Publié le 28/11/2015
Dans quelques jours va
démarrer à Paris une conférence internationale sur le climat et le
réchauffement climatique appelée COP21.
Il s'agit, pour tous les
pays présents à cette conférence, de s'engager à prendre des mesures
pour limiter la diffusion dans l'atmosphère des gaz à effet de serre, en
particulier le CO2 (gaz carbonique).
Pour agir dans ce
domaine et dans celui de la protection de l'environnement des
possibilités existent, parmi lesquelles il y a l'agroforesterie.
Qu'est-ce-que l'agroforesterie ?
C'est l'association
d'arbres et de culture sur une même parcelle agricole. C'est valable
pour l'élevage, les cultures agricoles et la vigne.
Est-ce innovant ?
Non, cette pratique est
très ancienne, elle existe depuis la préhistoire. Dans l'Antiquité, chez
les grecs et les romains, les arbres servaient souvent de support à la
vigne. Encore de nos jours, au Portugal, on trouve quelques vignes
poussant le long des arbres. Les arbres et les cultures dans une même
parcelle existaient également au Moyen-Age.
Après la deuxième guerre
mondiale, le machinisme agricole et les produits phytosanitaires ont
provoqué l'extension des cultures pures et l'arrachage des arbres.
Quels sont les avantages d'une telle pratique ?
Les arbres et les
cultures sont complémentaires ; l'arbre remonte l'eau et les minéraux de
la profondeur du sol pour les remettre à disposition des cultures de
surface.
Les arbres créent un micro-climat sur la parcelle en protégeant les cultures des stress thermiques et hydriques.
Les arbres diversifient les sources de revenu sur l'exploitation par la vente du bois ou des fruits.
Les arbres restituent de la matière organique par les feuilles qui tombent et la décomposition des racines.
Des études de l'INRA
(Institut National de la Recherche Agronomique) montrent que les arbres,
en filtrant l'eau, réduisent la pollution des nappes phréatiques.
L'agroforesterie permet de réintroduire des auxiliaires de culture comme les abeilles et de nombreux prédateurs.
99% de la matière solide
de l'arbre provient du CO2 atmosphérique, ce sont donc des puits de
carbone de par leur capacité d'absorber et de conserver celui-ci. Ils
peuvent donc atténuer les effets du changement climatique, cela va bien
dans le sens des préoccupations actuelles. De même, l'utilisation des
arbres apporte une diminution des besoins en engrais et en pesticides.
Il faut savoir que
l'agroforesterie est subventionnée par la PAC (Politique Agricole
Commune), soutien européen activé par la France. Le montant des aides
peut atteindre 80% des coûts d'installation.
Agroforesterie et vigne
Sur le domaine de
Restinclières, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de
Montpellier, la Chambre d'Agriculture de l'Hérault et l'INRA
expérimentent depuis une dizaine d'années le comportement de la vigne en
présence d'arbres sur la même parcelle.
L'étude de l'influence
sur le rendement en fonction de l'éloignement du rang d'arbres montre
une baisse de celui-ci si les rangs se situent entre 2,50 m et 5 m, mais
aucun impact si les arbres sont à plus de 5 m. Les arbres n'ont pas non
plus d'influence sur les caractéristiques du raisin.
Plusieurs essences ont
été testées, noyer, merisier, cormier, érable, pin, cyprès, etc. Dans
les avantages qui ont été constatés il y a les services écologiques par
le stockage du carbone mais aussi le fait que les auxiliaires aiment
s'installer dans les arbres. Parmi ceux-ci on observe la présence des
prédateurs, des araignées rouges et jaunes, ravageurs très répandus sur
la vigne de la région. Ces prédateurs s'installent facilement sur le
feuillage du cormier, une essence d'arbre qui a un autre avantage, il
produit un bois précieux qui se vend cher (de 350 à 2 000 € le m3).
A cause du réchauffement climatique la maturation du raisin est de plus en plus précoce
entraînant un taux de sucre élevé et par conséquent un taux d'alcool
dans le vin également élevé. Or les études montrent que la présence du
cormier, par son feuillage, apporte l'ombre permettant un ralentissement
de la maturation significatif tout en laissant passer la lumière
nécessaire à la bonne évolution du cycle de maturation.
La vigne peut se marier avec d'autres essences d'arbres, notamment des fruitiers comme le pêcher des vignes ou l'amandier.
Comme dans la production
d'énergie où l'éolien ne peut pas être la solution unique de
remplacement des énergies fossiles, l'agroforeterie ne peut pas non plus
être la solution unique dans une production agricole et viticole plus
respectueuse de notre environnement, mais reste une alternative très
intéressante.
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