dimanche 3 janvier 2016

Luzerne déshydratée, un marché mondial de plusieurs millions de tonnes dans moins de 5 ans

Par Hénin Frédéric



La production de luzerne est une très bonne alternative au soja pour couvrir les besoins en protéines végétales de la planète. L’industrialisation de sa production ouvre de très grandes opportunités à l’export sur les marchés mondiaux.

Le constat établi par Coop de France déshydratation est implacable. « 180 millions d’hectares supplémentaires seront nécessaires à la fourniture de protéines végétales si la croissance de la population et la transition alimentaire continuent au rythme actuel. » Mais pour des raisons pédoclimatiques, ils ne pourront pas tous être cultivés en soja.
En revanche la capacité d’adaptation de la luzerne permet d’envisager une expansion de la production de légumineuses et de protéines végétales sur toutes les latitudes. Cette plante est en effet connue depuis 10 000 ans pour être facile à cultiver. Aussi, « elle a un rôle considérable à jouer à l’avenir dans une agriculture responsable, capable de lever les défis de l’alimentation mondiale », défend Coop de France déshydratation dans l’édition 2016/2018 de son ouvrage « Références luzerne ».


Or, avec ses 300 000 hectares cultivés, dont 60 000 destinés à la déshydratation, il semble que la France n’ait pas encore intégré ce potentiel de développement.
En fait, la luzerne n’est plus en France le fourrage produit et autoconsommé en masse dans les exploitations d'élevage pour alimenter les animaux. Mais sous sa forme déshydratée, c’est un produit industriel qui ne manque pas de débouchés, ni sur le marché intérieur, ni à l’export. Même si, cette année, le marché est tendu car la production a pâti de la sécheresse.
Les marchés mondiaux de produits agricoles comptent sur les vertus de cette plante pour compenser le déficit mondial en protéines végétales. Dans les cinq prochaines années, la Chine devra trouver 3 millions de tonnes de luzerne (matière sèche) en plus du million de tonnes actuel acheté auprès de pays tiers. Le pays ne produit en effet qu’un million de tonnes, selon Coop de France déshydratation.

Un marché mondial d’excédents

Certes l’Empire du milieu a relancé la culture de luzerne mais pas suffisamment pour être autonome. La production des 264 000 hectares en production couvre à peine la moitié de ses besoins.
Or les pays exportateurs de Luzerne se comptent à peine sur les doigts d’une main. Ce fourrage est avant tout autoconsommé dans les exploitations d'élevage où la plante est cultivée. A l’export, le marché de la luzerne est un marché d’excédents. Et les échanges commerciaux portent sur des quantités marginales comparées aux quantités de fourrages produites.
Les Etats-Unis cultivent 7,5 millions d’hectares de luzerne et exportent 10 % de leur production, soit environ 4,5 millions de tonnes. C’est une culture qui doit être rentable comme les autres car elle n’est quasiment pas subventionnée. En Amérique du nord, la luzerne est aussi bien produite sur les toundras du nord Canada qu’aux portes du désert mexicain, là où le soja ne peut être cultivé.
En Argentine, le potentiel de production est estimé à 7 millions d’hectares  (c’était la surface cultivée en 1977) contre 800 000 hectares actuellement. Seules quelques dizaines de milliers de tonnes sont exportées au Moyen-Orient.

Plus de la luzerne pour importer moins de protéines végétales

Pour vendre plus de luzerne, l’Argentine devra produire des fourrages standardisés (18 % de matière sèche) et se doter d’infrastructures efficaces pour acheminer à faibles coût le fourrage produit.
En Europe, l’Espagne est le premier producteur de luzerne déshydratée (141 000 hectares réservés). Elle se distingue des autres pays en exportant jusqu’à 40 % de sa production (1,4 million de tonnes) chez ses voisins européens et au Moyen-Orient. La Chine est devenue depuis 2014 un débouché.
En France, l’extension de la culture de colza et de tournesol a rendu notre pays moins dépendant des importations de protéines végétales pour subvenir aux besoins de ses filières animales. Mais compte tenu de l’essor du marché mondial des protéines végétales, la France pourrait réfléchir à sécuriser son approvisionnement en développant la production de luzerne déshydratée. Sinon, les éleveurs devront en acheter au prix fort...



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