Publié le 09/11/ 2015
L'Algérie, importateur net de plantes aromatiques et médicinales
(PAM), devrait rendre ce créneau une filière à part entière afin de
tirer profit de son riche potentiel, à l'instar des autres pays du
Maghreb, ont recommandé mardi à Alger des experts maghrébins.
"L'Algérie importe presque la totalité de ses besoins en plantes
aromatiques et médicinales et les huiles essentielles", a indiqué à
l'APS Lamia Sahi, chercheur chargée d'études à l'Institut agronomique
méditerranéen de Montpellier (France) en marge d'un atelier régional sur
la valorisation des plantes médicinales et aromatiques dans les pays du
Maghreb organisé par la FAO.
Les importations des huiles essentielles notamment celles du citron et
de l'orange proviennent de pays méditerranéen comme la France, l'Italie
et l'Espagne, alors que les pays d'Asie tels que la Turquie, le
Pakistan, l'Inde et la Chine sont les principaux fournisseurs d'épices
du marché algérien.
Pourtant, "on peut trouver et produire ces épices ici en Algérie comme
le safran, la cannelle, et le curcuma", s'interroge cette experte
mettant en exergue certaines problématiques auxquelles est exposée cette
activité.
Il s'agit, entre autres, de l'état spontané de ces plantes qui les fait
exposer aux phénomènes du surfaçage et aux feux de forêts. C'est le cas
de l'armoise et de l'Alfa dont l'Algérie possède un grand potentiel.
Mme Sahi a souligné aussi que ces plantes sont marginalisées par les
politiques agricoles adoptées par le pays au profit des grandes cultures
comme les céréales.
L'Algérie a perdu aussi beaucoup de mise en culture de certaines
plantes à parfum telle que la rose et le géranium et la lavande qui
prospéraient jadis dans la Mitidja.
"Bien que la volonté politique existe, le marché national des PAM
demeure méconnu et manque d'informations, ce qui n'encourage pas les
investisseurs à se projeter dans ce domaine", estime cette chercheuse.
"Nous constatons des qu'il n'y avait pas de visibilité concernant les
PAM en Algérie", a soutenu Hamdane Allalou, directeur d'un salon
spécialisé dans les plantes aromatiques et médicinales Aromed.
Cet opérateur a identifié une dizaine de plantes qui sont abandonnées
et font objet de contrebande, donc elles sont valorisées ailleurs. C'est
le cas de l'armoise, du thym et de la menthe d'El Bayadh, a-t-il
précisé.
D'après lui, il existe un marché de ces plantes, mais mal structuré voire informel.
Dans d'autres pays du Maghreb, les PAM est une source de revenus comme
le Maroc et la Tunisie, néanmoins, elles font face à de nombreux défis
tels que le changement climatique, la désertification, la dégradation
des terres, la déforestation, le surpâturage et la pollution, selon
l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO).
Si les plantes endémiques et protégées sont menacées par d'extinction,
les autres plantes abondantes sont soumises à la cueillette abusive et à
l'urbanisation anarchique, constate la FAO.
"Il y a un grand potentiel dans la région, mais les pays ne sont pas au
même niveau d'avancement en termes de connaissance et de l'exploitation
de la ressource et la valorisation et la préservation de ces
ressources", note le représentant de la FAO en Algérie, Nabil Assaf.
Cet atelier va permettre aux experts des différents pays d'échanger
leurs connaissances et de présenter les avancées réalisées dans ce
domaine. Le Maroc est le pays qui a enregistré la plus importante
croissance dans le développement des PAM, en se classant 15è exportateur
dans le monde.
Avec ses 4.200 espèces dont 25% sont endémiques, ce pays fait face à
une problématique liée au commerce de ces produits dont la valeur
ajoutée profite au marché extérieur et aux intermédiaires.
"La matière première (des PAM) est vendue à des prix dérisoires et nous
importons le produit fini à des prix exorbitants", a indiqué Zantar
Said, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique de
Tanger.
D'autres chercheurs estiment que les PAM de la région demeurent
méconnues et appellent la communauté scientifique à s'impliquer dans la
valorisation des ces plantes.
"Il y a un grand effort à fournir entre les différents acteurs: les
chercheurs, les investisseurs et les organismes de valorisation pour
développer des recherches qui peuvent répondre aux questions que posent
les promoteurs", soutient Mohamed Neffati, professeur à l'Institut
tunisien des régions arides.
Ce chercheur préconise l'encouragement de petites et moyennes
entreprises pour la production des produits issus de ces plantes et
profiter de la demande croissante des marchés nationaux.
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