Par Hénin Frédéric
La production de luzerne est une très bonne alternative au soja
pour couvrir les besoins en protéines végétales de la planète.
L’industrialisation de sa production ouvre de très grandes opportunités à
l’export sur les marchés mondiaux.
Le constat établi par Coop de France déshydratation est implacable. « 180 millions d’hectares supplémentaires seront nécessaires à la fourniture de protéines végétales si la croissance de la population et la transition alimentaire continuent au rythme actuel. » Mais pour des raisons pédoclimatiques, ils ne pourront pas tous être cultivés en soja.
En revanche la capacité d’adaptation de la luzerne permet d’envisager
une expansion de la production de légumineuses et de protéines végétales
sur toutes les latitudes. Cette plante est en effet connue depuis 10
000 ans pour être facile à cultiver. Aussi, « elle a un rôle
considérable à jouer à l’avenir dans une agriculture responsable,
capable de lever les défis de l’alimentation mondiale », défend Coop de France déshydratation dans l’édition 2016/2018 de son ouvrage « Références luzerne ».
Or, avec ses 300 000 hectares cultivés, dont 60 000 destinés à la
déshydratation, il semble que la France n’ait pas encore intégré ce
potentiel de développement.
En fait, la luzerne n’est plus en France le fourrage produit et
autoconsommé en masse dans les exploitations d'élevage pour alimenter
les animaux. Mais sous sa forme déshydratée, c’est un produit industriel
qui ne manque pas de débouchés, ni sur le marché intérieur, ni à
l’export. Même si, cette année, le marché est tendu car la production a
pâti de la sécheresse.
Les marchés mondiaux de produits agricoles comptent sur les vertus de
cette plante pour compenser le déficit mondial en protéines végétales.
Dans les cinq prochaines années, la Chine devra trouver 3 millions de
tonnes de luzerne (matière sèche) en plus du million de tonnes actuel
acheté auprès de pays tiers. Le pays ne produit en effet qu’un million
de tonnes, selon Coop de France déshydratation.
Un marché mondial d’excédents
Certes l’Empire du milieu a relancé la culture de luzerne mais pas
suffisamment pour être autonome. La production des 264 000 hectares en
production couvre à peine la moitié de ses besoins.
Or les pays exportateurs de Luzerne se comptent à peine sur les doigts
d’une main. Ce fourrage est avant tout autoconsommé dans les
exploitations d'élevage où la plante est cultivée. A l’export, le marché
de la luzerne est un marché d’excédents. Et les échanges commerciaux
portent sur des quantités marginales comparées aux quantités de
fourrages produites.
Les Etats-Unis cultivent 7,5 millions d’hectares de luzerne et
exportent 10 % de leur production, soit environ 4,5 millions de tonnes.
C’est une culture qui doit être rentable comme les autres car elle n’est
quasiment pas subventionnée. En Amérique du nord, la luzerne est aussi
bien produite sur les toundras du nord Canada qu’aux portes du désert
mexicain, là où le soja ne peut être cultivé.
En Argentine, le potentiel de production est estimé à 7 millions
d’hectares (c’était la surface cultivée en 1977) contre 800 000
hectares actuellement. Seules quelques dizaines de milliers de tonnes
sont exportées au Moyen-Orient.
Plus de la luzerne pour importer moins de protéines végétales
Pour vendre plus de luzerne, l’Argentine devra produire des fourrages
standardisés (18 % de matière sèche) et se doter d’infrastructures
efficaces pour acheminer à faibles coût le fourrage produit.
En Europe, l’Espagne est le premier producteur de luzerne déshydratée
(141 000 hectares réservés). Elle se distingue des autres pays en
exportant jusqu’à 40 % de sa production (1,4 million de tonnes) chez ses
voisins européens et au Moyen-Orient. La Chine est devenue depuis 2014
un débouché.
En France, l’extension de la culture de colza et de tournesol a rendu
notre pays moins dépendant des importations de protéines végétales pour
subvenir aux besoins de ses filières animales. Mais compte tenu de
l’essor du marché mondial des protéines végétales, la France pourrait
réfléchir à sécuriser son approvisionnement en développant la production
de luzerne déshydratée. Sinon, les éleveurs devront en acheter au prix
fort...
Source: http://wikiagri.fr/
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