Publié le 07/01/2016
Neuf scientifiques italiens sont soupçonnés d’avoir introduit,
accidentellement ou non, cette bactérie Xylella qui a engendré l’abattage de
milliers d’oliviers en Italie.
L’Institut
agronomique méditerranéen (IAM) avait été autorisé dès 2010, par le
ministère de l’Agriculture italien, à étudier Xylella, cette bactérie tueuse d’oliviers, dans son laboratoire de la région des Pouilles, relate le journal La Repubblica.
Mais
neuf chercheurs d’une antenne de l’IAM, l’Institut de protection des
plantes de Bari, et un responsable des services du ministre de
l’Agriculture, ont été mis en examen mi-décembre, révèle aujourd’hui le
magazine Sciences et Avenir.
Ils auraient introduit une souche de cette bactérie sur des oliviers des Pouilles dès 2010,
lors d’un atelier de travail, selon le procureur de Lecce, Cataldo
Motta. Une souche au préalable ponctionnée sur un caféier du Costa Rica,
afin de l’étudier.
L’ont-ils propagée accidentellement ou
volontairement ? L’instruction devrait permettre d’éclaircir ce point.
Pour l’heure, les scientifiques sont mis en examen pour « diffusion
d’une maladie des végétaux, présentation de fausses informations et faux
éléments matériels auprès de personnes publiques, pollution
environnementale, destruction de paysages remarquables ».
Xylella, c’est quoi ?
Cette
bactérie, dite Xylella fastidiosa, avait été décelée pour la première
fois en Europe sur des oliviers du sud de l’Italie, dans la région des
Pouilles, en 2013. Depuis, les scientifiques italiens assuraient que des
plants de caféiers en provenance du Costa Rica (Amérique latine)
étaient à l’origine de cette contamination. Acheminés par bateau jusqu’à
Rotterdam (Pays-Bas), ils auraient traversé le continent pour rallier
le sud de l’Italie.
Quels dommages a causé Xylella ?
Véhiculée
d’un arbre à l’autre par le cercope des prés (un petit insecte d’à
peine 6 mm), cette bactérie ne se contente pas de frapper les oliviers :
elle peut toucher près de 200 végétaux, dont les agrumes, amandiers,
pêchers, pervenches, chênes, lauriers-roses, etc. D’autant plus
inquiétant que cette maladie demeure incurable.
Quelles mesures ont été prises ?
Sitôt la bactérie détectée, « la Commission européenne a exigé le confinement des zones touchées et l’arrachage des arbres malades, rappelait l’été dernier Éric Andrieu, eurodéputé socialiste. C’est la seule façon de lutter contre cette peste végétale. Mais l’Italie a manqué de fermeté. »
Un
périmètre de sécurité a bien été établi au sud, avec obligation de
détruire tout arbre contaminé, ainsi que les végétaux à 100 mètres à la
ronde. Mi-2015, deux ans après la détection de la bactérie, un million
d’oliviers - sur les 60 que comptaient les Pouilles - avaient déjà été
arrachés.
Inefficace, dénoncent depuis des mois des producteurs
qui demandent à l’Union européenne d’exiger un confinement des arbres
malades, plutôt qu’une destruction systématique. Il s’agit surtout
d’éviter le massacre d’arbres parfois multi-centenaires.
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