vendredi 8 janvier 2016

Bactérie tueuse d'oliviers : neuf chercheurs italiens mis en examen

Publié le 07/01/2016



Neuf scientifiques italiens sont soupçonnés d’avoir introduit, accidentellement ou non, cette bactérie Xylella qui a engendré l’abattage de milliers d’oliviers en Italie.




Que leur reproche-t-on ?

L’Institut agronomique méditerranéen (IAM) avait été autorisé dès 2010, par le ministère de l’Agriculture italien, à étudier Xylella, cette bactérie tueuse d’oliviers, dans son laboratoire de la région des Pouilles, relate le journal La Repubblica.
Mais neuf chercheurs d’une antenne de l’IAM, l’Institut de protection des plantes de Bari, et un responsable des services du ministre de l’Agriculture, ont été mis en examen mi-décembre, révèle aujourd’hui le magazine Sciences et Avenir.
Ils auraient introduit une souche de cette bactérie sur des oliviers des Pouilles dès 2010, lors d’un atelier de travail, selon le procureur de Lecce, Cataldo Motta. Une souche au préalable ponctionnée sur un caféier du Costa Rica, afin de l’étudier.
L’ont-ils propagée accidentellement ou volontairement ? L’instruction devrait permettre d’éclaircir ce point. Pour l’heure, les scientifiques sont mis en examen pour « diffusion d’une maladie des végétaux, présentation de fausses informations et faux éléments matériels auprès de personnes publiques, pollution environnementale, destruction de paysages remarquables ».

Xylella, c’est quoi ? 

 

Cette bactérie, dite Xylella fastidiosa, avait été décelée pour la première fois en Europe sur des oliviers du sud de l’Italie, dans la région des Pouilles, en 2013. Depuis, les scientifiques italiens assuraient que des plants de caféiers en provenance du Costa Rica (Amérique latine) étaient à l’origine de cette contamination. Acheminés par bateau jusqu’à Rotterdam (Pays-Bas), ils auraient traversé le continent pour rallier le sud de l’Italie.

Quels dommages a causé Xylella ? 

 

Véhiculée d’un arbre à l’autre par le cercope des prés (un petit insecte d’à peine 6 mm), cette bactérie ne se contente pas de frapper les oliviers : elle peut toucher près de 200 végétaux, dont les agrumes, amandiers, pêchers, pervenches, chênes, lauriers-roses, etc. D’autant plus inquiétant que cette maladie demeure incurable.

Quelles mesures ont été prises ? 

 

Sitôt la bactérie détectée, « la Commission européenne a exigé le confinement des zones touchées et l’arrachage des arbres malades, rappelait l’été dernier Éric Andrieu, eurodéputé socialiste. C’est la seule façon de lutter contre cette peste végétale. Mais l’Italie a manqué de fermeté. »
Un périmètre de sécurité a bien été établi au sud, avec obligation de détruire tout arbre contaminé, ainsi que les végétaux à 100 mètres à la ronde. Mi-2015, deux ans après la détection de la bactérie, un million d’oliviers - sur les 60 que comptaient les Pouilles - avaient déjà été arrachés.
Inefficace, dénoncent depuis des mois des producteurs qui demandent à l’Union européenne d’exiger un confinement des arbres malades, plutôt qu’une destruction systématique. Il s’agit surtout d’éviter le massacre d’arbres parfois multi-centenaires.


 

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