Publié le Jeudi 18 Juin 2015
Muryel Jacque / Journaliste au service Marchés |
Trois milliards d'individus en consomment chaque jour.Or, très peu de pays sont à la fois producteurs et exportateurs.
C'est la base de l'alimentation quotidienne de
3 milliards de personnes sur Terre. Le blé, à la différence des autres
céréales, nourrit avant tout les hommes, pas les animaux. Une
spécificité qui donne à la céréale et à son approvisionnement une
dimension géopolitique unique.
« L'envolée des prix en 2007-2008 nous a rappelé l'importance de la
question alimentaire dans le monde. Aujourd'hui, lorsque nous
rencontrons les organismes publics d'achat du blé, que ce soit le GASC
égyptien ou l'Office algérien interprofessionnel des céréales, la
sécurité alimentaire de la population est leur première préoccupation »,
explique Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce,
filiale du deuxième exportateur français de céréales. La stabilité et le
développement de la plupart des pays reposent sur leur capacité à se
nourrir ; beaucoup d'insécurités humaines sont reliées à des insécurités
alimentaires.
Or, d'ici à 2050, la
planète comptera environ 9 milliards d'individus. La question de l'accès
au blé, dont la culture est loin d'être répartie de façon égale dans le
monde, est donc devenue prégnante. Un pays comme l'Egypte importe plus
de la moitié de sa consommation de blé, ce qui en fait le premier
acheteur de la planète.
Changement d'habitudes alimentaires
En
Chine, la sécurité alimentaire est primordiale pour les autorités, car
elle relève de la sécurité nationale. L'émergence d'une classe moyenne
et les changements d'habitudes alimentaires ont bouleversé la donne dans
ce pays qui n'importait quasiment pas de céréales il y a encore
quelques années. Depuis deux saisons, les marchés mondiaux sont bien
approvisionnés, mais on puise dans les stocks une année sur deux depuis
le début du XXIe siècle.
Dans
ce contexte de besoins croissants, la concurrence entre les grands
greniers à blé va s'intensifier. L'Union européenne joue sa place de
première région productrice, la France en tête. « La France est
indépendante, c'est un atout. En cinquante ans, elle est devenue un très
grand pays agricole et agroalimentaire, qui exporte l'équivalent d'une
centaine d'Airbus chaque année. Mais ses moyens de production sont mis à
mal, il y a des freins à l'innovation et des réglementations trop
contraignantes », prévient Jean-François Loiseau, président du
groupe coopératif Axéréal. En face de l'Union européenne, la concurrence
se durcit, notamment dans le bassin de la mer Noire. Jean-Jacques
Hervé, membre du comité de direction du Crédit Agricole Ukraine en
charge de l'agriculture, en témoigne : « le potentiel de production
de l'Ukraine est énorme, et son potentiel de livraison considérable.
Preuve en est, malgré la crise, les grands opérateurs restent très
intéressés, Cargill ou Louis-Dreyfus Commodities sont loin d'être partis
du pays. Ces groupes ont compris qu'il y a une zone d'approvisionnement
très importante pour répondre aux besoins de la planète. »
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