dimanche 5 juillet 2015

Simuler les canicules de demain pour sélectionner les céréales résistantes au changement climatique

 Clermont-Ferrand, 4 juil 2015 (AFP) - A Crouël, l'Institut national de recherche agronomique (Inra France) s'est doté d'un outil unique en Europe pour étudier en plein champ la tolérance des cultures au réchauffement climatique.



« Ce dispositif vise à concevoir les futures variétés de céréales qui seront adaptées aux conditions climatiques de demain », a exposé vendredi le président de l'Inra Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Baptiste Coulon, lors d'une visite de ce site implanté en périphérie de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Baptisée Phéno3C, cette plateforme de phénotypage haut débit fait partie du projet Phenome de l'Inra, financé par le programme Investissements d'avenir. Le site de Crouël est ainsi l'une des neuf infrastructures nationales spécialisées dans le phénotypage végétal, également étudié à Montpellier, Toulouse ou Dijon. « Le phénotypage, c'est mesurer des caractères intéressants sur des plantes. Donc l'idée ici, c'est de créer des conditions permettant de simuler ce que sera la culture en France dans les années 2050-2100 », a expliqué le coordinateur du projet Phenome, Jacques Le Gouis.
Installée en plein champ, la déclinaison clermontoise se compose de quatre structures métalliques, montées sur rails et recouvertes d'un toit en téflon, un matériau plastique transparent particulièrement résistant. Chacun de ces abris mobiles, capables de se déplacer en cas de pluie, peut protéger une centaine de micro-parcelles (de 1 mètre sur 2) contenant autant de variétés de plantes différentes (blé, maïs, tournesol, colza etc...). Ouverte aux scientifiques, aux instituts techniques et aux semenciers, cette plateforme est « unique en son genre par sa taille et sa capacité à tester au champ un grand nombre de variétés, avec au total 800 micro-parcelles », dont la moitié servent de témoin, s'enthousiasme M. Coulon.

Les caractéristiques des plantes étudiées via un robot, des caméras multispectrales et même des drones

A partir du printemps prochain, les chercheurs soumettront ces plantes de grandes cultures au stress hydrique et à une augmentation du CO2 dans l'air ambiant. « On va simuler des sécheresses en soustrayant la pluviométrie naturelle à ces parcelles expérimentales. Ensuite, on pourra ajuster, grâce à un système d'irrigation précis, la réserve en eau du sol pour soumettre les plantes à des scenarii climatiques très précis », a précisé Vincent Allard, un ingénieur de recherche. Contenu dans de grosses bonbonnes, le CO2 sera « aspergé à l'air libre dans le sens du vent » dans un immense anneau entourant la parcelle.
Puis en 2016, le site sera également doté d'une « Phénomobile », un petit robot autonome équipé de capteurs qui se déplacera au-dessus des parcelles afin de mesurer, parfois plusieurs fois par jour, les caractéristiques des plantes étudiées. « On ira encore plus loin avec des caméras multispectrales qui font de l'imagerie et permettent de regarder et de quantifier par exemple la masse des feuilles ou la teneur en azote, qui est un indice qui permet de mieux comprendre la réponse des plantes au stress hydrique », détaille Vincent Allard, qui évoque par ailleurs l'utilisation prochaine de drones dans le cadre de ce même dispositif.

Source:  http://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/strategie-technique-culturale/article/simuler-les-canicules-de-demain-pour-selectionner-les-cereales-resistantes-217-110955.html


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