mardi 11 août 2015

Comment lutter contre le frelon asiatique ?

Publié le 10/8/2015

Une découverte qui intéresse les scientifiques mais dont l’efficacité contre le redoutable envahisseur tueur de ruches reste à confirmer.


L’éclairage de Denis Thiéry, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA France).


« Chaque été, on se demande comment se débarrasser du frelon asiatique, mais il ne faut pas s’attendre à un miracle. La sarracenia (la plante carnivore du jardin des plantes de Nantes, NDLR) n’est pas la seule à capturer l’espèce. Son résultat est du même ordre que ce qu’on obtient déjà avec des pièges.
Il y en a de très efficaces, à base de poisson par exemple, mais le problème est toujours le même : plus un piège est efficace, moins il est sélectif. Il ne faudrait pas que le remède soit pire que le mal et tue d’autres espèces comme les abeilles. Le dilemme est le même face à tous les envahisseurs. Même les pièges à phéromones pour les papillons, pourtant très ciblés, ne sont pas parfaitement spécifiques.

À Bordeaux (où Denis Thiéry effectue ses recherches, NDLR), nous avons arrêté de tester des pièges car les résultats étaient décevants. Nous attrapons des kilos de frelons chaque jour, mais cela n’empêche pas la prédation sur les nids d’abeilles. Cela ne veut pas dire que d’autres chercheurs ne vont rien trouver, mais il va falloir du temps pour, par exemple, tester sur le terrain la molécule de la sarracenia et voir son efficacité dans la durée.

Détruire les nids, seule solution efficace à ce jour

Il ne faut pas non plus perdre de vue la réponse de la nature. Comme toute invasion biologique, l’arrivée du frelon asiatique est violente. Mais les abeilles commencent à se défendre et il est possible de sélectionner une espèce domestique plus efficace que les autres. On constate aussi que la population de frelons européens remonte, ce qui entraîne une compétition entre les deux espèces.
Par ailleurs à Tours, les chercheurs ont aussi découvert qu’il existe un parasite du frelon. Mais c’est une vision de biologiste, de long terme, difficile à entendre pour un apiculteur qui dépose le bilan après que ses ruches ont été détruites.

Pour l’instant, détruire les nids est la seule méthode réellement efficace. Mais qui va le faire, et qui va payer ? En Aquitaine par exemple, plusieurs milliers de nids sont détruits chaque année, mais ce sont des sociétés privées qui s’en chargent et facturent jusqu’à un millier d’euros. Et on ne compte qu’une cinquantaine de personnes formées. La destruction des nids aurait dû commencer beaucoup plus tôt en France, avec une vraie politique pilotée au niveau de la préfecture. »






 

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