « C’est une occasion pour nous de procéder à une organisation de la filière, en mettant en place une stratégie qui permette de régulariser en amont le marché », a fait savoir le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole, Kali El Moumen, en ajoutant que son Conseil, milite pour la régularisation du marché avicole en fixant le prix d’un plateau d’œufs à 240 DA (au lieu de 420 le prix actuel du plateau d’œufs — et 180 à 200 DA/kg pour la viande blanche (au lieu de 400 DA le kg enregistré sur les marchés actuellement).

Toujours selon les experts du secteur, tant que le déficit de la production des protéines d’origine avicole subsistera, le consommateur sera toujours l’otage de petits éleveurs dont la qualité avicole ne subit quasiment aucun contrôle. Il se demandera encore longtemps si la cuisse rôtie qu’il va déguster ou le poulet qu’il va acheter proviennent d’un animal vivant et abattu selon les normes hygiéniques ou d’un volatile déjà mort. Il ne sait pas non plus quand les œufs exposés à la vente ont été pondus. Même s’il n’est pas certain de la provenance du poulet qu’il va acheter, le consommateur algérien le paye probablement, « cher » par apport à ses revenus et surtout pour les faibles bourses.
Selon les experts du ministère, notre pays a atteint un palier appréciable dans la maîtrise de la génétique en matière de volaille de la grande production, celle du poulet, de la dinde et des œufs se fait toujours de manière archaïque.
 Et pour cause, les réseaux de l’informel ont la mainmise sur plus de 70% du système productif. Du coup se pose avec acuité le problème des risques sur la santé des consommateurs, mais aussi le cadre de travail dégradé des éleveurs agréés, a indiqué encore, M. Kali.

Plaidoyer pour la mise en place d’un système de régulation plus efficace

C’est dans ce sillage, et selon le même responsable, la régularisation des marchés se fait à travers « l’organisation ». À cet effet, poursuit-il,  une feuille de route a été arrêtée pour mieux organiser la filière avicole. Il s’agit notamment de poursuivre le travail de « concertation » entre le bureau du CNIF aviculture et les services du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche à l’effet de consolider et d’enrichir les propositions du Conseil interprofessionnel de la filière avicole dont les acteurs se sont mis d’accord pour réunir les conditions d’anticipation des interventions publiques et privées pour la « régulation et l’organisation » de la filière entre le MADRP, les professionnels et les autres intervenants : institutions, assurances, banques, dispositifs d’accompagnement à l’investissement.

Néanmoins, il y a lieu de souligner que, confrontée, il y a des décennies, à une désorganisation avérée, la filière avicole commence progressivement à se structurer. La création d’organes, tels que le Conseil interprofessionnel, donne des résultats satisfaisants. Cela se traduit à travers l’augmentation significative de la production et de la consommation. Plus de 700.000 tonnes de viande blanche ont été produites en 2015.
La hausse a également touché les œufs dont la consommation avoisinerait les 60.000 milliards d’unités pour la même période. Cela représente « trois fois » les besoins du marché national, a souligné, M. Omari, en admettant toutefois, le « bouleversement » des marchés, notamment la dominance de l’informel, chose qui provoque la cherté des produits avicoles.

Il a préconisé, d’aller vers, l’industrialisation, de cette surproduction pour éviter le gaspillage, mais aussi pour le maintient de prix « raisonnables ». L’aviculture mérite, toutefois, une meilleure prise en charge non pas de la part du ministère de l’Agriculture, qui a mis en place tous les dispositifs d’aide et d’assistance nécessaires à l’instar des autres filières, mais des acteurs eux-mêmes.
La tutelle leur a offert le cadre légal, la formation, l’adhésion aux nouvelles techniques, l’appui pour qu’ils s’organisent davantage.

Le ministère,  par la mise en place d’un dispositif de régulation triangulaire composé du ministère, de l’Office national de l’alimentation du bétail (Onab) et des aviculteurs. Les abattoirs publics et privés font eux aussi partie de ce partenariat. Le grand souhait, est que le marché finisse par imposer un prix de vente qui arrange à la fois le consommateur et le producteur.

Autrement dit, tout le monde doit trouver son compte dans cette activité, souligne-t-il. « Il faut installer un système de régulation plus efficace et améliorer au mieux l’organisation de la filière », avoue-t-il, en estimant, que les jeunes qui exercent dans l’informel s’intègrent dans la filière avicole pour avoir un cadre légal et officiel.
 
Kafia Ait Allouache


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