La1ère s’était déjà intéressé à
la canne à sucre qui est une plante unique.
Elle permet de faire du sucre, du rhum, mais aussi de l’électricité ou
encore du biocarburant. Dernière découverte : la canne peut aussi servir
à découvrir de nouveaux antibiotiques. Pour être plus précis, il s’agit
d’une bactérie de la canne qui porte le doux nom de Xanthomonas
albilineans et qui fabrique l’albicidine.
L'albicidine capable de lutter contre les maladies nosocomiales
Cette
bactérie est à l’origine de la maladie de l’échaudure qui infecte les
feuilles de canne à sucre. Des lignes blanches apparaissent alors sur
les feuilles, d’où le nom donné à la bactérie (albi lineans qui signifie
ligne blanche). Cela fait 30 ans que les chercheurs du CIRAD planchent
sur cette bactérie. "L
’albicidine fabriquée par cette
bactérie est un puissant antibiotique potentiellement capable de lutter
contre les maladies nosocomiales de plus en plus fréquentes dans les
hôpitaux", explique Monique Royer du CIRAD (centre de recherche
agronomique).
L'albicidine, une structure jusqu'alors inconnue
En fait,
l’albicidine est connue du monde scientifique depuis les années 80, mais
elle était difficile à extraire en grande quantité et sa structure
était inconnue. Pourtant, les universités du Queensland et d’Hawaï
avaient beaucoup travaillé sur le sujet. Mais personne n’avait réussi à
interpréter les données. "
C’était comme assembler, dans un puzzle, des centaines de signaux", précise Monique Royer du CIRAD.
L'albicidine enfin caractérisée
Ce n’est qu’au cours des
derniers mois de 2014 que les travaux du Cirad et de l’Université
technique de Berlin ont abouti à la caractérisation de la structure de
l’albicidine. Ces résultats sont décrits dans un article paru en janvier
2015 dans la revue internationale
Nature Chemical Biology. C’est une petite équipe de quatre scientifiques du Cirad qui a réussi à isoler et purifier la molécule
.
"Notre travail a consisté à transférer les gènes de biosynthèse de
l’albicidine chez une autre bactérie dans le but de sur-exprimer ces
gènes et d’obtenir des quantités plus importantes d’albicidine, soit
environ 3 mg d’albicidine pure à partir de 300 litres de cultures
bactériennes" précise Stéphane Cociancich.
Un médicament peut-être dans 10 ans
Un brevet, déposé par le
Cirad et l’Université technique de Berlin, protège l’utilisation du
protocole de synthèse chimique de l’albicidine. "
Mais le chemin est encore bien long et incertain pour que l’albicidine puisse entrer dans la pharmacopée, précise Monique Royer .
Il
faudra au minimum 10 ans. Il faut d’abord s’assurer que ce futur
médicament n’ait pas d’effets secondaires pour l’homme. Il faut aussi
qu’un gros laboratoire s’intéresse à ce sujet".
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