dimanche 30 octobre 2016

Ynsect, la start up qui va nourrir les animaux avec des scarabées

Produire dans le Jura de manière industrielle des coléoptères Tenebrio molitor. Tel est le défi d’Ynsect. Les protéines produites seront dans un premier temps utilisées pour l’alimentation animale.

L'usine est en phase de démarrage. Sur Innovia, parc d'activité du Grand Dole (Jura), choisi pour le savoir-faire local en agroalimentaire et en robotique, la société implantée à Evry (Essonne) teste la production industrielle du coléoptère Tenebrio molitor. C'est le nom scientifique d'un scarabée sélectionné car ses larves représentent une bonne source en protéines et en lipides. Dans un premier temps, elles sont destinées aux fabricants de croquettes pour chiens et chats. « Nous avons déjà une forte demande, notamment d'un fabricant allemand de croquettes hypoallergéniques pour chiens, et nous devrons augmenter la production plus vite que prévu », se félicite Jean-Gabriel Levon, directeur des opérations et un des quatre cofondateurs d'Ynsect, en 2011, avec Antoine Hubert, Alexis Angot et Fabrice Berro.

Haute teneur en protéines

 

L'entreprise vise l'élevage et la transformation d'insectes à grande échelle, selon les technologies industrielles qu'elle a brevetées, pour les transformer en « molécules d'intérêt ». Estimé à 200 millions d'euros, le marché du « petfood » (alimentation des animaux de compagnie) est le premier visé. Dans un second temps, Ynsect vise celui des élevages de volailles et poissons, les protéines animales les plus consommées au monde.

Dans un futur plus lointain, ces larves seront transformées en aliments pour les humains. L'idée sous-jacente de cette aventure étant de « nourrir le monde », affirme Jean-Gabriel Levon. S'il le dit avec le sourire, l'ambition est réelle sur une planète qui comptera 9 milliards d'habitants en 2050.

Déjà consommé par l'homme

 

Le choix du coléoptère Tenebrio molitor n'est pas anodin : outre sa haute teneur en protéines et son absence d'historique de maladie, ce coléoptère est déjà consommé par l'homme dans certaines régions d'Asie. « Nous sommes convaincus que les insectes sont l'une des briques incontournables d'un système alimentaire plus durable », estime Antoine Hubert, président d'Ynsect, ingénieur agronome passionné d'agriculture urbaine.

Basée au genopole d'Evry,cluster des biotechnologies francilien, la société emploie près de 50 salariés, dont la moitié en R&D. Elle a développé plusieurs partenariats scientifiques, le dernier en date avec le Loewe Center Insect Biotechnology, en Allemagne, l'un des plus gros investisseurs publics de la recherche dans ce domaine.La start-up a investi depuis le départ 14 millions d'euros, dont la moitié issue de deux levées de fonds. Une grosse partie a été consacrée à Ynsite, le nom donné au démonstrateur jurassien de 3.000 mètres carrés livré cet été. Il emploiera une dizaine de personnes fin 2016 et, en validant la technologie, constituera l'étape intermédiaire entre le prototype de production, conçu en 2013, le pilote réalisé dans le Doubs en 2014 et les bioraffineries de grande capacité que les fondateurs imaginent construire dans les années à venir sur toute la planète. « Nous voulons montrer à nos futurs partenaires que nous maîtrisons le processus industriel. Nous produirons ici quelques centaines de tonnes par an, contre quelques milliers dans les usines réelles », pronostique Antoine Hubert.

                                                                                                                                Monique Clemens

                                                        Les Echos

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