lundi 24 août 2015

L'apocalypse des abeilles moins grave que prévu ?

Certes les abeilles, domestiques ou non, sont aujourd’hui moins nombreuses. Mais, si ce déclin est inquiétant, c'est bien la disparition des insectes pollinisateurs qui serait une catastrophe naturelle.


La disparition des abeilles est souvent annoncée, pourtant le nombre de colonies d'abeilles domestiques est en progression notamment aux Etats-Unis. La tendance aurait-t-elle évolué depuis la prise de conscience de cette problématique ?

 

François Lasserre : Lorsque l'on parle de la disparition des abeilles, il s'agit du son de cloche du monde de l'apiculture. C'est donc l'effondrement d'une seule espèce d'insectes : l'abeille domestique. Effectivement, l'homme l'exploite depuis des millénaires, l'a aussi croisé et l'a rendue docile pour éviter de se faire piquer, ce qui est normal. Et puis, cet insecte va polliniser les champs sur lesquels on déverse des pesticides. C'est un indicateur qui nous dit "Attention, vous faites n'importe quoi en industrie et agronomie".

Mais, il ne s'agit que d'une espèce d'insectes. Tout ce que l'on entend sur les abeilles est totalement anthropocentré puisqu'il ne s'agit que des abeilles domestiques. Ces dernières ne sont en effet pas les seuls insectes pollinisateurs. Ainsi, il y a un cortège qui pollinisent les fruits et légumes. En France, sur mille espèces, il n'y a qu'une espèce d'abeilles domestiques et qui est élevée de manière artificielle et qui vit de façon extraordinaire en colonies. Ce sont ces abeilles qui produisent du miel. Les abeilles sauvages et solitaires sont meilleures pollinisatrices que les domestiques.

Dans cette famille d'insectes qui pollinisent et que l'on appelle les hyménoptères, il y a les guêpes, des cousines des abeilles. Certes elles politisent moins, mais elles participent tout de même à la pollinisation des carottes ou du fenouil qui ont des fleurs courtes. Une guêpe qui vient dans votre assiette chercher de la viande va nourrir ses enfants avec ce butin car ceux-ci sont carnivores. La guêpe en revanche mange du sucre, c'est la raison pour laquelle elle va sur les fleurs.

Parmi les insectes pollinisateurs, il y a aussi les mouches. Adultes, elles sont floricoles, c'est-à-dire qu'elles vont sur les fleurs et, par conséquent, elles pollinisent. Toutes les mouches, sous toutes leurs formes, sont d'excellentes pollinisatrices. Et elles sont tout de même 5000 en France. Les moustiques, les cousins participent eux aussi, de même que les punaises. Tous les papillons sont pollinisateurs. Ce cortège représente donc plusieurs milliers d'espèces. Si vous supprimer l'abeille domestique, c'est affreux parce que vous n'aurez plus de miel, de propolis et de cire, mais le reste de la biodiversité continuera à vivre.

Quelles sont les causes de ces phénomènes ? Tous les pays sont-ils touchés de la même manière ou les Etats-Unis restent un cas particulier ?

 

Il y a moins d'abeilles qu'avant c'est un fait, mais cela est dû à notre utilisation abusive de la nature. Ou que l'on aille, on n'offre pas la place au spontané, au sauvage, surtout en France. Dès que des champs ne sont pas cultivés, on parle de jachère, de friche, de terrain vague. Nous sommes dans un pays avec une mentalité très "jardin à la française", où dès que ça dépasse, on n'aime pas. En revanche, les insectes, la nature, les oiseaux, eux adorent le spontané. L'homme fait diminuer cette biodiversité et cette richesse.
Dans une prairie sauvage, il y a de nombreux nectars de variétés différentes. Les insectes, comme les hommes, s'ils mangent toujours la même chose, vont être en carence. Il leur faut une variété de propositions et d'offres de variétés de fleurs. Pour l'ensemble des insectes et de la faune, c'est primordial. Lorsque l'homme s'installe quelque part, c'est la politique de la terre brûlée. On rase tout et on recompose à notre image. On ne laisse jamais la place aux autres êtres vivants déjà installés.
Un champ de colza offert aux abeilles domestiques, mais sur lequel on déverse des pesticides et d'engrais chimiques, ces abeilles seront faibles et risquent de mourir. 
En résumé, pour la mort des abeilles, on parle de conséquences multifactorielles, c'est-à-dire de nombreux facteurs, qui, cumulés, empoisonnent les abeilles.

