jeudi 15 décembre 2016

Un emballage biodégradable qui rend le pétrole obsolète et valorise les déchets agricoles

Écrit par  Hélène Gosselin

                           
L’emballage, issu de résidus d’huileries, de laiteries ou de paille de blé broyée convient très bien à la conservation des fruits et légumes. photo dR L'utilisation de l'article, la reproduction, la diffusion est interdite - LMRS - (c) Copyright Journal La Marseillaise

Le projet européen Ecobiocap pourrait révolutionner toute la chaîne de l’emballage. C’est du moins son ambition.Des chercheurs montpelliérains ont mis au point un matériau complètement biodégradable à partir des déchets agricoles et agro-alimentaires.


Les magasins où l’on pioche la nourriture en vrac commencent à ouvrir, les sacs plastiques sont désormais interdits en caisse, on voit fleurir les boîtes et sachets en papier et carton, recyclables. Mais dès qu’il s’agit de produits frais, la nécessité de permettre une bonne conservation rend le conditionnement plus contraignant. D’où les boîtes en plastique, issus de la chimie du pétrole, qui s'alignent sur les rayons des supermarchés.

« Nous travaillons à la réduction de la quantité de plastique qui se retrouve dans l’environnement. Lorsque tous ces déchets seront réduits à la taille nanoscopique les conséquences seront très lourdes, explique la coordinatrice du projet européen Ecobiocap, Nathalie Gontard, du laboratoire Ingénierie des agropolymères et technologies émergentes*. Les plastiques mettront 100 à 200 ans à se dégrader jusqu’à atteindre cette taille et leur utilisation massive date de 50 ans. » Les effets s’en feront sentir sur les toutes prochaines générations. Cinq millions de tonnes d’emballages ménagers sont jetés chaque année et seul 1% est biodégradable. Quant au recyclage, il est très loin d’être assez opérationnel pour éviter une accumulation de déchets qui s’avère toxique pour les sols, les cours d’eau, les espèces végétales et animales, terrestres ou marines et l’Homme par ricochet.

« Nous devons trouver une solution pour éliminer les emballages et réduire le gaspillage alimentaire, notamment en travaillant sur la conservation des produits frais, tels que les fruits et légumes, qui passeront moins en pertes. L’objectif est d’améliorer l’atmosphère modifiée à l’intérieur de l’emballage pour une meilleure conservation sans additif », poursuit Nathalie Gontard. Les bioplastiques mis au point jusqu’à présent utilisent l’amidon et mobilisent donc des ressources alimentaires : maïs, pomme-de-terre ou blé. Contre-productif au regard de la nécessité de nourrir la population grandissante.
Depuis cinq ans, les équipes ont lancé plusieurs projets dont Ecobiocap, qui s’appuie sur la réutilisation des déchets agro-alimentaires et agricoles pour créer un nouveau matériau.

Un sosie du plastique mais bio

 

Les chercheurs ont travaillé à transformer des déchets agricoles liquides, provenant de laiteries ou d’huileries, pour créer un biopolyestère et des déchets solides, dont la paille de blé pour obtenir des fibres ligno-cellulosiques. Le produit final est un matériau ressemblant comme deux gouttes d’eau au plastique mais totalement biodégradable. Un premier pas qui résonne comme un fol espoir.

« Depuis octobre dernier, le projet est devenu deux fois plus gros, avec un financement de 8 millions d’euros et 32 partenaires, dont 4 chinois, s’enthousiasme Nathalie Gontard. Nous allons poursuivre la démarche avec la valorisation de sarments de vignes. L’objectif est de trouver des solutions localement dans un contexte plus large de valorisation des déchets agricoles ». Bioénergies, biofertilisations, biomolécules, bioemballages... Remplacer le pétrole par des résidus agricoles au niveau local, une démarche qui va être expérimentée dans trois régions : Languedoc en France, Veneto en Italie et Bavière en Allemagne. « Il s’agit d’une démarche d’économie circulaire qui permettrait d’éviter d’épuiser les ressources et d’accumuler des déchets. Il serait possible de la mettre en place à grande échelle d’ici 2030 ».

Révolutionnaire, mais les industries, les pouvoirs publics, la population seront-ils prêts ? « Je pense que nous n’aurons pas le choix », répond Nathalie Gontard sans ambages.

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