par Audrey Vaugrente
LANCELOT FREDERIC/SIPA
Les virus dormants résidant dans nos intestins se réveillent parfois. D’après une étude française, certains se réveillent bien plus fréquemment que supposé jusqu’ici.
La compréhension du microbiote vient d’avancer d’un pas. Les virus
qui interagissent avec les bactéries sont bien plus actifs que ce que
pensaient les chercheurs jusque là. Une équipe de l’Institut national de
recherche en agronomie (Inra) vient de le démontrer dans la revue PLOS Genetics.
Cette observation pourrait bien changer en profondeur la façon dont
nous comprenons le délicat équilibre de la flore intestinale.
50 fois plus actif
Les auteurs ont modélisé le comportement d’un virus chez des souris ne possédant que deux souches de la bactérie Escherichia coli dans
son tube digestif. L’objectif était de comprendre l’action d’un certain
type de virus appelé bactériophage, qui n’infecte que les bactéries :
le prophage. Chez les souris de laboratoire, certaines souches d’E. coli possédaient le prophage lambda à l’état dormant, d’autres non.
Mais ces travaux révèlent que la science avait jusqu’ici tout faux.
En fait, le prophage lambda se réveille 50 fois plus fréquemment que
supposé. Sur une période de deux jours, il se propage aux bactéries
voisines et les détruit. Une fois sur cinq, il s’installe dans une
nouvelle cellule hôte, où il retourne à l’état dormant. Là encore, la
fréquence est plus élevée que ce qui avait été décrit.
200 espèces de bactéries
Cette découverte risque d’avoir une portée non négligeable car les
intestins d’un être humain contiennent 200 espèces de bactéries. A
chacune d’entre elles sont associés un ou plusieurs virus à l’état
dormant – mais qui peuvent se réveiller, tout comme le prophage associé à
E. coli. De tels résultats doivent donc être pris en compte par les équipes qui étudieront la dynamique du microbiote intestinal.
Les chercheurs doivent encore comprendre pourquoi ce phage se
réveille, et comment ce phénomène peut affecter l’équilibre de la flore
digestive. Mais ils supposent qu’il peut être impliqué dans les
mécanismes de déséquilibre.
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