Si ces insectes venaient à disparaître, quelles seraient les conséquences ?

 

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Si les pollinisateurs venaient à disparaître nous aurions une nourriture extrêmement pauvre puisque nous ne mangerions que les végétaux qui se reproduisent sans fleurs comme le blé, l'orge, les céréales. S'il n'y a plus de pollinisateurs demain, nous n'aurions plus de fruits issus de fleurs. Et des fruits issus de fleurs que nous mangeons tous les jours, mais aussi les concombres, les cornichons, les courgettes et les aubergines qui sont des fruits d'un point de vue botanique.
Les fleurs et les insectes pollinisateurs ont évolué ensemble. L'un ne pourrait exister sans l'autre. Ils sont complètement liés. Et une fleur est un organe sexuel dont la couleur, la forme et le goût servent à attirer les insectes.
Mais, les hommes ne seraient pas les seules victimes de cette disparition. En effet, prenons l'exemple d'une vache. Elle ne se nourrit que de foin et la luzerne par exemple est pollinisée. Un nombre également très élevé d'animaux mange des fruits comme des singes, des oiseaux, les renards, les ours, les fouines.

Quelles sont les solutions pour tenter d'endiguer la fin des abeilles ?

 

En France, on n'est très peu élevés à la biodiversité. Quand on devient dirigeant ou que l'on travaille dans l'agriculture, on n'a aucune idée de l'impact de l'homme sur la nature. Il faut vite remettre de l'environnement et de la sensibilisation à la nature dans l'éducation. En France, les sujets sont cloisonnés et, par conséquent, les gens ne sont pas touchés par les sujets qui ne semblent pas les concerner.
Chacun est acteur. En effet, nous mangeons tous matin, midi et soir, il suffit de choisir les aliments qui ont le moins d'impact négatifs sur l'environnement. Lorsque l'on achète des fruits et légumes, ils ont été visités par un insecte pollinisateur. Autant prendre celui qui a été le moins impactant pour les insectes pollinisateurs. Ainsi, lorsqu'on le peut, il est préférable d'acheter des fruits non traités par des pesticides.
Le bio peut agir sur la santé, certes, mais il a aussi un impact sur la santé de l'environnement. Il faut penser à tous les animaux qui sont passés dans le champ, les insectes ou le hérisson, où sont cultivés les fruits et légumes que vous achetez.
Chez soi, on peut aussi penser aux insectes qui viennent chez vous. Pour bien les accueillir, il suffit de leur proposer le gîte et le couvert. Evidemment, personne n'a envie d'être envahi par les insectes. En revanche, dans chaque jardin, il est préférable de laisser 10 à 20 % de l'espace totalement tranquille. Les animaux n'ont pas de frontières. Ainsi, les campagnols et les mulots pourront se balader. Les chenilles pourront s'installer et un papillon pourra donc s'envoler.

L'homme doit prendre conscience qu'il n'est pas le seul être vivant sur Terre.

Source: http://www.atlantico.fr/rdv/atlantico-green/apocalypse-abeilles-moins-grave-que-prevue-francois-lasserre-2274327.html


Ouvrage récent: L'agriculture naturelle, théorie et pratique pour une philosophie verte


de Fukuoka, Masanobu Piélat, Thierry (Traducteur)
Guy Tredaniel Editeur
ISBN : 9782844455505 ; EUR 22,31 ; 2004-12-06 ; 326 p. 
Traité agronomique majeur

