Les gardiennes postées à l’entrée de
la ruche assurent la défense de la colonie, une des tâches les plus
importantes. © Waugsberg, Wikimedia Commons, CC BY-SA 3.0
La relation entre Hommes et abeilles est très ancienne, comme l’illustrent des peintures rupestres
âgées de 15.000 ans montrant des figures humaines collectant du miel.
Cette relation privilégiée a toujours eu un côté douloureux : les abeilles
n’apprécient pas que le fruit de leur travail, le miel si ardûment
produit tout au long du printemps et de l’été, leur soit volé par
quiconque, y compris l’Homme. Elles répondent par des attaques et des
piqûres qui peuvent mettre en danger la vie de l’intrus.
Une équipe internationale a découvert que certaines odeurs florales ont la
capacité surprenante de diminuer l’agressivité des abeilles malgré des
intrusions qui déclenchent une phéromone d’alarme. Les résultats de ces
expériences ouvrent des perspectives importantes pour l’apiculture.
La relation entre Hommes et abeilles est très ancienne, comme l’illustrent des peintures rupestres
âgées de 15.000 ans montrant des figures humaines collectant du miel.
Cette relation privilégiée a toujours eu un côté douloureux : les abeilles
n’apprécient pas que le fruit de leur travail, le miel si ardûment
produit tout au long du printemps et de l’été, leur soit volé par
quiconque, y compris l’Homme. Elles répondent par des attaques et des
piqûres qui peuvent mettre en danger la vie de l’intrus.
Les abeilles ont toujours exercé une véritable fascination sur les humains de par leur organisation sociale complexe et leurs systèmes de communication sophistiqués.
Une des tâches les plus importantes au sein de cette organisation est
justement la défense de la colonie assurée par des gardiennes postées à
l’entrée de la ruche. Ces individus ont la responsabilité de détecter et
de signaler les potentielles menaces pour la colonie. Pour ce faire,
elles exposent leur dard et, en battant des ailes, dispersent une phéromone d’alarme, une substance chimique qui déclenche l’attaque des congénères envers l’intrus.
Mélanger les odeurs n’empêche pas les abeilles de détecter la phéromone d’alarme
Afin d’étudier l’agressivité des abeilles dans
l’environnement contrôlé du laboratoire, Morgane Nouvian, étudiante en
thèse en cotutelle entre l’université de Toulouse et celle du
Queensland, a mis au point un nouveau test dans lequel deux individus
sont placés dans une petite arène circulaire et confrontés à un leurre
en mouvement
qui déclenche le comportement d’agression. Des odeurs peuvent aussi y
être libérées, permettant ainsi aux chercheurs d’étudier leur influence
sur l’agressivité des abeilles.
Comme on pouvait s’y attendre, beaucoup plus d’abeilles piquent
le leurre lorsque la phéromone d’alarme est libérée dans l’arène. À
l’inverse, les odeurs florales présentées en l’absence de phéromone
d’alarme n’ont aucun effet. Cependant, en présence simultanée de
certaines odeurs florales et de la phéromone d’alarme, les abeilles ne
répondent plus au leurre de manière agressive, ces odeurs bloquent donc
l’effet de la phéromone.
Afin d’écarter la possibilité que ces odeurs
florales masquent simplement l’odeur de la phéromone, c’est-à-dire que
celle-ci ne soit plus perceptible dans le mélange d’odeurs, les
scientifiques ont entraîné des abeilles à associer le mélange de
phéromone d’alarme et d’odeur florale calmante avec du sucre. Ils ont
constaté qu’après avoir appris ce mélange, les abeilles étaient
parfaitement capables de répondre à la phéromone seule, cette fois en
étirant leur proboscis
(langue) dans l’attente du sucre. De cette manière, ils ont montré que
le fait de mélanger les odeurs n’altère pas la capacité des abeilles à
détecter la phéromone d’alarme.
Les signaux contradictoires diminuent l’agressivité
Afin de comprendre pourquoi les abeilles perdent
leur agressivité lorsqu’elles sentent les odeurs florales calmantes,
l’équipe de Martin Giurfa du Centre de recherches sur la cognition
animale (CRCA – CNRS/université Toulouse III – Paul Sabatier) en
collaboration avec des chercheurs australiens des universités du
Queensland et Monash a exposé des abeilles nouveau-nées à ces odeurs et a
découvert qu’elles provoquaient des réponses alimentaires même si les
abeilles testées n’avaient jamais été exposées à ces odeurs. De plus,
les abeilles françaises et australiennes ont réagi de la même façon aux
odeurs calmantes malgré leurs environnements très différents.
Ainsi, les odeurs calmantes agissent probablement
comme des signaux innés indiquant la présence de nourriture. En
conséquence, lorsque l’odeur florale appétitive et la phéromone d’alarme
sont présentées ensemble aux abeilles, ces insectes
reçoivent deux signaux contradictoires : l’un qui indique la présence
de nourriture à proximité et l’autre qui, à l’inverse, les alerte d’une
potentielle menace. Ce conflit provoque une diminution de l’agressivité
chez les abeilles, montrant ainsi que le signal alimentaire détourne les
abeilles des réponses défensives.
Les chercheurs ont vu dans ce résultat un potentiel
important pour gérer efficacement les colonies d’abeilles agressives.
Ils ont donc adapté leur test à des situations de terrain où ils ont
travaillé avec des ruches entières. Après avoir placé à l’entrée de la
ruche un compartiment permettant de délivrer les différentes odeurs, ils
ont mesuré l’agressivité des abeilles lorsqu’un drapeau était agité
devant la ruche, ce qui déclenche l’agressivité des gardiennes. Ils ont
de nouveau trouvé, cette fois au niveau de la colonie, que les odeurs
calmantes diminuent significativement les attaques des abeilles sur le
drapeau. Cette dernière expérience confirme ainsi leurs résultats,
publiés dans la revue Nature Communications, et ouvre des perspectives importantes concernant leur possible application à l’apiculture.
Source: http://www.futura-sciences.com/
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