Publié le mardi 15/12/2015
 
L'absence de coordination entre les différents secteurs est l'une des
 contraintes qui entravent la mise en œuvre du Schéma national de 
l'aménagement du territoire (SNAT), ont relevé lundi à Alger des experts
 qui recommandent d'accompagner ces plans d'outils d'application au 
niveau local.
 "Le SNAT (2010-2030) a été très bien fait, mais il n'a pas été 
accompagné d'outils d’application de ses schémas directeurs au niveau 
local pour pouvoir assurer l'intersectorialité", estime Rachid 
Boukhechem, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique 
d'Algérie (INRAA) lors d'un atelier consacré aux secteurs de 
l'Agriculture, l'eau, les énergies renouvelables et l'environnement 
organisé en marge des assises nationales de l'aménagement du territoire.
 L'absence d'intersectorialité a été à l'origine de stagnation et de 
retards de plusieurs projets de développement ainsi que de l'émergence 
de certaines problématiques territoriales, selon ces experts.
 Noureddine Messahel, universitaire à l'Université de Sétif a cité 
l'exemple de la réalisation de grands périmètres irrigués (GPI) de 
80.000 ha dans l'est des Hauts Plateaux, prévue par le schéma directeur 
2010-2014 et dont les études n'ont pas été élaborées à ce jour, et ce, 
malgré la mise en service des transferts d'eau.
 "Les GPI n’ont pas été préparés, c'est à dire, on n’a pas pensé aux 
techniques d’irrigation en tenant compte du phénomène d'évaporation de 
l'eau et au traitement des eaux non évacuées des plaines. Or, cela 
devait se faire avant la mise en service des transferts", a-t-il 
expliqué.
 "La vision territoriale compte sur l’intersectorialité pour accélérer 
la réalisation de ce projet en berne cela fait cinq ans", a-t-il dit.
 Le morcellement du foncier agricole est l'autre problématique soulevée 
par les experts qui plaident pour la "sanctuarisation" des terres 
agricoles notamment celles situées aux alentours des grands centres 
urbains.
 "Le SNAT a arrêté la directive de rééquilibrage territorial. Mais notre
 souci majeur c'est que les textes législatifs mis en place n'ont pas 
été appliqués, puisque nous continuons à créer des conditions 
d'attractivité du Nord et des grands centres urbains créant ainsi une 
pression énorme sur le foncier agricole", selon le directeur général du 
Bureau national d'études et du développement rural (BNEDER).
 "Le BNEDER est de plus en plus sollicité pour des études de 
déclassement de terres agricoles. Ce n'est pas normal", a-t-il considéré
 relevant que ‘‘l'arrêt de certains projets de villes nouvelles telle 
que Boughezoul, pour des raisons budgétaires, allait encourager la 
condensation des grands pôles urbains au détriment du foncier 
agricole’’.
 Abondant dans le même sens, le directeur général de l'INRAA, Foued 
Chehat, a précisé que le foncier agricole était "sacralisé" par la loi 
d'orientation agricole, "mais cela n'empêche pas l'existence de beaucoup
 de passe-droit, y compris dans des zones à haut potentiel", a-t-il dit.
 "Les recommandations des schémas directeurs doivent être prises en 
charge par chacun des secteurs et par le législateur si nécessaire afin 
de mettre en place des mécanismes plus dissuasifs empêchant de brader 
des terres agricoles au profit d'autres projets de développement", 
a-t-il suggéré.
 Concernant les énergies renouvelables, les intervenants étaient 
unanimes à souligner la nécessité de coordonner entre les différents 
secteurs pour accélérer la réalisation du programme de développement des
 énergies nouvelles au profit de l'activité économique.
 Le directeur du Centre de développement des énergies renouvelables 
(CDER), Noureddine Yassaa, a appelé à intégrer le programme de 
développement des énergies renouvelables dans celui de la réalisation 
d'un million d'ha de terre irriguées d'ici à 2019, d'autant plus qu'il 
"y a une demande croissante d'investissement privé dans ce domaine".
 Il propose aussi l'utilisation de ces énergies propres dans la 
transformation des produits agricoles comme le séchage de certains 
fruits et légumes.
 Néanmoins, certains cadres de la société "Kahraba Takat Moutadjadida" 
(SKTM), filiale de Sonalgaz ont posé le problème du foncier pour 
l'installation des centrales solaires.
 "Les lenteurs qui caractérise la décision du secteur de l'agriculture 
par rapport à la   distraction de terres agricoles constitue une 
contrainte sérieuse à l'avancement du programme de développement des 
énergies renouvelables", estime Baya Belarbi, responsable de 
l'engineering à SKTM.
 Elle affirme avoir attendu une année pour obtenir la réponse du 
ministère de l'Agriculture pour réaliser quatre centrales solaires à 
l'est du pays avant de décider de délocaliser le projet.
 Les experts ayant participé à cet atelier ont conclu qu'il y avait une 
cohérence au niveau des schémas d'aménagement, mais cette cohérence est 
absente à l'échelle des wilayas, en raison notamment de manque de 
gouvernance.
 Les recommandations de cet atelier devraient être soumises mardi à 
l'adoption lors de la deuxième journée des assises en vue de les 
intégrer dans le prochain schéma directeur 2015-2019 en tenant compte 
des défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels fait face 
l'Algérie.


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