Les Echos |
Le 24/08/2015
Source: www.lesechos.fr/
La
machine à produire de la science s'emballe : chaque année, 1,8 million
d'articles scientifiques sont publiés dans 28.000 revues spécialisées.
Et parmi ces écrits, certains n'ont, en fait, jamais été relus par
d'autres experts que leur auteur, selon l'hebdomadaire américain
« Time ». La semaine dernière, l'éditeur Springer, spécialisé dans la
publication d'articles scientifiques a annoncé qu'il retirait 64
articles « à cause d'irrégularités dans le processus de relecture »,
habituellement assuré par d'autres experts de la même problématique. Un
site Internet, « Retraction Watch », s'est ainsi donné pour mission de
répertorier chaque papier retiré pour de tels manquements. Il dresse un
palmarès des scientifiques qui ont le plus de retraits à leur actif - le
record est établi par un scientifique japonais, à 183. Et rien de plus
simple pour les chercheurs que de falsifier une relecture par leurs
pairs : parfois, les experts recommandés sont en fait « leurs collègues, leurs étudiants ou leurs amis »,
détaille le « Time », mentionnant une chercheuse s'étant citée mais
sous son nom de jeune fille… Et lorsque les chercheurs choisissent de
sous-traiter cette épreuve de relecture à des sociétés privées, une
tendance grandissante, ils peuvent se faire piéger. Dans le cas des
derniers retraits massifs de Springer, « les noms des scientifiques étaient réels mais leurs adresses email erronées »,
précise l'hebdomadaire. Ceux-ci n'avaient probablement jamais été
contactés par les sociétés choisies par les chercheurs. Ce phénomène est
symptomatique de la pression qui repose sur les épaules des
chercheurs : pour se faire une place dans le monde de la recherche, ils
multiplient les publications dans les journaux scientifiques, au
détriment de l'intérêt et de la rigueur.
L. D.
Source: www.lesechos.fr/
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