Pour Fukuoka, l'agriculture naturelle ne nécessite que très peu de travail, ne provoque aucune pollution et maintient les terres éternellement fertiles. Le paysan ne doit recourir à aucune machine agricole moderne et même pas à la traction animale. Son seul principe : suivre et respecter la nature car seule la nature est parfaite et rien ne peut égaler ses rendements. Pas de labourage. Pas de fertilisant. Pas de sarclage. Et pas de pesticides. Il oppose cette agriculture naturelle à l'agriculture scientifique et lui trouve même des rendements supérieurs. Elle garantit un véritable revenu au paysan et lui permet de répondre à tous ses besoins à condition qu'il sache se contenter des produits de saison bien entendu. Et pour cela, point n'est besoin de champs immenses, d'exploitations de plus en plus énormes qui, après avoir nourri de moins en moins de monde, en sont à ruiner purement et simplement le monde agricole. L'agriculture scientifique, n'étant qu'une déformation voire qu'un viol de la nature, ne peut être qu'inefficace et imparfaite.
« L'agriculture naturelle » est un véritable traité d'agronomie appliquée moins facile d'abord que la « Révolution d'un seul seul brin de paille », plus anecdotique et moins radical. D'une lecture un peu aride, ce livre laisse le lecteur intéressé par les questions agricoles on ne peut plus songeur. Aurait-on fait fausse route pendant toutes ces décennies de « modernisation » de l'agriculture ? Fukuoka aurait-il retrouvé à la fois la voie de la sagesse, le salut des agriculteurs et le moyen de nourrir la planète sans la ravager ? Même s'il est proche de démarches comme celles de la permaculture ou de la biodynamie, il en diffère par bien des côtés. Sa démarche est holistique, philosophique et très inspiré du bouddhisme zen. C'est même tout un mode de vie qu'il propose. Quand on sait qu'il a pratiqué avec grand succès toutes les méthodes qu'il préconise pendant de nombreuses années, on ne peut qu'être interpellé. De nombreux schémas illustrent une pensée claire et cohérente, très en avance sur son époque car basée sur l'observation et sur une sagesse très ancienne. Un livre majeur à conseiller même s'il demande un peu d'attention et reste très cantonné sur la culture du riz, de l'orge et de divers fruits et légumes japonais inconnus chez nous. La démarche est néanmoins transférable partout...



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Les dangers de la course à la publication d'articles scientifiques

Les Echos | Le 24/08/2015


La machine à produire de la science s'emballe : chaque année, 1,8 million d'articles scientifiques sont publiés dans 28.000 revues spécialisées. Et parmi ces écrits, certains n'ont, en fait, jamais été relus par d'autres experts que leur auteur, selon l'hebdomadaire américain « Time ». La semaine dernière, l'éditeur Springer, spécialisé dans la publication d'articles scientifiques a annoncé qu'il retirait 64 articles «  à cause d'irrégularités dans le processus de relecture », habituellement assuré par d'autres experts de la même problématique. Un site Internet, « Retraction Watch », s'est ainsi donné pour mission de répertorier chaque papier retiré pour de tels manquements. Il dresse un palmarès des scientifiques qui ont le plus de retraits à leur actif - le record est établi par un scientifique japonais, à 183. Et rien de plus simple pour les chercheurs que de falsifier une relecture par leurs pairs : parfois, les experts recommandés sont en fait « leurs collègues, leurs étudiants ou leurs amis », détaille le « Time », mentionnant une chercheuse s'étant citée mais sous son nom de jeune fille… Et lorsque les chercheurs choisissent de sous-traiter cette épreuve de relecture à des sociétés privées, une tendance grandissante, ils peuvent se faire piéger. Dans le cas des derniers retraits massifs de Springer, « les noms des scientifiques étaient réels mais leurs adresses email erronées », précise l'hebdomadaire. Ceux-ci n'avaient probablement jamais été contactés par les sociétés choisies par les chercheurs. Ce phénomène est symptomatique de la pression qui repose sur les épaules des chercheurs : pour se faire une place dans le monde de la recherche, ils multiplient les publications dans les journaux scientifiques, au détriment de l'intérêt et de la rigueur.
L. D.

Source: www.lesechos.fr/

dimanche 23 août 2015

ICWRAE 2016 : 18th International Conference on Water Resources and Arid Environments

International Conference on Water Resources and Arid Environments (ICWRAE)

Istanbul (Turkey) 19-20 October 2016 

Objective : 

The ICWRAE 2016 : 18th International Conference on Water Resources and Arid Environments aims to bring together leading academic scientists, researchers and research scholars to exchange and share their experiences and research results about all aspects of Water Resources and Arid Environments. It also provides the premier interdisciplinary forum for researchers, practitioners and educators to present and discuss the most recent innovations, trends, and concerns, practical challenges encountered and the solutions adopted in the field of Water Resources and Arid Environments.

Pour en savoir plus

Source:  http://www.secheresse.info/