Publié le 01/02/2016
À l’Inra d’Angers-Nantes (France), des chercheurs de l’IRHS étudient les mécanismes de résistance des plantes aux maladies, en particulier la tavelure du pommier. Dans le cadre d’un projet régional « Road Movie », un film d'animation a été réalisé pour expliquer la stratégie d'identification de gènes à résistance durable. À découvrir.
À l’Inra d’Angers-Nantes (France), des chercheurs de l’IRHS étudient les mécanismes de résistance des plantes aux maladies, en particulier la tavelure du pommier. Dans le cadre d’un projet régional « Road Movie », un film d'animation a été réalisé pour expliquer la stratégie d'identification de gènes à résistance durable. À découvrir.
Quel plaisir de croquer dans une pomme à
pleines dents ! Sauf si la tavelure est passée par là… Les taches et
déformations brunâtres, qui ne rendent plus le fruit si désirable sont
la conséquence de cette maladie provoquée par un champignon, Ventura ineaqualis.
Elle peut réduire voire anéantir la production d’un arbre mais ne le
tue cependant pas. Globalement, là où il y a des pommiers, il y a la
tavelure. Plus de 90 % des vergers européens sont plantés avec des
variétés sensibles à cette maladie. Seulement, le pommier est la
troisième culture fruitière mondiale et la première en Europe et dans la
profession, c’est la tolérance zéro qui est de mise. Dans la grande
distribution, tout fruit taché est éliminé de la vente. La sentence est
terrible.
Pour lutter contre, les
arboriculteurs disposent de plusieurs méthodes parmi lesquelles
l’utilisation de variétés résistantes. Malheureusement, le champignon
responsable de la tavelure trouve trop souvent les clés pour s’adapter à
ces résistances naturelles. « Dans la course à l’armement, c’est le
plus souvent le pathogène qui gagne car il présente une formidable
capacité à s’adapter. D’où la nécessité de protéger ces résistances par
des méthodes de lutte complémentaires, une fois que les variétés sont
déployées au champ », constate Bruno Le Cam, directeur de recherche Inra
à l’Institut de recherche en horticulture et semences d’Angers (IRHS)
et coordinateur du projet Roadmovie.
Gène pour gène : à la recherche de la résistance durable
Face
à cette « faillite des résistances » vis-à-vis des maladies, les
chercheurs testent une nouvelle stratégie basée sur la connaissance des
mécanismes en jeu pendant une infection. « Lors de l’infection d’une
plante, les agents pathogènes secrètent des centaines de petites
protéines » explique Bruno Le Cam. De son côté la plante a les moyens de
reconnaître la présence de pathogènes grâce à des protéines réceptrices
codées par des gènes de résistance. Qu’une seule protéine fongique
entre en contact avec un des récepteurs de la plante, et celle-ci
déclenche des réactions de défense qui bloqueront l’attaque ! On parle
d’interaction gène pour gène : à un gène de résistance correspond un
gène d’avirulence. Le système fonctionne très bien tant que l’agent
pathogène est reconnu. En revanche on sait que dans la nature les agents
pathogènes peuvent muter de manière aléatoire dans le génome. Or si le
gène codant pour la protéine d’avirulence mute, la protéine réceptrice
ne la reconnaîtra plus, et la maladie s’installera. Sur la base de ces
connaissances, les scientifiques tentent de prédire la durabilité des
gènes de résistance. Il s’agit d’identifier chez le pathogène des
protéines d’avirulence indispensables à la survie du champignon et dont
la mutation lui serait fatale. « Si la protéine d’avirulence ne
présente jamais de mutation, alors le gène de résistance correspondant –
qui reste à identifier dans nos ressources génétiques - devrait être
durable. C’est le pari de notre projet ! », détaille Bruno Le Cam.
Le
point fort de l’IRHS est de pouvoir disposer d’un large éventail de
souches qui leur permet de rechercher des protéines fongiques ne
présentant pas de mutation. « Nous avons déjà séquencé 90 génomes de
souches de Ventura ineaqualis provenant des pommiers cultivés et
sauvages des 5 continents ou encore sur d’autres rosacées comme le
buisson ardent et le néflier. Si nous n’observons pas de mutation parmi
ces gènes ’candidats’ malgré la diversité génétique et géographique des
sources de prélèvements, cela signifie que la configuration ou la
fonction de ces protéines est vraiment indispensable à la survie du
champignon ». Disposant d’importants ressources génétiques de pommier,
l’IRHS peut cribler ces pommiers avec les protéines fongiques
'candidates' pour découvrir ces fameux gènes de résistance durable. Dans
ce matériel végétal se trouvent potentiellement les sources de
résistance durables qui seront présentes dans les variétés de demain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire