Un technicien de la compagnie Optosmart, partenaire du projet, examine un champ de la plaine de la Bekaa au Liban, où les nouveaux capteurs développés pour optimiser l'irrigation vont être installés. (Image: Georges Abi Aad/UKLTH)
Il est difficile d'imaginer le lien qui pourrait exister entre une
énorme machine scientifique située sous Genève et un champ de tomates au
Liban. En fait, les deux ont besoin d'une technologie de pointe pour
fournir les meilleurs résultats, que les résultats en question soient
des tomates ou des analyses de physique. Même si des années-lumière semblent séparer ces deux activités, les mêmes défis techniques sont en jeu.
Le CERN participe désormais à un projet de recherche
visant à développer un système d'irrigation optimisé à partir des
technologies développées pour la physique des hautes énergies.
Le système d'irrigation utilisera des capteurs à fibres
optiques destinés à mesurer des paramètres tels que la température,
l'humidité, la concentration en pesticides, les engrais
et les enzymes dans le sol de champs cultivés. Si le développement réussit, il
s'agira
du premier système de capteurs à fibres optiques capable de mesurer tous ces
paramètres simultanément. Le système doit être simple et abordable, et
permettre d'optimiser l'irrigation afin d'économiser l'eau et
d'accroître le rendement des cultures. Il contribuera aussi à réduire la quantité
d'engrais et de pesticides, dans l'optique
d'une agriculture
durable.
Le programme de recherche a été lancé la semaine dernière par le UK Lebanon Tech hub dans le cadre de sa toute nouvelle unité de recherche associée, rattachée à son centre de recherche international. Le UK Lebanon Tech hub est une initiative de la Banque centrale du Liban et du gouvernement du Royaume-Uni visant à soutenir le développement de l'économie du savoir au Liban. Le CERN participe au projet aux côtés de plusieurs instituts et entreprises, tels que l'Université du Sannio, l'Institut national italien de physique nucléaire (INFN) de Naples, les entreprises Optosmart et National Instruments, l'Université libanaise et l'Institut de recherche agronomique du Liban. Le 11 janvier dernier, les partenaires ont signé un accord de collaboration intitulé " Fiber Optic Sensor Systems for Irrigation " (FOSS4I). Des capteurs d'humidité à fibres optiques innovants ont été développés pour la gigantesque expérience CMS auprès du Grand collisionneur de hadrons LHC du CERN. " Nous utilisons des capteurs développés spécialement pour surveiller l'environnement du système de trajectographie de CMS, au centre du détecteur, explique Martin Gastal, chef du projet FOSS4I et membre de la collaboration CMS au CERN. Ces capteurs peuvent être développés plus avant afin de les utiliser pour d'autres applications, telles que l'irrigation. Ce projet illustre la manière dont on peut tirer parti de la recherche en physique des hautes énergies pour produire des technologies utiles pour certains problèmes de société, et également stimuler le transfert de technologies et le développement économique local. "
Des représentants des instituts participant au projet "Fiber Optic Sensor Systems for Irrigation" (FOSS4I) se sont retrouvés à Beyrouth au Liban pour signer un accord de collaboration. (Image: Georges Abi Aad/UKLTH)
Le UK Lebanon Tech Hub
finance le projet et assure la coordination entre les différentes parties. Le
CERN, via son engagement dans le transfert de connaissances, dirigera le projet
et apportera un appui après le lancement. L'Organisation
mettra à disposition ses installations, notamment une installation spéciale
pour l'étalonnage des capteurs. De leur côté, Optosmart, l'INFN Naples et
l'Université du Sannio apporteront leur savoir-faire pour la conception et le
fonctionnement des techniques de mesure de l'humidité et de la température
relatives utilisant des capteurs à fibres optiques. Ils travailleront
étroitement avec l'Université du Liban au développement de nouveaux capteurs à fibres
optiques et systèmes d'acquisition
de données.
L'Institut de recherche agronomique du Liban supervisera l'installation des
capteurs dans la région de Zahlé, au Liban, et surveillera les cultures. Enfin,
National Instrument apportera son appui pour la recherche et le développement
sur le matériel.
Une approche favorisant le libre accès a été adoptée pour ce
projet: le matériel sera publié sous la Licence pour le matériel libre du CERN
(Open Hardware License - OHL) ; quant aux logiciels, ils seront
publiés sous une licence open source dans les deux ans qui suivront la
fin du projet.
Le projet donnera également
lieu à un transfert de technologies harmonieux, au recrutement de deux
post-doctorants et d'un doctorant,
en Italie et au Liban, et à la création d'un laboratoire d'optique ultramoderne
au Liban.
Le Centre de recherche
international du UK Lebanon Tech Hub offrira un cadre permettant aux
entreprises de toute taille de mener des travaux de recherche et de
développement en vue de
mettre au point
de nouvelles solutions dans un environnement propice à la collaboration. Il
encourage une approche pluridisciplinaire associant la recherche
fondamentale et la recherche appliquée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire